Des élèves de Keranna mettent leurs compétences au service d’une personne handicapée

À l’Institut secondaire Keranna, les élèves de l’équipe l’Ultime 5528 ont surtout l’habitude de participer à des compétitions de robotique. Ils ont récemment relevé le défi de remplir une commande qui allait avoir un impact concret dans la vie d’un trifluvien se déplaçant en fauteuil roulant.

Ces élèves du secondaire ont conçu un support pour le bras robotisé du nouveau fauteuil d’Alain Gaudet, né avec la dystrophie musculaire et bien connu pour sa détermination et son association de longue date avec l’humoriste Mike Ward qui organise annuellement un spectacle-bénéfice en son honneur.

Une des deux responsables de l’Ultime 5528, Sonia Carier, enseignante en sciences et technologies et coach de robotique, raconte comment l’équipe a reçu cette demande.

« Un ancien élève de Keranna, maintenant ingénieur, est en contact avec M. Gaudet. Il connaît le programme FIRST, il sait qu’on a le mandat de faire de ce genre d’actions dans la communauté et il connaît bien la force de notre équipe. Il nous a contactés pour voir si ce mandat-là ça pourrait être dans nos cordes et si nos jeunes étaient intéressés à y répondre. »

Bien que la proposition arrivait en fin d’année scolaire après une importante compétition de robotique, de nombreux élèves ont manifesté leur intérêt de prendre part à ce projet qui contraste avec leurs préoccupations habituelles.

« C’est la première fois qu’on nous approche. C’était une belle opportunité: quelqu’un nous approchait avec un mandat quand même assez clair.  Pour les jeunes, c’était une première de pouvoir aller chez un client et de voir toutes les contraintes de ce qu’on devait produire pour voir à son confort. On avait un bras robotisé quand même assez lourd, on avait des contraintes de conception, de manipulation, pour pouvoir enlever et remettre le bras. On a dû faire une évaluation. Pour les jeunes, c’est un processus vraiment fort important. »

Alain Gaudet venait de changer de fauteuil roulant, ce qui a causé des inconvénients qui compromettaient son autonomie.

« Le support que la compagnie lui a proposé faisait en sorte qu’il ne pouvait plus passer dans les portes. Ce n’était pas le désir de M. Gaudet qui cherche à être très autonome dans son quotidien. Son bras robotisé lui donne cette opportunité. On a pensé à un design qui lui permet maintenant de passer dans les portes. Le bras est sur une sorte de penture. On a voulu qu’il y ait le moins de manipulation possible. Quand il doit, par exemple, aller dans son lit, il faut que le bras ait un certain dégagement. »

Les élèves ont pu prendre part à toutes les étapes du processus, comme s’ils faisaient affaire avec un client qui les engageait.

« On est allé voir Alain pour une première visite, prendre des mesures, regarder son besoin, raconte Martin Amyot, d’AGT Robotique et mentor à l’Ultime 5528 depuis 2015. Par la suite, avec les jeunes, on a fait des sessions de remue-méninges et de design préliminaire. On est retourné voir Alain pour lui présenter nos idées. Il était déjà enchanté, on a repris d’autres mesures plus finales de ce qu’on allait faire et on a terminé le concept. Les jeunes ont monté un prototype, il y a toujours des ajustements, puis les jeunes sont allés l’installer lors d’une dernière visite. »

« Les jeunes ont commencé par faire un dessin 3D des pièces, poursuit Mme Carier. On les a usinées à l’école. D’autres jeunes se sont joints à nous pour faire le montage du support. »

Quelques difficultés se sont présentées en cours d’exécution.

« On a dû trouver une manière d’installer le bras sur la chaise qui n’est pas de notre fabrication, s’arrimer avec les pièces qui sont directement sur la chaise et s’assurer que c’est sécuritaire pour M. Gaudet. On avait un petit pépin au niveau de l’attache qui s’ouvrait facilement. On a trouvé une façon simple avec une corde qui permet de sécuriser le tout. Il faut toujours penser que l’humain va le manipuler, il faut que ce soit simple pour qu’il puisse l’utiliser. On a des jeunes allumés qui ont trouvé des solutions rapidement. Ç’a été vraiment très formateur pour eux. »

Pour l’Ultime 5528, il s’agissait d’une rare occasion d’utiliser leur ingéniosité pour changer la vie de quelqu’un.

« Ce n’était pas juste de la compétition, ce n’était pas juste pour gagner des médailles. Pouvoir aider quelqu’un pour vrai dans son quotidien, ç’a vraiment donné beaucoup de fierté. Ils sentaient qu’il faisait une différence. Puis Alain, on le voyait, était très content. »

Pour Mme Carier, il ne fait aucun doute que la concrétisation de ce projet aura des répercussions positives.

« Une initiative comme celle-là va porter ses fruits. Ça donne la motivation à ceux qui l’ont vécu de vouloir en faire plus pour les prochaines années. Puis Alain a plein de projets. Il a dit: « Je vous laisse aller en vacances », mais j’ai l’impression qu’il pourrait nous trouver facilement des choses à faire! »