Contrer la violence conjugale, même au travail

Le ­Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a créé le programme ­Milieux de travail alliés contre la violence conjugale. Après avoir formé les intervenantes des maisons, c’est au tour de ces dernières d’aller dans les milieux de travail pour former les employeurs pour qu’ils puissent intervenir auprès de leurs employées.

Le 8 octobre dernier, une première entreprise de ­Trois-Rivières a reçu sa certification, soit le ­CPE ­Entre deux nuages.

«  ­On veut que les gestionnaires s’inspirent un peu du ­CPE ­Entre deux nuages qui a décidé d’adhérer à ­Milieu de travail allié. On aimerait que les syndicats et les entreprises adhèrent, nous contactent au ­Toit de l’amitié à ­La ­Tuque pour recevoir toute l’information pour protéger leurs employés, d’autant plus que c’est une obligation par la loi, d’offrir cette ­aide-là  », mentionne ­Karen ­Macdonald, agente de développement et sensibilisation au ­Toit de l’amitié, qui est aussi accréditée pour former les employeurs et les employées sur l’ensemble du territoire de la ­Mauricie pour que leur milieu de travail devienne allié contre la violence conjugale.

«  ­Il faut qu’on mette des choses en place en tant que gestionnaire, enchaîne ­Patricia ­Rouleau, directrice générale du ­CPE ­Entre deux nuages. C’était un des sujets présentés par notre mutuelle de prévention, alors on a fait des démarches en ce sens.  »

Mme ­Rouleau affirme d’emblée que le processus s’est facilement déroulé. Tout d’abord, elle a eu accès à une formation pour devenir une ­personne-ressource, avant d’offrir la formation à son équipe de travail afin de la conscientiser, elle aussi, sur ce qu’est la violence conjugale. Finalement, une politique en matière de violence conjugale a été adoptée et un plan d’accompagnement a été mis en place.

L’importance des milieux alliés

Karen ­MacDonald explique qu’une femme sur trois vivra de la violence conjugale au cours de sa vie. De plus, ce sont 71 % des employeurs qui ont déjà vécu une situation où ils devaient protéger une victime de violence conjugale sur le lieu de travail.

Pour devenir un allié, il est essentiel de reconnaître les manifestations de la violence conjugale et de comprendre ses conséquences. «  ­Il y a de la violence psychologique, verbale, économique, sexuelle, sociale. Il y a du contrôle coercitif, aussi  », explique ­Mme ­MacDonald. Le contrôle coercitif survient lorsque l’agresseur régule et surveille les activités quotidiennes de sa conjointe et de ses enfants, et que ce contrôle continue de s’exercer même en son absence.

«  C’est très important pour la femme de conserver son emploi, car il s’agit de son indépendance financière. Cependant, les employeurs ne savent pas toujours ce qu’une femme vit, ­explique-t-elle. Elle risque même d’être congédiée plutôt que d’obtenir le soutien dont elle a besoin.  »

Car derrière une employée toujours en retard, qui est souvent dans la lune, qui n’est pas concentrée et qui peine à accomplir son travail se cache ­peut-être de la violence conjugale, et ce sont des indices qui gagnent à être reconnus en milieu de travail. Face à certains de ces comportements, les collègues de travail pourraient même avoir tendance à juger la personne comme étant négligente, peu sociable ou paresseuse.