« Ça change toute sa vie »

Il y a un an, Joannie et Nancy ont accueilli un jeune garçon de 9 ans ayant une déficience intellectuelle dans leur maison. En intégration progressive à partir du 15 décembre 2022, il a emménagé officiellement le 27 janvier. Elles parlent de lui avec des étoiles dans les yeux, fières de le voir s’épanouir à une vitesse folle depuis quelques mois.

« On voit une grosse évolution depuis son arrivée, lance Joannie. On constate à quel point ça change sa vie depuis qu’il est ici. Il a évolué dans tout: le langage, il a appris à patiner et à nager, il est rendu propre la nuit… On a vu une grosse explosion dans son évolution », raconte Joannie. 

« Physiquement aussi! », fait remarquer Nancy en riant en mentionnant l’impressionnante poussée de croissance du jeune garçon dans les derniers mois. Et plus sérieusement: « À son arrivée, il parlait comme un enfant d’un an. Depuis, il a appris l’alphabet, il reconnaît les lettres. Il commence à faire de petites phrases. Il compte maintenant jusqu’à 30 alors qu’il comptait à peine jusqu’à 10 en décembre dernier. »

Le garçon se trouvait auparavant dans un foyer de groupe. Le couple a pu constater que la stabilité d’une vie de famille a eu du bon sur lui. « C’est plus stable, plus normalisant. On est dans une relation de famille. Ça a répondu à un besoin affectif aussi. Il a la possibilité d’être toujours dans le même milieu. On l’a accueilli comme s’il était notre enfant. Alors il appelle nos parents mamies et papys, il nous appelle maman », souligne Joannie.

L’intégration aurait pu être plus difficile dans la mesure pour le garçon avait également un trouble de l’attachement faisant en sorte qu’il aurait pu craindre de s’attacher trop rapidement.

« Au début, tous les jours, il nous disait:  »ici pour la vie ». Et on lui répondait que oui. Maintenant, il n’en parle plus du tout. Il s’est intégré. On sent qu’il a confiance en nous, mentionne Joannie. Il est rentré dans la famille comme s’il avait toujours été là. Il n’y a rien eu de forcé. Ça s’est fait naturellement. »

Des milieux d’accueil recherchés

Il y a actuellement 649 enfants ou des adultes ayant une déficience intellectuelle (DI) ou avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) qui sont hébergés dans 173 ressources de type familial pour personnes DI-TSA  en Mauricie et au Centre-du-Québec.

« Ce sont en majorité des adultes. La plupart d’entre eux sont restés à leur domicile une grande partie de leur vie. Les parents s’occupent d’eux pendant l’enfance et quelques années à l’âge adulte. Après, il y a une transition vers un milieu d’hébergement, que ce soit par choix familial pour parce que, lorsque les parents vieillissent, ça devient plus difficile de s’occuper de la personne », explique Kellie Forand, agente de communication au CIUSSS MCQ.

Le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec est à la recherche de personnes désirant accueillir des enfants ou des adultes ayant une DI ou avec un TSA dans leur foyer.

Il faut dire que les besoins seront importants d’ici quelques années puisque plusieurs responsables de ressources de la région prendront leur retraite.

« Ce sont 50% des responsables de ressources de type familial pour personnes DI-TSA qui ont plus de 60 ans. Ce sont des personnes extrêmement dévouées depuis des années qui, dans les prochaines années, risquent de prendre leur retraite. On veut bien prévoir de la relève », précise Mme Forand.

Les ressources offrent des services de base tel que le gîte et le couvert, des services de soutien et d’assistance et collaborent également à l’atteinte des objectifs prévus au plan d’intervention de l’usager.

Faire la différence

Pour Joannie et Nancy, accueillir un jeune enfant ayant une déficience intellectuelle a aussi répondu à leur désir de fonder une famille. « Ça change toute sa vie qu’il soit dans une famille d’accueil comme la nôtre. Il s’est développé d’une façon qu’on aurait cru que ça aurait pris plusieurs années. Et puis, ça change notre vie aussi. Les milieux d’accueil pour les personnes DI-TSA servent à quelque chose. Ils ne sont pas là seulement pour offrir un toit. Ils offrent de l’amour et une stabilité », note Joannie. 

Les personnes intéressées à devenir une ressource de type familiale sont d’abord rencontrées afin d’évaluer les conditions gagnantes pour faire un bon jumelage.

« C’est un cheminement qui est personnalisé. On commence par parler à la personne pour voir ce qui l’intéresse et on l’accompagne pour bien faire comprendre en quoi ça consiste, détaille Kellie Forand, du CIUSSS. C’est engageant comme démarche, mais on les accompagne bien durant tout le processus. On établit un profil d’usager pour s’assurer d’un bon jumelage. Même quand une ressource accueille plusieurs usagers, ça reste un milieu familial. L’objectif est de leur offrir un chez-soi et de recréer l’esprit d’une maison. »

« C’est d’y aller en fonction de ce qu’on est capable d’offrir également, insiste Joannie. Ça fera en sorte de vivre de beaux succès et, au besoin, il y a des gens qui sont là pour aider parce qu’il y aura des moments plus difficiles aussi. Ce n’est pas toujours rose. Il y a du beau, mais c’est déstabilisant aussi. Mais on a du soutien. »

En ce moment, une quarantaine de personnes sont en attente d’être hébergées. Les plus grands besoins sont à Drummondville et à Trois-Rivières.

Pour en savoir plus sur le processus pour devenir une ressource de type familial pour personnes DI-TSA: ciusssmcq.ca/rtf-ditsa.