Assemblée publique pour la Halte-douceur: Point de rue « fait partie de la solution »

L’assemblée publique au sujet de la Halte-douceur n’aura attiré qu’une poignée de citoyens mardi soir à l’hôtel de ville de Trois-Rivières. Ils étaient une dizaine venus proposer des suggestions ou raconter les inconvénients qu’ils ont vécus l’hiver dernier.

Même le conseil municipal ne comptait que trois représentants pour entendre ce qu’avait à dire la population à propos du refuge pour personnes en situation d’itinérance mis en place en décembre sur la rue Royale.

Trois responsables de l’organisme Point de rue étaient présents dans la salle et apportaient des réponses aux inquiétudes ou aux propositions des résidents.

Le maire suppléant et conseiller du district de Sainte-Marthe, Daniel Cournoyer, présidait la rencontre. Il a expliqué le processus choisi par la Ville, qui a abandonné un projet de règlement de changement de zonage, préférant adopter un projet de type PPCMOI (projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble) qui permet d’autoriser un tel refuge en ciblant un bâtiment.

« Ce type d’usage est toujours sensible dans tous les milieux où il a été ajouté. Des services doivent cependant être donnés aux endroits où se situe la clientèle et dans ce cas il s’agit de la zone commerciale du centre-ville. On pourrait le mettre dans une zone industrielle, mais ils n’iront pas. C’est ici qu’est la clientèle. »

« La modification est adoptée par le conseil suivant une recommandation favorable du comité consultatif d’urbanisme formé de quatre élus et de cinq citoyens, a précisé la cheffe de service, Planification et urbanisme, Myriam Lavoie. C’est un usage qui est nécessaire dans le contexte actuel. »

Un citoyen a voulu savoir si la Ville avait étudié d’autres options ou évalué la possibilité de localiser la Halte-douceur dans d’autres bâtiments. Il a raconté avoir suggéré un immeuble voisin de Point de rue, coin Laurier et Royale, qu’a visité le directeur de l’hébergement chez Point de rue, Jean-Félix R. St-Germain.

« Ç’aurait été une bâtisse intéressante, mais son infrastructure était deux fois moins grande que la bâtisse qu’on utilise. Son occupation disponible fait moins de 3 000 pieds carrés et l’hiver passé on utilisait pratiquement 4 800 pieds carrés. Ça prend des installations sanitaires que la bâtisse n’avait pas. »

Un résident s’est inquiété de la possibilité que la Halte-douceur puisse être en activité douze mois par année.

« Présentement, Point de rue n’a pas le financement pour faire la Halte-douceur, a révélé le président du conseil d’administration, Michel Byette, on a fait une demande. Notre seule préoccupation c’est de pouvoir tenir une Halte-douceur avec plus de sécurité à l’extérieur, avec une meilleure insonorisation, etc. On ne fera pas une Halte-douceur aux mêmes conditions qu’on l’a fait dans le passé. »

En dehors de la période hivernale, une Halte-répit prendrait le relais en permettant aux itinérants d’y passer une heure et demie par jour et d’avoir un endroit où se laver, notamment.

« C’est un de nos projets, il est dans notre tête, mais il n’a pas été déposé encore. »

Le directeur général adjoint de Point de rue, Pier-Olivier Gravel, a tenu à préciser que la vision de l’organisme va au-delà d’un refuge d’urgence. Il a donné en exemple l’atelier de sérigraphie que l’organisme opère dans ses locaux sur la rue Laurier.

« S’il est appelé à grossir, il pourrait y avoir un point de service dans ce local-là (sur la rue Royale) qui est nettement plus grand. Évidemment que la dimension cohabitation est fondamentale et c’est pour ça qu’on veut y intégrer nos espaces où on favorise l’inclusion sociale. Il y a plusieurs aménagements qu’on anticipe mais qui pour l’instant sont des souhaits tant qu’on n’a pas de liberté d’action pour la bâtisse. »

Il a aussi répondu à différentes situations problématiques rapportées par des voisins de la Halte-douceur concernant « des incivilités, du vandalisme, des déchets ».

« On ne nie pas les préoccupations que les citoyens peuvent nommer et nos efforts sont dans une optique de favoriser le sentiment de sécurité de tous. Offrir un espace où ces gens-là peuvent être hébergés, encadrés, avec la présence de nos intervenants dans la mesure que le financement nous permet de le faire. C’est davantage sécurisant pour la collectivité si on est en mesure de prendre soin de ces gens-là qui, oui, peuvent avoir des enjeux de santé mentale et de consommation mais qui autrement vont être laissés à eux-mêmes dans nos rues. »

Plusieurs résidents présents ont convenu qu’il « faut faire quelque chose » face à l’itinérance et que Point de rue « fait un bon travail » et « fait partie de la solution ».

Le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, était l’un des trois membres du conseil présents à l’assemblée.

« Le premier constat, c’est qu’on n’a pas tous la même compréhension de l’enjeu de l’itinérance. Le président de Point de rue dit que s’il y a un comité, ils vont s’impliquer. Je souhaite qu’il y en ait un parce que le comité a un objectif de s’ajuster, de travailler à améliorer les choses. Même si ce n’est peut-être pas le bon emplacement pour eux, au moins, est-ce qu’on peut leur donner l’occasion d’améliorer et d’échanger? »

Il ne cachait pas sa déception de voir ses collègues du conseil si peu nombreux autour de la table.

« Vu la faible présence d’élus, je trouve ça dommage, ne serait-ce que symboliquement. Moi, je n’ai pas pris la parole, j’étais là. C’est important. J’ai ça dans mon district, cet enjeu-là, et je souhaiterais avoir l’appui du conseil. Je le sollicite, mais ça tarde à venir. C’est aux politiques de faire le pont entre les organismes et d’assumer qu’il y a des enjeux, au moins qu’on assume qu’on a un rôle à jouer. Mais néanmoins, je suis content que les citoyens puissent s’exprimer. »

À la séance publique du conseil municipal la semaine prochaine, la modification réglementaire devrait, selon toute vraisemblance, être adoptée.

« La suite des choses? Je vais toujours demander au conseil d’essayer d’impliquer les citoyens. J’ai ce désir-là. Je vais en faire part au conseil, mais s’il ne le fait pas, je vais le prendre sur moi, je vais travailler avec Point de rue. Parce que de toute façon, les citoyens autour cet hiver, c’est moi qu’ils vont appeler. Je trouve que c’est un enjeu de Ville. Si la Ville ne réagit pas de façon adéquate, je vais le prendre sur moi. Mais le jour où l’élu ne sera plus là, qui va le faire? Pour moi, ma job, c’est de ne pas être indispensable. »