André Lapointe raccroche son volant
André Lapointe a toujours caressé le rêve de devenir pilote automobile. Sa passion étant plus forte que tout, il est devenu équipier de pilote pendant plusieurs années. Puis en 2018, les étoiles se sont alignées pour que son rêve de longue date puisse enfin se concrétiser.
« Mon père a fait du stock-car et de la course de motos lorsque j’étais très jeune. C’est lui qui m’a initié, se souvient-il. Il m’amenait au Grand Prix de Trois-Rivières (GP3R), mais j’ai commencé à jouer au hockey alors je ne pouvais plus aller au Grand Prix parce qu’il avait lieu à l’automne et on était en camp d’entraînement. Mais la course automobile a toujours été là quand même, dans ma tête, comme un rêve. Puis en 1991, j’étais au Grand Prix avec un ami d’enfance, Claude Masson, et un autre gars, et je leur ai dit que l’année prochaine, on serait sur la piste. On ne connaissait rien sur la procédure ni les coûts. »
« On a fait des recherches et il me fallait suivre un cours de pilote. Je me suis inscrit j’ai reçu le certificat émérite parmi les dix gars qui étaient là alors ça me certifiait que je n’étais quand même pas si pire! (rires) Ça donnait l’opportunité de graduer avec la série Formule 2000, mais c’était dispendieux et ça ne me m’intéressait pas. Tout ce que je voulais, c’était mon permis. Ensuite, on s’est mis à la recherche de commanditaires, mais je n’étais pas connu et je n’avais pas de réseau de contacts. Je voulais acheter un char et courir toute l’année, mais c’était entre 25000$ et 30000$ d’investissement alors on a réalisé que ça s’arrêtait là. Mon chum Claude, lui, était commerçant alors il a réussi à se faufiler et je l’ai suivi comme équipier. »
L’aventure de la Nissan Micra
De nature fonceur et déterminé, André ne s’arrêtera pas là. Quelques années plus tard, c’est aux côtés de l’ancien joueur de la Ligue nationale de hockey (LNH), Marc-André Bergeron, qu’il allait se retrouver.
« C’était un ami de longue date et je lui ai dit que je voulais être son équipier et que je pouvais l’aider en entre-saison parce que lui partait jouer dans la LNH pendant l’hiver. Cette belle aventure-là a duré cinq ans et là, en étant à l’interne d’une équipe, j’ai compris ce que ça prenait pour avoir une équipe et je me suis créé un réseau dans le monde automobile. En 2017, Évelyne Beaudoin, ma conjointe, est revenue de son travail et elle m’a dit que Marc Héroux cherchait de l’aide. Il voulait rejoindre la nouvelle série Nissan Micra et il m’a dit qu’il avait acheté deux voitures alors durant l’hiver, on a travaillé sur les deux chars. Puis un soir, j’étais assis dans le banc du pilote et j’ai eu une vision! J’ai appelé Évelyne pour lui dire que j’allais demander à Marc pour piloter sa deuxième voiture. De fil en aiguille, il me l’a vendu à bon prix! »
Le Trifluvien a ensuite contacté Jacques Deshaies, le fondateur de la série, pour en connaître davantage sur la procédure à suivre.
« J’ai trouvé quelques partenaires financiers et j’avais dit à ma blonde que j’allais faire une ou deux courses, dont Trois-Rivières. J’ai eu la licence après avoir fait un examen à Mont-Tremblant et ensuite, Jacques m’a demandé où je voulais courser. Il m’a conseillé une course avant Trois-Rivières alors je me suis inscrit à Mont-Tremblant. Je suis arrivé là-bas et je ne voulais pas finir dernier, mais il y avait beaucoup de pilotes. J’ai ramené la voiture en bon état », raconte-t-il.
« Ensuite, il y a eu Trois-Rivières, alors c’était magique. J’étais excité! J’ai coursé devant mes proches et c’était magique. À l’automne, ma blonde m’a demandé quelle serait la suite? Mon chum m’avait dit que c’était dur d’y arriver, mais que c’était encore plus dur d’en repartir. C’était comme une drogue. C’était mon rêve depuis les années 90 et je venais de le réaliser, à Trois-Rivières! »
Vous aurez compris que l’été suivant, André était de retour à bord de sa voiture pour entamer la deuxième saison de sa jeune carrière.
(Photo courtoisie)
« Durant l’hiver, j’avais vu un pilote qui s’était monté une équipe avec des jeunes en difficulté pour leur faire découvrir une passion et dans ma tête, je me suis dit que ça serait le fun de faire ça. Je suis allé voir Dominic [Fugère, le directeur général du GP3R] et je lui ai dit que je travaillais au Centre jeunesse de la Mauricie/Centre-du-Québec. Je lui ai expliqué que je voulais les inviter à faire une journée complète sur le site et on leur a fait vivre une journée de rêve, en leur faisant voir la passion de la course à l’interne et comment ça se passe. C’était un beau lien entre ma profession et leur faire découvrir qu’on peut avoir des buts et des passions, et qu’on peut toujours y arriver. Je leur expliquais que j’ai toujours poursuivi, à 50 ans, ce dont je rêvais à 20 ans », confie celui aura intervenant jeunesse pendant 35 ans.
« On n’a pas pu le répéter par la suite parce que j’ai pris ma retraite comme intervenant, mais ç’a avait été une très belle expérience, ajoute-t-il. J’ai continué en piste pendant quatre autres années. Sur mes six années de courses, j’ai fait quatre ans à temps plein. C’était six belles années et je n’aurais pas pu y parvenir sans l’appui de ma conjointe actuel et de mon garçon. Ils aimaient ça, mais c’était ma passion à moi. Mais là, le temps était venu de me retirer parce que c’est beaucoup de travail et beaucoup de temps investi. Mon garçon est rendu à 12 ans et on va aller passer du temps en famille. Ç’a été le fun et j’ai quand même fait deux podiums au Grand Prix à Trois-Rivières! J’ai aussi réussi une quatrième place le week-end où mon père est décédé, à l’hôpital non loin du circuit. Il m’avait dit qu’il était pour me regarder par la fenêtre. »
La retraite des courses
Lorsque la série Nissan Micra est devenue la Coupe Nissan Sentra, le vétéran pilote a continué de courser en Micra, pendant une saison, avant de faire le saut en Sentra la saison suivante. À saison dernière saison en Micra, il a pris le 6e rang du classement général avec 298 points. Pour sa dernière saison (et sa seule en Sentra), il a cumulé 164 points de classement en sept épreuves.
« J’étais censé me retirer la saison dernière, mais j’ai appelé une personne qui me suivait et il m’a dit oui, alors j’ai renouvelé certaines commandites et je suis allé en chercher d’autres. Il a voulu me suivre toute la saison, sinon, je ne serais pas revenu. Ça m’a permis de vivre une saison en Sentra, mais là c’est le temps de se retirer. Je suis serein avec ma décision et je suis content. »
André Lapointe se dit fier d’avoir réussi à vivre son rêve grâce à sa persévérance et de l’acharnement.
« Je suis même devenu un meilleur conducteur à cause de la course automobile. Je me dois aussi de remercier tous les gens qui ont travaillé avec moi et ceux qui m’ont soutenu pendant ces années-là, parce que ça demeure un travail d’équipe et on a besoin de commanditaires. Je n’ai jamais abandonné même si ce n’est pas toujours facile. On a eu des mésaventures qui font en sorte que tu as juste le goût de mettre la voiture dans la remorque pour rentrer à la maison, c’est sûr. Mais en fin de compte, c’est une très belle aventure », conclut-il.