Accident de travail sur le chantier de la Maison des aînés: un mauvais entretien des ponts modulaires en cause

Une inspection et un entretien déficients des ponts modulaires utilisés par cinq travailleurs de l’entreprise Maçonnerie Gervais et Associés inc. est à la source de l’accident de travail survenu sur le chantier de la Maison des aînés de Trois-Rivières le 28 février 2024.

Les travailleurs se trouvaient sur une structure composée de cinq ponts modulaires et s’affairaient à poser des briques sur un mur extérieur du bâtiment en construction. Cette structure, appelée pont en appui, était supportée par deux échafaudages à tour et à plateforme motorisés.

Au moment où les cinq maçons étaient simultanément sur le pont en appui, à environ 7,5 m du sol, les tubes métalliques qui composaient les membrures inférieures d’un des ponts modulaires ont cédé en raison, notamment, de leur état de corrosion. Cela a entraîné l’effondrement de la structure et la chute des maçons.

C’est la rupture des membrures inférieures du pont modulaire P-1 qui a entraîné l’effondrement. La force de traction exercée sur les membrures inférieures du pont modulaire P-1 a excédé leur résistance, qui a été considérablement réduite sous l’effet de la corrosion avancée des profilés d’acier.

Les membrures concernées présentaient un état de corrosion avancé.

« Visuellement, on pouvait voir que la structure était ravagée par la corrosion. L’épaisseur était vraiment amincie et il y avait des perforations. La seule façon de voir comment ça avait affecté l’épaisseur des membrures était de réaliser un contrôle par ultrason. Les quatre membrures impliquées présentaient une épaisseur variant entre 0,85 mm et 2,1 mm. Le fabricant exige que l’équipement soit mis hors service lorsque l’épaisseur atteint 2,5 mm, alors qu’à l’origine, l’épaisseur est de 3,175 mm », explique Steve Laperle, inspecteur responsable de l’enquête.

Les membrures ont été fabriquées en 2022. Le fabricant recommande une inspection à ultrason après 10 années d’utilisation.

(Photo CNESST)

« Aucun test à ultrason n’avait été réalisé sur les membrures. Des inspections et des réparations ont été faites, mais elles n’ont pas été documentées et n’étaient pas conformes aux normes du fabricant », précise M. Laperle.

À la suite de l’accident, la CNESST a exigé du maître d’œuvre du chantier de construction, EBC inc., et de l’employeur, Maçonnerie Gervais et Associés inc., qu’ils sécurisent les lieux. Après la réception d’une procédure signée et scellée par un ingénieur transmise par l’employeur, la CNESST a autorisé le démantèlement des échafaudages à tour et à plateforme motorisés ainsi que des ponts modulaires impliqués dans l’accident, puis a interdit leur utilisation.

À la suite de la réception des rapports d’inspection visuelle et structurale transmis par l’employeur, la CNESST a autorisé l’utilisation des équipements, mais a rendu permanente l’interdiction d’utiliser trois ponts modulaires.

La CNESST rappelle l’importance de planifier et d’effectuer des inspections conformément aux instructions du fabricant et aux modalités prévues dans le Code de sécurité pour les travaux de construction, s’assurer que tout échafaudage à tour et à plateforme motorisé est installé conformément aux plans de l’ingénieur ou au manuel du fabricant et de cesser l’utilisation et apporter les correctifs conformément aux procédures prévues par le fabricant lorsque les inspections démontrent une anomalie en lien avec des soudures et/ou des pièces portantes.

Les services juridiques de la CNESST analysent présentement s’il y a matière à infraction ou non dans le dossier. Si oui, les amendes pourraient varier entre 2000$ et 80 000$ selon l’article de loi en cause.