20 ans pour le seul gymnase adapté en Mauricie

Adaptaforme, le seul centre de conditionnement physique adapté en Mauricie, a récemment célébré son 20e anniversaire. Au fil de ses deux décennies d’existence, on estime que 500 personnes ont pu bénéficier des services et équipements à la disposition des personnes vivant avec un handicap ou une difficulté motrice, pour qui la forme physique représente un facteur important du maintien d’une certaine autonomie.

Le kinésiologue Martin Fiset, vice-président du conseil d’administration, a cofondé le centre en 2004.

« On a décidé de créer l’organisme parce qu’on trouvait qu’il n’y avait pas de place à Trois-Rivières, en Mauricie, pour les gens qui ont une situation de handicap pour avoir des services personnalisés et plus appropriés. Le cofondateur, François Dubois, est très impliqué dans d’autres organismes avec les personnes handicapées. Lui aussi voyait bien ce besoin-là pour les personnes handicapées de se maintenir actif et de garder leur autonomie. On a créé un OSBL. On a réussi à le faire fonctionner à partir de subventions qui venaient principalement de l’Unité régionale de loisir et de sport. J’avais demandé au directeur général du centre de réadaptation s’il était prêt à égaler la mise pour pouvoir acheter l’équipement. »

Adaptaforme est installé à même les locaux du Service de réadaptation en déficience physique, anciennement le Centre Interval, au Centre multiservices de santé et de services sociaux Cooke. Du lundi au jeudi de 16 h à 19 h, les membres viennent d’entraîner sous la supervision de kinésiologues qui leur conçoivent des programmes d’exercices adaptés à leur condition.

« Le CIUSSS met le local à notre disposition. L’Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées nous a subventionné. Il y a beaucoup d’équipements qu’on a achetés récemment grâce à ces subventions-là. Il y a aussi la Fondation Interval et le Fonds d’aide des bingos de Trois-Rivières. »

Le centre de conditionnement physique compte actuellement plus de 80 membres. Différents types de clientèles peuvent bénéficier des installations du gymnase adapté.

« La plupart viennent de Trois-Rivières, mais c’est offert à toute la Mauricie. Il y a une clientèle qui est issue de la réadaptation qu’on fait dans le jour. La suite logique de ça, c’est qu’ils ont beaucoup d’acquis qu’ils ne veulent pas perdre après, il veulent se garder actifs. Il y en a qui ont des handicaps qui datent de la naissance, ou d’événements qui sont arrivés, qui n’ont pas eu nécessairement de réadaptation. C’est ouvert à eux aussi. Depuis quelques années, on a des gens qui ont une déficience intellectuelle qui viennent. On a ouvert un créneau plus large, on a une clientèle de plusieurs horizons. »

Pour ces personnes, l’entraînement n’est pas seulement une activité de loisir mais bien une façon de demeurer autonome.

« Pour une personne en situation de handicap, ce n’est pas seulement pour être en forme. On touche la condition physique, la santé, mais surtout l’autonomie. On le voit avec les gens qui s’absentent de l’entraînement. On a juste arrêté deux semaines pendant la période des fêtes, puis je me suis fait dire que ça paraît à la maison. Ç’a un impact sur l’autonomie des gens. »

L’exemple de Marc

Marc Bélanger s’entraîne chez Adaptaforme et siège au conseil d’administration de l’organisme. Il y a dix ans, il a reçu un diagnostic de myélite sarcodique à la moelle épinière.

« Une sarcoïdose, c’est un foyer d’infection qui ressemble à des tumeurs. Ça part, ça revient. J’ai eu un œdème dans la colonne vertébrale. J’ai été quatre mois à l’hôpital et un an en interne, dans un lit. Quand je suis arrivé ici, je bougeais mon bras juste assez pour peser sur le bouton. La machine me permettait, avec mes bras, de faire bouger mes jambes. C’est revenu tranquillement. Les médecins disaient que je n’allais plus marcher. Et là, je marche. »

Marc Bélanger s’entraîne et siège au conseil d’administration d’Adaptaforme, cofondé par le kinésiologue Martin Fiset. (Photo Stéphane Laroche)

« Il y a une partie de l’adaptation qui se fait ici, ajoute Martin Fiset. Quand les gens sortent de l’hôpital et qu’ils ne sont pas assez autonomes pour retourner à domicile, ils viennent ici. C’est une unité de rétention fonctionnelle intensive. Ils ont beaucoup de thérapies, ergo, physio, kinésio, pour aller chercher l’autonomie. Marc est passé par là. C’était une maladie plus rare. Ça sortait du cadre ordinaire. Habituellement, les gens restent de quatre à huit semaines. Il y a des cas où ça exige qu’ils restent plus longtemps. »

Lorsque Marc a reçu son diagnostic, sa vie a basculé.

« Le gros de la patente, c’est la résilience. J’avais 54 ans, nos enfants étaient grands, on commençait à vivre notre pré-retraite, je faisais de la moto. Puis là, boum, ça arrive. Martin, quand il a pris charge de moi, il m’avait donné un cahier de tous les services que je pouvais avoir. On a regardé tout ça, parce que c’était nouveau. Il a fallu que je déménage, que je fasse adapter ma maison. Les ergos m’ont aidé à faire le plan pour bénéficier du Programme d’adaptation de domicile. On a eu un service impeccable. Aussi, j’ai pu reprendre la conduite automobile. »

« Marc parle de résilience, mais une des valeurs qu’on vit ici, c’est qu’il y a beaucoup de solidarité entre les gens, il y a beaucoup d’entraide. La résilience, c’est de voir que tu es encore capable de faire des choses comme les autres. Les gens qui viennent ici, ils s’aident, ils se parlent, ils se comprennent. »