Rencontre avec une icône du football
On peut le qualifier de véritable monument, voire de meuble au sein du club de football des Diablos du Cégep de Trois-Rivières. Vous l’avez sans doute déjà deviné, il s’agit de l’entraîneur-chef Martin Croteau qui fête cette année son vingtième anniversaire dans l’organisation.
L’histoire d’amour entre «coach» Croteau et le club du cégep ne date pas d’hier. Elle a débuté au milieu des années 80 lorsqu’il portait les couleurs des diables rouges de 1984 à 1987 dans les positions de joueur de ligne et de secondeur.
Après un stage universitaire avec Concordia, il s’implique dans le football scolaire avant de joindre les rangs du personnel d’entraîneurs des Diablos, en 1993, dans le rôle d’entraîneur de la ligne défensive puis de coordonnateur défensif. En 1998, il se voyait confier le mandat de diriger la formation. Il faut croire que la décision des dirigeants était la bonne puisque le club a remporté cinq Bols d’Or de 2001 à 2006.
Au cours de sa carrière, «coach Croteau» a vu un nombre incalculable de situations se produire devant ses yeux. L’Hebdo Journal a rencontré ce véritable icône du football trifluvien pour en savoir davantage sur celui qui dirige les Diablos depuis 15 ans.
En 20 ans de carrière au sein des Diablos, quel a été votre moment le plus marquant?
«C’est certainement le premier Bol d’Or que j’ai gagné en 2001. Ça a fait du bien. J’y étais allé en 1993, 1995 et 2000, mais nous avions perdu les trois fois.»
Quelle a été votre plus grande déception?
«De perdre au Bol d’Or en 2000 à ma première présence comme entraîneur-chef. Nous avions une bonne équipe et nous avions tout fait pour gagner. Il arrive des choses dans un match et ça a été un petit peu plus compliqué. Les déceptions sont également là toutes les fois que tu ne gagnes pas et que tu ne continues pas la saison.»
D’où vous vient cette passion pour le football?
«Comme tous les jeunes de mon âge, j’ai commencé par le hockey. Par la suite, je suis allé au Séminaire et c’est là que j’ai débuté le football sur l’heure du dîner puis avec le Vert et Or. Avant, il n’y avait pas de benjamin ni de cadet, si tu jouais au football c’était avec la grosse équipe, les juvéniles. De fil en aiguille j’ai toujours poursuivi jusqu’à ce que j’arrive ici.»
Quel est votre modèle d’entraîneur?
«C’est un peu difficile de donner un modèle d’entraîneur dans la Ligue nationale de football, car c’est leur gagne-pain et l’enjeu est différent. Toutefois, si j’en avais un, ce serait Bill Parcells. Ce dernier a déjà entraîné les Giants de New York. Ce sont davantage les gens qui m’ont déjà entraîné qui me servent de modèles comme Gilles Doucet, Jean Boutet, André Deshaies et Bernard Millette. Tu prends un bout de chacun et tu bâtis quelque chose.»
Quelles sont les qualités nécessaires pour devenir un bon entraîneur?
«Il faut tout d’abord aimer les jeunes, être attentif, être à l’écoute, mais surtout être présent. C’est bien beau d’avoir toutes les qualités, mais si l’entraîneur n’est pas là, il ne peut pas enseigner. Bref, même si les connaissances sont limitées, c’est la présence qui prime sur tout.»
Quels sont les meilleurs joueurs que vous avez entraînés?
«Le meilleur est sans aucun doute le porteur de ballon Jean-Michel Paquette, car il a réécrit le livre des records de la ligue à sa dernière année. C’est difficile d’oublier ça. Toutefois, à l’attaque, j’en ai eu quelques bons comme Dominic St-Louis, Charles-Antoine Sinotte, Simon Lemieux, Jonathan Gouin et Marc Charrette. Ce sont tous des joueurs qui ont été marquants à leur époque. En défensive, Maxime Gagné a été excellent, car il faisait tout sur le terrain. Étienne Légaré, Miguel Robédé et Nickolas Morin-Soucy en sont d’autres qui m’ont marqué. Nous avons toujours eu des joueurs de talent.»
Quel joueur représente la plus belle surprise?
«C’est Étienne Légaré, car il n’avait jamais joué au football avant d’arriver ici. Pour nous, il était un projet-découverte. Ensuite, il s’est dirigé à l’Université Laval pour jouer avec le Rouge et Or et on connaît la suite. Il a été repêché au second rang par les Argonauts de Toronto de la Ligue canadienne de football en 2009.»
LE moment le plus mémorable de toute l’histoire du football?
«J’en ai quatre! Ce sont les quatre conquêtes du Superbowl par les Giants de New York dont deux contre les Patriots.»
Croyez-vous au retour du football à l’Université du Québec à Trois-Rivières?
«Je ne voudrais pas être rabat-joie, mais le football universitaire québécois actuel fait en sorte que ce serait très difficile si une septième équipe s’insérait dans la ligue. Il y avait une case avant que Sherbrooke et Montréal arrivent, mais là ça prendrait réellement quelque chose qui nous démarquerait pour attirer les joueurs de football francophones. Nous n’avons pas une très grosse université. Oui, il y a beaucoup de programmes, mais est-ce suffisant pour être compétitif au niveau québécois? J’en doute! Deuxièmement, ça prend des ressources importantes. C’est un pensez-y-bien, car si on se lance dans l’aventure ce n’est pas pour quatre ans.»
Qu’est-ce qui vous anime, encore aujourd’hui, dans l’entraînement du football?
«C’est le plaisir d’être ici, avec mon groupe d’entraîneurs et de partager ma passion avec les jeunes.»