Tué pour avoir exprimé son opinion

Le ton a beau avoir monté durant la crise étudiante au Québec, personne n’a sorti une arme de sa poche pour imposer son point de vue. Ou éliminer carrément l’interlocuteur. Ce n’est pas toujours le cas ailleurs sur la planète.

C’est vrai qu’au Québec, des attentats ont été commis envers les journalistes Michel Auger et Jean-Pierre Charbonneau, mais c’était davantage un travail de bras pour tenter d’éliminer ou d’intimider un obstacle qu’un différent en matière d’opinion.

Il n’y échappe plus

Le 22 mars 1934, le journaliste croate Toni Slegl revient chez lui après sa journée de travail au journal. Sa tête a été mise à prix et il le sait. Jusqu’ici, il a réussi à déjouer ses ennemis. Mais ce soir-là, deux hommes l’attendent, cachés dans l’ombre.

Directeur du quotidien Novosti à Zagreb en ex-Yougoslavie, Slegl écrit régulièrement des éditoriaux en faveur de la coexistence pacifique entre Serbes et Croates. Dans les années 1930, Serbes et Croates vivaient regroupés au sein du Royaume de la Yougoslavie.

Selon les historiens, les Serbes ont fini par dominer les Croates, cherchant à les réduire à un statut de minorité. Mais le journaliste Slegl croit qu’il est toujours possible de changer la mentalité des Serbes et il ne se gêne pas pour l’écrire dans son journal.

Par contre, un noyau de Croates réclame l’indépendance à tout prix. Ce sont les Oustachis, une organisation révolutionnaire qui prône la violence sous toutes ses formes : bombes, assassinats, intimidation auprès des Croates pour obtenir du financement.

Le chef des Oustachis, Ante Pavelic, en a marre de voir le journaliste Slegl exprimer une opinion différente de la sienne.

« Cet homme empoisonne l’opinion croate, avait-il dit à son entourage. Si nous le laissons faire, notre peuple ne sera bientôt plus qu’un troupeau bêlant sous la houlette des Serbes. Trouvez-moi un oustachi pour accomplir ce travail. »

Slegl tente d’introduire sa clef dans la serrure de son logement. Il n’y parvient pas. Elle a été bouchée avec de la cire. Il entend des pas. Il se retourne. Deux hommes surgissent de l’ombre, revolver à la main. Ils ouvrent le feu. Slegl s’écrase.

Les deux hommes crient en descendant l’escalier : « Ainsi meurent les traîtres !»

C’est du moins ce que rapportent les journalistes Roger Colombani et Jean-René Laplayne dans leur excellent bouquin: La mort d’un roi, publié aux éditions Albin Michel en 1971.

Cet article s’inscrit dans la série Histoires de crime qui renferme faits divers, procès célèbres et récits d’espionnage dont les archives se trouvent au www.lhebdojournal.com, actualités, sous-onglet justice. Titres déjà publiés:

-Meurtre au Journal de Montréal

-Le maire abattu à bout portant

-25 ans pour s’être frotté aux Américains

-La tigresse aux dents longues

-Le tunnel de la dernière chance

-Whitney Houston : le scandale des vendeurs de drogue

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-La mafia contrôlait le maire

-Le tueur aimait les bébés tigres

-Le masque du terrorisme

-Vieillard poignardé par deux fanatiques

-Gorge profonde n’avait rien à voir avec la porno

-Vous aussi vous pouvez tuer

-La légende de John F. Kennedy

-Le cinquième cavalier de l’Apocalypse

-L’affaire Dupont: le meurtre parfait?

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-Jeté d’un avion dans un marécage (suite)

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-Ces chansons qui tuent

-Ces livres qui tuent

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