Rambo abandonne ses bébés tigres (suite)
La guerre civile yougoslave terminée, Arkan s’amuse dans la sphère politique. Tout va bien jusqu’au jour où la juriste québécoise Louise Arbour se dresse sur son chemin.
Nous avons vu dans le texte précédent que le guerrier serbe, après une carrière de criminel à travers l’Europe qui a duré une dizaine d’années, a joué au chef militaire en créant sa propre petite armée qu’il a mise au service du président serbe Slobodan Milosevic.
On appelait ses hommes “Les Tigres d’Arkan”, en partie à cause d’une photo célèbre où le criminel apparaît, bébé tigre à la main. Et aussi parce que les hommes d’Arkan faisaient preuve d’une brutalité peu commune.
Arkan était fier de ses hommes. Des durs, des brutes, des vrais Rambos à l’image de leur chef. Beaucoup de délinquants, beaucoup de hooligans supporteurs du club de soccer l’Étoile Rouge de Belgrade, beaucoup de criminels. Des gars habiles, parfaitement équipés, disciplinés, entraînés dans des conditions exceptionnelles. L’alcool n’était pas toléré au travail.
La sale job
Arkan était toujours prêt à donner un coup de main. Des pacifistes descendent par milliers dans les rues de Belgrade pour protester contre la politique belliqueuse de Milosevic? Arkan prête ses hommes aux policiers de Belgrade. Il faut transporter des armes de bord en bord du pays? Arkan prête ses hommes. Les jeunes Serbes refusent de s’enrôler? Arkan se charge de faire le travail.
Supporteurs et joueurs du club affrontant l’équipe de soccer d’Arkan se montrent trop confiants? On les tabasse un peu et tout rentre dans l’ordre. Et puis, étrange coïncidence, l’équipe d’Arkan gagne le match.
L’armée yougoslave, au service des Serbes, se montre trop timide pour réprimer Croates et Bosniaques? Arkan appelle ses hommes et passe à l’attaque. D’ailleurs, les généraux de l’armée détestaient Arkan. Le gars allait et venait dans leur immeuble comme bon lui semblait. Arkan méprisait l’armée yougoslave. Il la trouvait médiocre. Il préférait sa propre petite armée.
Lettre au président américain
Devenu riche (pillage, contrebande, prêts usuraires, extorsion, contrats de Milosevic), Arkan trempe le pied dans le monde des affaires. Il possède gymnase, discothèque, stations d’essence, club de soccer, etc. Un réseau utile pour le blanchiment d’argent. C’est bien plus que les salons de jeu et les racket de protection du début.
Arkan faisait à sa tête dans le royaume de Milosevic. La Serbie devenue un pays, Arkan décide de faire le saut en politique. Il compte sur un réseau de contacts efficace et fréquente les hauts gradés de la politique serbe. Non seulement il a créé son propre parti, il a même réussi à faire élire des députés au parlement.
Il possède sa villa, épouse une star de la chanson serbe et mène la grosse vie. Il écrit même au président américain Bill Clinton pour donner son point de vue sur une question politique.
Louise Arbour son Waterloo
Fin des années 90: la procureur en chef de la Cour pénale internationale, la Québécoise Louise Arbour, inculpe Arkan de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Le 15 janvier 2000, tout juste avant son procès, Arkan discutait tranquillement à l’hôtel Intercontinental de Belgrade. Un homme s’avance vers lui et décharge son pistolet à bout portant. Directement dans l’oeil gauche. Arkan meurt dans l’ambulance qui le mène à l’hôpital.
En Serbie, on croit que le meurtre a été ordonné par Slobodan Milosevic. Arkan en savait trop à son goût. Milosevic craignait qu’il ne parle trop durant son procès.
Arkan a eu droit à des funérailles militaires. Selon Wikipedia, 30 000 personnes y assistaient.
Aux yeux de plusieurs Serbes nationalistes, Arkan reste un héros et un patriote. Aux yeux des autres, il est vu comme un opportuniste sans scrupule.
Pour des photos percutantes, lire l’article précédent.
(Source: notes personnelles et Wikipedia)
Cet article s’inscrit dans la série Histoires de crime qui renferme faits divers, procès célèbres et récits d’espionnage dont les archives se trouvent au www.lhebdojournal.com, actualités, sous-onglet justice. Titres déjà publiés:
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