Libération de Francis Gauthier : le juge rendra sa décision le 11 août

JUSTICE. Francis Gauthier, célèbre pour avoir partagé une vidéo dans laquelle ont le voit asperger un itinérant de sa boisson en juin dernier, et les deux autres individus accusés du vol qualifié d’un IGA express à Trois-Rivières devront patienter jusqu’à jeudi avant de savoir s’ils pourront retrouver leur liberté en attendant la suite des procédures.

Les avocats des deux partis ont fait entendre leurs témoins et terminé leur plaidoyer mardi après-midi, au palais de justice de Trois-Rivières. Le juge Jacques Trudel a pris l’affaire en délibéré et tranchera le 11 août.

La Couronne s’oppose à la remise en liberté des trois prévenus, alors que les avocats de la défense suggèrent une thérapie pour leur client, qui ont tous reconnu avoir de graves problèmes de consommation d’alcool et de drogues.

Durant les audiences, Me Karine Bussières, Jean-Sébastien Gladu et Pierre Spain ont souligné leur volonté de reprendre leur vie en main. Leurs clients sont détenus depuis plus de 20 jours.

Le procureur a quant à lui décrit un délit prémédité et organisé qui aurait pu avoir des conséquences bien plus graves puisque Francis Gauthier aurait eu en sa possession une arme à feu au moment des faits.

«Le risque que cela aille mal tourner si un autre client s’était présenté à la station-service pour intervenir était bel et bien présent. Il faut aussi prendre en compte la condamnation sévère encourue par les trois individus pour un vol qualifié, soit une peine minimale de quatre ans», a souligné le procureur de la Couronne, Me Boudreault.

Ce dernier a aussi précisé que les trois prévenus n’en sont pas à leurs premiers démêlés avec la justice. Depuis l’âge de 18 ans, Francis Gauthier (30 ans) va d’une peine à l’autre. Il traîne une longue feuille de route de 37 pages en matière de vol, d’introduction par infraction et de bris de condition. La Couronne va même jusqu’à qualifier son mode de vie de «criminel» et «instable».

Jimmy Leclerc (36 ans), identifié comme celui qui devait s’occuper des coffres-forts du dépanneur du 4550 boulevard des Forges, était sorti depuis seulement sept mois de prison lorsqu’il a commis le délit. Quant au conducteur désigné, Pierre Bergeron (22 ans), il a quatre causes en attentes pour facultés affaiblies et voie de fait.

Le risque de récidive est élevé, a plaidé Me Boudreault.

Concernant l’arme, il n’existe pour l’instant aucune preuve qu’il s’agit vraiment d’une arme à feu, a rappelé l’avocate de Francis Gauthier, Karine Bussière. Il s’agirait plutôt d’une arme à plomb. Une expertise devrait statuer sur la question sous peu.

Vol simple ou vol qualifié ?

Bien qu’encore au stade de l’enquête sur remise en liberté, les trois avocats de la défense ont laissé entendre qu’il ne niait pas le crime, mais plutôt la qualification de celui-ci. Ceux-ci prétendent qu’il s’agit de coup monté dans lequel la caissière serait de mèche. Il ne s’agirait donc pas d’un vol qualifié, mais plutôt d’un vol simple, ce qui entrainerait une peine moins grave pour les prévenus.

Rappelons que les contre-interrogatoires ont permis de remettre en doute les propos de la victime dans ce dossier -la caissière ligotée lors du braquage- et de se questionner quant à son implication. L’enquête des policiers a d’ailleurs révélé que ce serait elle qui aurait remis les combinaisons de l’établissement, ce qui contredit les propos qu’elle avait tenus juste après les évènements.

Elle aurait confié l’information à son revendeur de drogue il y a plusieurs mois alors qu’ils parlaient «des mauvais coups à faire au dépanneur». C’est cet individu qui aurait agi comme intermédiaire avec les cambrioleurs. Étant un ami de ce dernier, Jimmy Leclerc aurait eu connaissance de leur existence.

L’enquêteur de la Sécurité publique de Trois-Rivières, Jean-Sébastien Gobeil, a avancé que le complot initial pourrait avoir été élaboré par les deux hommes. Ils se seraient d’ailleurs rendus sur place la veille pour faire du repérage. Le revendeur a toutefois décidé de se retirer.

C’est à ce moment que Jimmy Leclerc serait entré en contact avec Francis Gauthier et Pierre Bergeron, par l’intermédiaire d’une tierce personne, et qu’un «coup facile de 50 000 $» leur a été présenté. Les deux hommes ont affirmé qu’il ne connaissait pas Jimmy Leclerc avant cet appel. Le soir même, le cambriolage a eu lieu.

La caissière affirme toutefois qu’elle n’était pas du tout au fait des intentions de son revendeur et de la perpétration du crime. Francis Gauthier croit le contraire, puisqu’il aurait mentionné aux policiers que lors du cambriolage, elle lui aurait demandé pourquoi celui-ci avait lieu le soir du 12 juillet. Ce qui amène Me Karine Bussière à se questionner quant à la crédibilité des déclarations de la victime.

Lorsque la caissière parle de son client aux enquêteurs, elle le désigne comme étant «le beau mec» et qu’il a été doux avec elle. «Pour une personne qui soutient s’être fait pointer par ce qui semblait être une arme dans les côtes, elle semblait d’ailleurs très calme sur les bandes-vidéo», a noté l’avocate de la défense

De son côté, le procureur de la Couronne plaide que le revendeur serait le seul lien entre la victime et les accusés. La caissière a mentionné n’avoir jamais rencontré les trois prévenus avant le soir du 12 juillet.