Le tueur aimait les bébés tigres
Criminel le plus dangereux d’Europe, puis chef militaire, puis leader d’un parti politique avant de tomber sous les balles dans un hall d’hôtel. Arkan aimait le pouvoir. Un chef de police l’a déjà comparé à un chien enragé.
Arkan était très intelligent et avait peu de respect pour la vie humaine. De là son malheur, quoique le gars n’avait pas l’air trop malheureux si on en juge par les photos.
Comme beaucoup de criminels, Arkan est parti loin derrière les autres dans la vie. Son père était un militaire originaire du Montenegro (ex-Yougoslavie), région où on vouait un culte à la force physique et à la bravoure au combat. Violent, il exerçait une discipline paternelle excessive sur le petit Arkan.
Écoeuré, Arkan fuit le domicile familial dès l’âge de 9 ans. C’est le début du parcours classique du criminel. L’ado flâne dans les rues de Belgrade, où la famille avait déménagé, et préfère le kickboxing à l’école. Il se fait arrêter pour la première fois par la police à l’âge de 14 ans. Monte sa première gang de criminels en prison à l’âge de 17 ans.
Ses vagabondages le mènent à Paris. Il n’a que 15 ans. L’engrenage se met en marche: petits crimes, séjours en prison, petits crimes. De retour en Yougoslavie, il devient garde du corps du chef de la police secrète, celui-ci étant un ami de son père.
Il terrorise l’Europe
Devenu un homme, il émigre à 20 ans dans les pays d’Europe. Sous de faux passeports, il devient homme de main de la police secrète de son pays. Il exécute des émigrés yougoslaves jugés dangereux par Tito, président de la Yougoslavie. En parallèle, il vit de vols de banque et de cambriolages: France, Italie, Allemagne, Suède, Pays-Bas, etc.
Interpol et les policiers européens réussissent à lui mettre le grappin dessus, sauf que le gars réussit toujours à s’évader. La police secrète yougoslave était-elle derrière lui? Le jeu du chat et de la souris entre Arkan et les enquêteurs parmi les meilleurs d’Europe s’est joué de 1972 à 1983.
Chef de guerre
Mai 1983, Arkan revient en Yougoslavie, trois ans après la mort du président Tito. Il fait la pluie et le beau temps à Belgrade. De concert avec la mafia, il contrôle des maisons de jeu sur les quais de la ville. Il tue même deux policiers venus l’interroger. Arkan est vite relâché. Tout Belgrade bavarde: sûr que l’homme est protégé par le gouvernement yougoslave.
Lorsque Slobodan Milosevic arrive au pouvoir en 1989 et axe sa politique sur le nettoyage ethnique, Arkan met sur pied sa propre milice et se met au service de Milosevic. La milice compte plus de 1000 hommes. Beaucoup d’entre eux sont issus du club des fans de l’Étoile rouge de Belgrade, célèbre club de soccer en Europe.
Débute une série de massacres à travers une Yougoslavie déchirée par la guerre civile entre Serbes, Croates et Bosniaques au début des années 90. Meurtres de civils, pillage, cambriolages, tout y passe. La milice d’Arkan apparaît comme la plus disciplinée et la plus efficace de tous les groupes paramilitaires serbes. Arkan reçoit même des médailles du gouvernement Milosevic à titre de services rendus à la nation serbe.
Avant le début de la guerre, les Croates réussissent à arrêter l’homme et l’envoient en prison. Une fois de plus, Arkan est relâché sans raison apparente.
La petite armée d’Arkan se faisait parfois appeler les "Tigres d’Arkan" vu la férocité des membres qui la composent. Ayant le sens du spectacle, l’homme se fait prendre en photo, un bébé tigre à la main. La photo fera le tour du monde. Vous pouvez la voir en tapant les mots Arkan et Wikipedia version anglophone.
Pour avoir une idée des basses oeuvres des hommes d’Arkan, jetez un coup d’oeil à la photo d’en bas, deuxième à partir de la droite, le gars avec la tuque sur la tête au http://www.guardian.co.uk/media/interactive/2011/jun/18/war-photographers-interactive
Le vrai nom d’Arkan? Željko Ražnatovi?. On a préféré vous l’épargner.
Suite de l’histoire la semaine prochaine.
(Sources: notes personnelles et Wikipedia)
Cet article s’inscrit dans la série Histoires de crime qui renferme faits divers, procès célèbres et récits d’espionnage dont les archives se trouvent au www.lhebdojournal.com, actualités, sous-onglet justice. Titres déjà publiés:
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