Il arnaque les gens en se faisant passer pour un policier

JUSTICE. Un fraudeur au long passé criminel s’est reconnu coupable d’une quarantaine de nouvelles infractions liées à des fraudes de cartes de crédit. En tout cas, temporairement: il a retiré son plaidoyer quelques minutes plus tard à cause d’un imbroglio avec la Couronne.

Par Olivier Robichaud

André Mauger, 38 ans, a été arrêté le 22 janvier 2014 après une série de fraudes perpétrées dans plusieurs régions du Québec, notamment à Sherbrooke, Trois-Rivières, La Prairie, Longueuil et Saint-Jean-sur-Richelieu. Selon les faits rapportés par la procureure de la Couronne, Me Nancy Delorme, son modus operandi était aussi effronté qu’ingénieux.

Mauger appelait ses victimes en se faisant passer pour un policier. Il leur disait qu’il enquêtait sur une série de fraudes de cartes de crédit et leur demandait de lui fournir leur numéro de carte afin qu’il procède à une vérification.

Selon Me Delorme, l’accusé réussissait son coup une fois sur deux. Il a ainsi fait un total de 26 victimes, dont plusieurs sont des employés du secteur public. Il se serait notamment fait passer pour un facteur, pour un employé du maire de Saint-Jean-sur-Richelieu et un chercheur de l’Université de Sherbrooke.

Une dizaine de «livreurs»

Une fois le numéro obtenu, le fraudeur aguerri – il a pas moins de 96 dossiers criminels à son actif – appelait toutes sortes de commerces pour commander des téléviseurs, des pneus, des bijoux, des appareils électroniques et même un chat de Bengale.

Il aurait ainsi dérobé des marchandises valant plus de 96 000$. À cela s’ajoutent des tentatives qui, pour différentes raisons, ont échoué. La valeur de ces tentatives est estimée à plus de 92 000$.

Mais Mauger ne se mouillait jamais en se présentant lui-même au magasin. Il envoyait plutôt ses proches cueillir les biens. Une dizaine de personnes auraient ainsi servi de «livreurs», selon la Couronne.

Les faits se sont déroulés entre septembre 2013 et janvier 2014.

En mai 2014, Mauger s’était reconnu coupable de gestes semblables commis à Trois-Rivières et Granby quelques jours avant son arrestation. Il s’était notamment fait passer pour un gardien de prison afin de se procurer des ordinateurs et du matériel électronique valant plus de 27 000$. Il purge présentement une peine de deux ans de prison pour ces gestes.

Même détenu, la lancée criminelle de Mauger n’a pas pris fin. En septembre 2014, il a appelé une femme âgée en se faisant passer pour son petit-fils. Il disait qu’il avait eu un accident et avait besoin de 700$ pour réparer son véhicule.

La pauvre femme s’est rendue directement à la Caisse Desjardins. C’est le caissier qui lui a dit qu’il s’agissait probablement d’une fraude.

Les employés écopent

Fait à noter, ce sont souvent les employés floués par André Mauger qui ont le plus souffert de ses gestes. En décembre 2013, il a frauduleusement obtenu des ordinateurs valant près de 23 000$ au total. Les employés qui lui ont vendu la marchandise ont perdu leurs primes de rendement afin de rembourser les pertes du magasin.

Une employée d’une bijouterie de Sherbrooke a failli perdre son emploi après avoir vendu trois bijoux valant 7700$ à Mauger. Elle a finalement évité le congédiement en acceptant de rembourser «une grosse somme» à son employeur, selon la Couronne.

Plaidoyer retiré

André Mauger a reconnu tous ces faits le 19 février en plaidant coupable à tous les chefs d’accusation portés contre lui. Il a toutefois retiré son plaidoyer – après que le juge Stéphane Godri ait prononcé son jugement – parce qu’il affirme qu’il y a eu une erreur dans les négociations avec la Couronne.

Me Delorme venait de soumettre une suggestion commune de 23 mois de prison, consécutifs à la peine reçue en mai 2014. Mauger s’est objecté à cela, affirmant que, lors des négociations, il a toujours été question d’une peine concurrente. Il aurait donc pu sortir de prison dans trois mois.

Le juge Godri a accepté de retirer le plaidoyer de l’accusé puisque l’entente sur laquelle il reposait n’était pas claire. L’affaire a été remise au 4 mars afin que l’accusé puisse se trouver un avocat.

Mauger s’est déjà débarrassé de deux avocats dans cette affaire, le dernier tout juste avant de conclure un accord avec la Couronne.