Bones frôle la mort une seconde fois…

TÉMOIGNAGE. Décidemment, il n’y a rien de facile dans la vie de Bones. Rescapé d’une mort certaine au printemps 2015 pour cause de malnutrion, le boxer vient de survivre à un coup de feu tiré… par un policier. 

La balle a frôlé sa joue avant d’entrer dans son épaule, de ressortir par son flanc et de l’atteindre une phalange sur sa patte.

«C’était un dimanche, le 3 septembre. Mon voisin m’a appelé: une fille était perdue dans le bois derrière nos maisons. Il était 19h. Avec mon voisin et nos chiens, nous sommes allés à la recherche de la personne disparue. On a passé trois heures dans le bois à faire des recherches. Quand on est revenu, les policiers étaient là pour prendre les dépositions concernant la personne disparue. Un autre voisin est venu nous chercher. Les deux chiens sont rentrés pour sentir les policiers avant de ressortir avec nous», raconte Daniel Jalbert qui a adopté Bones avec sa conjointe en 2015.

«Les policiers sont sortis par la porte avant. J’ai entendu Bones japper. Je me suis retourné et j’ai vu les deux policiers qui avaient dégainé leur arme. Il ne bougeait pas. Il ne faisait que japper. J’ai crié de ne pas tirer, que Bones n’est pas méchant. Je me suis approché. J’étais environ à sept pieds de Bones quand le policier a tiré sur lui. J’étais proche. J’aurais pu recevoir la balle. On m’a dit que le policier aurait été mordu par un chien dans le passé et que ça l’a marqué. Il aurait pu nous le dire dans la maison, nous demander de lui mettre sa laisse. Bones n’a pas attaqué le policier. Il ne faisait que japper»,  ajoute-t-il.

Bones est reparti vers la maison.

«J’ai crié après le policier. Je considère que c’était une réaction humaine dans les circonstances. J’ai reçu une contravention pour ça.»

Il a aussi eu une deuxième contravention parce que son chien n’était pas tenu en laisse sur un terrain autre que le sien. Il était chez son voisin. Ces deux contraventions totalisent une amende de 300$. Le couple entend bien les contester.

Le couple a dû amener Bones à quatre reprises chez le vétérinaire pour faire soigner ses blessures. Aujourd’hui, il va mieux. Ses points de suture lui ont été retirés il y a quelques jours, mais il souffre toujours d’une inflammation à l’épaule, de sorte qu’il ne peut pas courir pour quelques jours.

«Bones aime beaucoup jouer. Tout ce qu’il veut, c’est jouer, mais on ne doit pas le faire courir. On a des séquelles nous aussi. Quand je me réveille la nuit, je n’arrive plus à m’endormir. Je ne pense qu’à ça. Ma conjointe était sous le choc aussi. Elle a dû prendre une semaine de congé», confie Daniel Jalbert.

Il se demande encore pourquoi le policier a dégainé son arme, sans avoir préalablement utilisé du poivre de Cayenne, par exemple. «L’entrée est en gravelle. On était plusieurs près de Bones. La balle aurait pu ricocher sur l’un de nous aussi.»

Daniel Jalbert et sa conjointe, ainsi que son voisin et sa conjointe, ont déposé quatre plaintes en déontologie policière à la suite des événements. Un policier de la Sûreté du Québec œuvrant pour les affaires internes a également appelé le couple pour entendre leur version de l’histoire.

«Je leur fais aussi parvenir une mise en demeure pour les frais du vétérinaire qui s’élèvent à 1000$, ainsi que la semaine de vacances qu’a dû prendre ma conjointe», précise M. Jalbert.

Le couple de Saint-Paulin avait adopté Bones à la fin de l’année 2015, environ deux mois après le décès de leur Grand Danois. «Il ne pesait que 11 kg quand il est arrivé à la Société protectrice des animaux de la Mauricie. Aujourd’hui, il en pèse 33 kg. Il a vraiment pris du mieux depuis ce temps», conclut-il.