Affaire Vadeboncoeur: trois des quatre policiers blanchis

JUSTICE. Trois des quatre policiers dans l’affaire Alexis Vadeboncoeur ont été blanchis de tous les chefs d’accusation qui pesaient contre eux. L’autre a été déclaré coupable de voies de fait. Le juge Steve Magnan a rendu son verdict lundi matin au palais de justice de Trois-Rivières.

Les policiers dont il est question dans ce dossier sont Barbara Provencher, Marc-André St-Amant, Kaven Deslauriers et Dominic Pronovost. Ils faisaient face à des accusations de voies de fait armées, de voie de fait causant des lésions corporelles, d’usage négligent d’une arme à feu, de fabrication de faux rapport en plus d’entrave à la justice.

La saga a commencé le soir du 2 février 2013, lorsqu’ils ont intercepté Alexis Vadeboncoeur alors qu’il venait de commettre un vol qualifié à la pharmacie Jean Coutu du boulevard des Récollets, à Trois-Rivières. L’arrestation avait été capturée par une caméra de surveillance. Dans celle-ci, on pouvait voir les quatre policiers asséner des coups de poing au suspect.

Selon la théorie de la poursuite, Alexis Vadeboncoeur a été victime d’un passage à tabac injustifié. Quant à la défense, elle soutient que les accusés ont utilisé la force nécessaire pour procéder  l’arrestation du jeune homme.

Dans trois dossiers sur quatre, le juge Steve Magnan a conclu que la force utilisée lors de l’intervention était «raisonnable dans les circonstances». Dans ce cas-ci, l’intervention a été qualifiée à «haut risque» et «stressante» pour les forces de l’ordre puisque le suspect est armé.

Ainsi, les agents Barbara Provencher, Marc-André St-Amant et Dominic Pronovost ont été acquittés de tous les chefs d’accusation qui pesaient contre eux. Le tribunal a jugé que la force utilisée était de faible à moyenne, mais pas excessive selon la preuve.

Kaven Deslauriers a pour sa part été reconnu coupable de voies de fait simple. L’intensité de la force a été considérée comme excessive et les coups portés étaient uniquement «dans le but de lui [Alexis Vadeboncoeur] de lui occasionner une douleur», a déclaré le juge Magnan.

Quant aux accusations de fabrication de faux rapports, le juge a indiqué que la preuve était insuffisante pour conclure hors de tout doute que les rapports contenaient des éléments faux et qu’ils visaient à contrecarrer le cours de la justice. 

«Il a échoué au test de la crédibilité»

Dès le départ, le juge Magnan a écarté le témoignage de Vadeboncoeur. Il a estimé que l’état de stress du jeune homme au moment des faits jumelé à sa consommation de drogues dites dures à cette époque ont non seulement affecté son jugement, mais aussi sa capacité à se souvenir précisément des événements

Du côté de sa crédibilité, le Tribunal est catégorique : «il a échoué au test». Vadeboncoeur est apparu aux yeux de la cour comme étant manipulateur, calculateur et pas digne de confiance. «Il module la vérité à son avantage», a mentionné le juge dans son jugement.

Un long procès

Le procès des quatre policiers a nécessité pas moins de 31 jours d’audiences. Il a commencé en septembre 2016 pour prendre fin le 20 avril dernier.

Rappelons qu’à la suite des événements, Dominic Pronovost et Barbara Provencher avaient été suspendus sans solde par la Ville de Trois-Rivières. Quant à eux, Kaven Deslauriers et Marc-André Saint-Amant avaient été congédiés.

Quelques heures après la lecture du jugement, la Ville de Trois-Rivières a annoncé, par voie de communiqué, qu’elle poursuivra ses enquêtes disciplinaires avant d’envisager de réintégrer les trois policiers blanchis dans leurs fonctions au sein du Service de police de Trois-Rivières.

De son côté, le président de l’association des policiers-pompiers de la ville de Trois-Rivières (APPTR), Louis Lesage, a déclaré qu’il avait toujours cru «fermement à l’innocence de nos quatre collègues». 

Pour sa part, Alexis Vadeboncoeur avait été condamné à 54 mois pour deux vols qualifiés à la pharmacie Jean Coutu. Il a également été reconnu coupable de possession de drogue dans le but d’en faire le trafic, d’entrave aux policiers et de bris d’engagements.

Avec la collaboration d’Audrey Leblanc