Affaire Vadeboncoeur: retour sur la première semaine du procès

JUSTICE. Alexis Vadeboncoeur affirme avoir été passé à tabac lors de l’arrestation musclée dont il a été victime le soir du 2 février 2013. Retour sur la première semaine du procès des quatre policiers accusés qui s’est ouvert lundi dernier au palais de justice de Trois-Rivières.

Barbara Provencher, Marc-André St-Amant, Kaven Deslauriers et Dominic Pronovost sont les quatre accusés dans ce dossier. Ils font face à de nombreuses accusations criminelles, dont notamment de voies de fait et fabrication de faux rapports.

C’est au juge Steve Magnan de Québec à qui incombe la tâche d’arbitrer le procès d’une durée de trois semaines.

La nuit du 2 février 2013

À 20h29, les quatre agents ont été appelés à intervenir pour un vol qualifié dans une pharmacie. Après une courte poursuite à pied, Alexis Vadeboncoeur a lâché son arme (une fausse) et s’est couché au sol. Dans sa déclaration, il est écrit que le jeune homme alors âgé de 19 ans s’est rendu dès qu’il a vu les policiers dans le stationnement du Cégep de Trois-Rivières.

Les policiers l’auraient malgré tout roué de coups de poing et de coups de pied, et ce, même une fois menotté. Les images ont été captées par une caméra de surveillance.

Dépendance à la drogue

La présumée victime a admis avoir déjà eu de graves problèmes de drogues. Au moment du vol, il consommait quotidiennement des opiacés, dont des Dilaudid, de la codéine, du sulfate de morphine et du Fentanyl. Ce soir-là, il a mis la main sur plusieurs contenants de narcotiques et sur près de 2000$ en argent.  

«Les policiers s’attardaient plus à me faire mal qu’à me menotter»

Vadeboncoeur a été le premier à s’avancer à la barre à l’ouverture du procès, lui qui est la victime alléguée dans cette affaire. Le témoin de la Couronne est notamment revenu sur ses blessures. Il affirme ne pas avoir résisté à son arrestation. «Je me suis couché. Je m’attendais à être menotté rapidement, mais j’ai senti un violent coup sur le côté droit de la tête», a-t-il déclaré.

Il estime avoir reçu une dizaine de coups au visage. Le pire demeure toutefois les hématomes aux testicules.

Des nombreuses contradictions soulevées

Les quatre avocats de Montréal représentant les policiers trifluviens ont tous utilisé le même modus operandi dans leur contre-interrogatoire : soulever chacune des contradictions dans les propos d’Alexis Vadeboncoeur.

Ils se sont particulièrement faits insistants sur les détails entourant son arrestation et son comportement à ce moment-ci. Alexis Vadeboncoeur répète qu’il n’a pas entravé le travail des policiers même s’il a plaidé coupable à ce chef d’accusation. Il affirme avoir menti au tribunal à cette époque.

Il a aussi été question d’une crise d’épilepsie subie à son entrée à la prison et que Vadeboncoeur soutenait être une conséquence directe de son passage à tabac. Ses rapports médicaux ont finalement révélé, vendredi, que ses symptômes seraient plutôt une manifestation du syndrome de sevrage dû à l’arrêt d’opiacés. En détention, il a été contraint d’arrêter sa consommation. 

Des policiers voulaient effacer la bande vidéo

Lors du cinquième jour de procès, la Couronne a fait témoigner Claude Gauthier, l’argent de sécurité du Cégep de Trois-Rivières qui était en service le soir du 2 février 2013.

Alors qu’il remplissait sa déclaration après les évènements, deux policiers sont entrés dans son bureau pour visionner la vidéo. M. Gauthier a raconté au tribunal que l’un deux lui aurait dit «que les images ne pouvaient pas se retrouver en cour, car sinon ça allait se retourner contre eux». L’autre se serait ensuite informé à savoir s’il était possible d’effacer les images.

Lorsqu’elle a été diffusée dans les médias quelques semaines après l’arrestation, la vidéo de 11 minutes est rapidement devenue virale.

Brutalité policière au Mexique

Les rapports médicaux d’Alexis Vadeboncoeur qui ont été divulgués à la défense ont également permis d’apprendre qu’il a été victime de brutalité au Mexique. En effet, le jeune homme aurait eu des démêlées avec la justice mexicaine en novembre 2011 pour une histoire de bagarre. 

Les policiers mexicains lui auraient donné de multiples coups de poing. C’est là qu’il a subi un polytraumatisme. Il a aussi été emprisonné quelques jours, mais il a finalement été libéré sans aucune accusation. 

Les chefs d’accusation :

  • Voies de fait armées
  • Voies de fait causant des lésions corporelles
  • Usage négligent d’une arme à feu
  • Fabrication de faux rapports
  • Contrefaçon de ces documents
  • Entrave à la justice avec la fabrication de faux rapports