Affaire Vadeboncoeur: la présumée victime aurait menti au tribunal

JUSTICE. Alexis Vadeboncoeur a avoué avoir menti au tribunal lorsqu’il a plaidé coupable, en avril 2014, sur tous les chefs liés au vol d’une pharmacie à Trois-Rivières. Il a affirmé mardi matin qu’il n’avait pas entravé au travail des policiers lors de son arrestation musclée par quatre agents.

L’avocat de Barbara Provencher, accusé d’avoir passé à tabac la présumée victime avec trois autres policiers il y a trois ans, a poursuivi son contre-interrogatoire mardi. Elle s’est attardée à l’arrestation survenue le soir du 2 février 2013 et pour laquelle sa cliente fait l’objet d’accusations criminelles.

Durant plus de trois heures, Alexis Vadeboncoeur a de nouveau été confronté à ses différentes versions des faits livrées aux policiers et à la cour depuis le début du procès qui s’est amorcé lundi.

Me Roxane Hamelin a indiqué à l’intention du juge plusieurs contradictions. Lorsqu’elle lui a demandé s’il avait entendu les ordres des agents lui demandant de «lâcher son arme», il a répondu non. Ce n’est pourtant pas ce qu’il avait mentionné dans sa déclaration aux enquêteurs le soir même de son larcin.

Vadeboncoeur a répliqué en disant qu’il avait cru entendre ces mots de la bouche d’un des policiers, mais qu’il n’était pas prêt à l’affirmer hors de tout doute puisqu’il se trouvait à plus de 150 mètres de lui.

«Lorsque j’ai remarqué leur présence dans le stationnement, je n’ai pas continué ma course. À ce moment, j’avais déjà pris la décision de me rendre et de déposer mon arme. J’étais en position de soumission, couché au sol avec les mains loin du corps. Je m’attendais à me faire menotter. Ils se sont plutôt attardés à me faire mal», s’est-il défendu toujours avec aplomb.

«J’ai menti au tribunal»

Vadeboncoeur a pourtant plaidé coupable au chef d’entrave au travail des policiers, a souligné Me Hamelin. À ceci, Vadeboncoeur a répondu qu’il voulait alléger le fardeau qui reposait sur ses épaules depuis le vol et que la meilleure façon de le faire était de disposer de tous ses dossiers. Il voulait ainsi éviter le procès et la prison provinciale.

«Alors, vous avez menti devant le tribunal?», a demandé l’avocat de Barbara Provencher ? Voyant qu’il ne répondait pas, elle s’est faite plus insistante. C’est le juge Steve Magnan qui a finalement reposé la question.

«La question est : avez-vous menti au tribunal ?» Un long silence s’en est suivi. «Oui, j’ai menti», a avoué Vadeboncoeur. «Sur les images captées par la caméra de surveillance, on voit qu’il y a eu zéro entrave.»

Plus tard dans le contre-interrogatoire, Me Hamelin s’est aussi tenté de savoir comment la victime pouvait être certain que Barbara Provencher était bien celle qui lui avait déchiré le pantalon et causé des ecchymoses sur les testicules. Celui-ci a déclaré être certain d’avoir vu sa cliente, même s’il avait la face contre le sol

Il a répondu que les ecchymoses avaient été créées par «des doigts et des ongles de femme». La policière portait des gants à ce moment.

Selon sa première déclaration le soir de son larcin, Vadeboncoeur mentionne bien que quelqu’un a déchiré son pantalon pour y trouver de l’argent et des narcotiques volés, mais qu’il s’agissait d’un homme à la tête rasé.

Le deuxième interrogatoire

En après-midi, c’était au tour de l’avocat de Marc-André St-Amand d’interroger Alexis Vadeboncoeur. Il a encore une fois été question de la crédibilité de la victime. Lorsque Me Normand Bibeau lui a demandé s’il avait eu des démêlés avec la justice au Mexique, il a répondu un non catégorique.

Il est vite revenu sur sa réponse lorsqu’un passage de la transcription de son enquête sur remise en liberté a été lu au tribunal. Alexis Vadeboncoeur avait alors déclaré qu’il avait fait «un peu de prison».

L’avocat a continué de le questionner sur ses nombreux antécédents judiciaires et bris d’engagement. Me Bibeau a également revu le déroulement du vol qualifié armé qui a mené à l’arrestation de Vadeboncoeur.

Le procès va se poursuivre mercredi. Il devrait durer trois semaines.