Affaire Vadeboncoeur : la crise d’épilepsie démentie par les rapports médicaux

JUSTICE. Alexis Vadeboncoeur n’aurait pas eu une crise d’épilepsie quelques jours après son passage à tabac subi aux mains des policiers. Les rapports médicaux ont révélé que ses symptômes seraient plutôt une manifestation du syndrome de sevrage dû à l’arrêt d’opiacés.

Lundi, Vadeboncoeur avait pourtant été catégorique à ce sujet. Il a affirmé au tribunal avoir été hospitalisé pour une crise d’épilepsie quelques jours après son entrée à la prison, en février 2013. Selon lui, cette crise serait l’une des conséquences de l’intervention policière musclée qui a mené à son arrestation.

«C’est la vérité!», a-t-il déclaré lorsque confronté à tour de rôle par les avocats des quatre policiers accusés.

Il en était toutefois plus certain, jeudi, lorsque le juge a demandé à la poursuite de divulguer les documents médicaux manquant à la défense qui a repris son contre-interrogatoire. La présumée victime de 23 ans n’avait pas consenti à dévoiler tous ces rapports la veille.

Rien faisant référence à un épisode d’épilepsie ou à une nuit passée à l’hôpital en février 2013 n’a été broché à son dossier médical. Vadeboncoeur a admis ne pas avoir cru bon d’aviser l’infirmière de la prison de Trois-Rivières.

Il aurait aussi deux autres crises semblables. Le 12 novembre, trois jours après son retour en prison, il a bel et bien été hospitalisé pour les mêmes symptômes. «Mais aucun médecin n’a posé un diagnostic d’épilepsie», a noté l’avocate de Barbara Provencher, Me Hamelin.

«La raison de votre hospitalisation n’aurait pas quelque chose à voir avec votre état de sevrage ?», a alors demandé Me Hamelin.

«Je ne suis pas un expert en la matière, j’ai fait une interprétation personnelle d’après mes symptômes. Perte de conscience et convulsions ; j’en ai déduit qu’il s’agissait d’une crise d’épilepsie», a soutenu Alexis Vadeboncoeur.

Le même épisode s’est répété en mars 2014. Le rapport du médecin a diagnostiqué un sevrage d’opiacés chez le jeune homme, a lu la défense. Vadeboncoeur a acquiescé.

Rappelons qu’Alexis Vadeboncoeur a admis souffrir d’une dépendance aux narcotiques. Il consommait régulièrement du Dilaudid, mais il a aussi révélé, jeudi, avoir pris du sulfate de morphine et du Fentanyl.

Le contre-interrogatoire s’est terminé en fin d’avant-midi vendredi. Alexis Vadeboncoeur a repris le chemin de la prison.

En après-midi, c’était au tour d’un enquêteur de la Sûreté du Québec et de l’agent de sécurité du cégep qui travaillait au moment de l’arrestation de témoigner.

Les audiences vont se poursuivent lundi. Quatre policiers sont accusés d’avoir tabassé Alexis Vadeboncoeur lors de son arrestation, le 2 février 2013 et d’avoir notamment fabriqué de faux documents.

Le procès devrait durer trois semaines.