Revenus nuls les transporteurs par autobus

Les transporteurs par autobus québécois ont subi un anéantissement quasi complet de leurs revenus depuis le mois de mars. Alors que la saison estivale leur permet habituellement de générer la majorité de leurs revenus, ils ont constaté des pertes de revenus allant de 80% à 100% par rapport à 2019.

C’est pour cette raison que la Fédération des transporteurs par autobus lance un cri du cœur au gouvernement du Québec.

«Dans nos activités de transport nolisé, on a 239 employés et 80% d’entre eux ont été mis à pied de façon temporaire ou permanente. Et le problème, c’est qu’on ne voit pas la perspective de réembauche à court terme. C’est certain que la majorité d’entre eux sont en Mauricie, surtout que notre siège social et notre centre mécanique sont ici», explique Michaël Bellemare, vice-président ventes et développement chez Groupe Bell Horizon. «On s’occupait des bateaux de croisière qui arrivent à Montréal et Québec, les gros congrès et même le repêchage de la Ligue de nationale de hockey qui devait se tenir au mois de juin.»

«Bref, de mars à septembre, nous n’avons pas roulé mis à part un voyage des Aigles de Trois-Rivières à Jonquière. Présentement, on avait les équipes sportives qui recommençaient et les voyages sportifs des écoles, mais ils n’ont pas eu lieu. Dans le circuit Midget AAA, on a six équipes qu’on transporte, dont les Estacades et nous n’avons fait qu’un voyage. On roule avec nos trois clubs de la Ligue de hockey junior majeur (LHJMQ) et c’est tout. Ça reste minime comme gain et on a des pertes de 98% et 99% de notre chiffre d’affaires. Habituellement, on parle de 80 autocars qui roulent à 220 jours par année.»

Et qui dit autobus voyageur dit touristes. Malheureusement, ceux-ci se sont faits bien rares lors de la saison estivale.

«On est dans le transport nolisé touristique, alors c’est autant des voyages culturels qu’éducatifs, que des voyages sportifs ou corporatifs. On veut de l’aide parce qu’on est une industrie à grosse structure à l’arrêt complet, et non une industrie à réduction des revenus. On est une industrie qui doit investir plusieurs millions par année et les aides présentement qui sont disponibles ne sont pas adaptées à notre industrie», explique M. Bellemare.

«Ça regarde mal à long terme! On est une entreprise bien établie et les choses allaient bien avant la pandémie. Il va falloir une perspective de retour sur la route un jour. C’est inquiétant! On a adapté nos autocars, mais notre clientèle, ce sont des groupes où les coûts sont amortis sur une quarantaine de passagers. Un jour, nous allons devoir avoir la possibilité d’asseoir plus de monde, mais encore là, il va falloir une demande (des clients) qui aura la possibilité de voyager entre les régions et l’ouverture des douanes, notamment.»

Dans ce contexte jamais connu auparavant, la Fédération demande au gouvernement fédéral une aide financière de 16 M$ pour couvrir minimalement leurs coûts fixes durant la prochaine période d’inactivité forcée allant du 1er octobre 2020 au 1er avril 2021.

«On a fait une demande au gouvernement, mais on lui demande surtout de s’asseoir avec nous pour avoir une demande adaptée et efficace pour notre industrie. On veut s’asseoir avec lui le plus rapidement possible et il faut savoir qu’on est une entreprise qui n’a jamais rien demandé au gouvernement, donc une industrie qui a toujours fait avec ses moyens», ajoute-t-il.

«On est à l’arrêt depuis le 13 mars et on assume tous les coûts. On vient de traverser les mois où habituellement, on va recueillir plus de 80% de nos revenus annuels, alors on s’en va dans la période tranquille sachant qu’on n’aura pas de revenu. On lance vraiment ce cri du cœur pour avoir une discussion sérieuse avec eux. Vous savez, ce sont tous les transporteurs par autobus qui font cette demande-là et on va être un rouage important lorsque le touriste va pouvoir revenir, donc pour le redémarrage de l’économie canadienne», conclut-il.