Le système d’éducation québécois, un exemple pour la France

Le tourisme pédagogique gagne en popularité au Québec, et Trois-Rivières reçoit sa part de visiteurs. La semaine dernière, ce sont d’ailleurs 110 chefs d’établissements parisiens qui sont débarqués dans la province pour observer nos façons de faire.

Québec, Montréal et Trois-Rivières étaient les destinations de ces chefs d’établissements. Ce sont 36 d’entre eux qui se sont entre autres arrêtés au Collège Marie-de-l’Incarnation. Leur choix s’est uniquement arrêté sur des établissements privés avec des traditions religieuses, tout simplement parce que ce sont les valeurs qui correspondent le plus à leurs propres établissements.

« Le tourisme pédagogique est en hausse et le Québec représente une destination de choix pour les éducateurs de la Francophonie qui souhaitent découvrir des approches pédagogiques innovantes », explique Nancy Brousseau, directrice générale de la Fédération des établissements d’enseignement privés.

La délégation parisienne est en mission pédagogique, curieuse d’en apprendre davantage sur l’innovation pédagogique dans les écoles privées québécoises, notamment en ce qui a trait à la personnalisation de l’enseignement, à l’utilisation du numérique en classe, aux aménagements flexibles, aux façons d’enseigner les mathématiques et au développement professionnel des enseignants.

« On a choisi le Québec, car on a beaucoup d’écrits qui arrivent en France. Pour ce qui est du système éducatif, on a l’impression que vous avez intégré le bon du système français et le bon du système anglo-saxon », explique Anne Vincent, chargée de mission à la Direction diocésaine de Paris.

Marie-Noëlle Julien, chef d’établissement du lycée général, technologique et professionnel Saint-Nicolas, explique qu’ils misent principalement sur l’observation durant leur séjour, mais ont tout même ciblé certains aspects pédagogiques, dont l’organisation des équipes de direction et la pédagogie innovante.

« Cette visite me permettra de réfléchir sur la pédagogie dans le lycée que je dirige, de m’enrichir, et d’éventuellement découvrir des choses que je ne vois pas ou ne verrais pas en France. C’est à la fois une curiosité intellectuelle, à la fois l’envie de reproduire. Parfois, de voir ces aspects sous un autre angle permet de les retravailler autrement », précise Mme Julien.

Du détail jusqu’à la grande innovation

Ce qui a principalement marqué les visiteurs français, c’est la fierté que dégagent les écoles du Québec. « En France, on est peut-être un peu timoré et l’on n’ose pas se mettre en avant », explique Anne Vincent.

36 chefs d’établissements parisiens ont visité le CMI le 6 novembre dernier.

Cette fierté, les chefs d’établissements scolaires français l’ont ressentie autant dans l’accueil qu’ils ont reçu dans nos écoles, mais également dans les mosaïques d’élèves méritants ou dans les photographies de la succession à la direction, deux phénomènes complètement absents de l’Hexagone.

Mme Julien a également été marquée par l’attention qui est portée à l’enseignant. « Si l’on peut penser que l’école est faite pour les élèves, d’axer également sur le bien-être de l’enseignant aura des répercussions positives sur celui-ci. On voit un enthousiasme des professeurs qui est assez convaincant et une présence forte qui va inspirer les élèves », dit-elle.

C’est d’ailleurs une observation que s’est faite Marie-Noëlle Julien à la suite de son passage au Collège de Montréal où un couloir entier est dédié aux bureaux des enseignants. « On sent que c’est à la fois un lieu de détente et un lieu de travail collaboratif », souligne-t-elle.

Aux yeux de Mme Julien, les enseignants québécois ne sont pas laissés à eux-mêmes et ont une chance de bénéficier d’une formation continue en permanence. Ils ont d’ailleurs eu l’occasion d’assister à une formation à distance à l’aide de capsules vidéo « remarquablement bien organisée ».

À son retour en France, Marie-Noëlle Julien souhaite motiver ses équipes à sortir de leur routine pédagogique et à apporter certaines restructurations à leurs programmes. Elle souhaite tout de fois préciser que son objectif n’est aucunement d’imposer quoi que ce soit aux établissements parisiens pour qu’ils deviennent à la mode québécoise ou canadienne, mais plutôt de s’en inspirer et réfléchir aux possibilités qui font surface lorsqu’ils sont confrontés la réalité pédagogique québécoise.