Le Cégep de Trois-Rivières en action pour l’inclusion des étudiants autochtones

Comment favoriser la persévérance et le bien-être des étudiants des Premiers Peuples dans les collèges? Quels sont les obstacles qui nuisent à leur diplomation? Professeure de sociologie au Cégep de Trois-Rivières, Anne-Andrée Denault s’est posé la question. En collaboration avec Julie Mareschal, professeure au Cégep Garneau, elle a mené une recherche de plus de deux ans sur le sujet dans le but d’aider les étudiants autochtones à décrocher leur diplôme.

Dans le cadre de leur travail, les chercheuses ont interviewé quelque 150 acteurs du milieu, dont des étudiants. «On partait du constat que les taux de diplomation des étudiants des Premiers Peuples aux études supérieures sont plus faibles que la population en général et le Cégep de Trois-Rivières ne faisait pas exception, indique Mme Denault. On a aussi constaté qu’on n’arrivait pas à garder nos étudiants autochtones.»

«La recherche a démontré que les cégeps sont des endroits très insécurisants, ajoute cette dernière. Quand ils quittent leur communauté pour arriver au cégep, ils ont toutes sortes de craintes comme la peur de perdre leur culture, leur langue, les microagressions qu’ils subissent, le sentiment de ne pas être compris, etc.»

Dans ce contexte, l’objectif est donc de rendre les établissements d’enseignement plus inclusifs. «Ce qui est fondamental, c’est d’inclure les étudiants avec leur culture, soutient Mme Denault. Les mesures prises jusqu’à présent ne sont pas suffisantes. C’est du moins ce que la recherche nous a montré. Il faut améliorer la relation de confiance, ce qui va avoir des effets positifs sur la réussite scolaire.»

Déjà, le Cégep de Trois-Rivières a entrepris des démarches afin de mieux accompagner ses étudiants autochtones. De nombreux projets sont encore sur la planche à dessin pour le moment. Des demandes de subvention ont été faites et si le financement est au rendez-vous, ces projets seront lancés prochainement.

«On veut offrir une formation spécifique au personnel de l’école, mentionne Mme Denault. On a aussi pensé mettre sur pied des groupes de discussions. On a déjà commencé à mettre des choses en place en fonction de ce qui ressortait de la recherche, dont la vitrine atikamekw.»

La direction au cœur du changement

De plus, le Cégep cogite un projet en collaboration avec l’UQTR afin d’offrir un soutien durable. «Ce ne sont pas les idées qui manquent, lance Mme Denault. Maintenant, il faut aller plus loin. Il faut aussi des changements au niveau de la direction en ce qui concerne l’accueil et les échanges avec les étudiants autochtones.»

À ce sujet, le directeur général du Cégep, Louis Gendron, évoque la possibilité d’ajouter une personne représentant les étudiants autochtones au sein du conseil d’administration de l’établissement. «On veut poser des gestes concrets et significatifs pour apporter des changements durables et être un modèle d’inclusion dans les écoles au Québec», conclut-il.