La formation professionnelle en décroissance

EMPLOI. Alors que la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir partout dans la région, on pourrait croire que les centres de formation professionnelle accueillent en leurs murs de plus en plus d’étudiants. Eh bien non. C’est même tout le contraire.

«On est en baisse de demandes depuis environ huit ans et la pénurie de main-d’œuvre n’aide en rien notre situation, remarque Pierre Laliberté, directeur du Centre de formation professionnelle Bel-Avenir. On constate qu’il y a des entreprises qui engagent des jeunes pour les former eux-mêmes sur place. C’est une tendance de l’industrie qu’on observe et ç’a un impact direct sur nous.»

«Lorsqu’une personne accepte de se faire former par son lieu de travail, elle prend un risque parce que l’entreprise va la former pour répondre à des besoins bien précis. Si elle quitte ou perd son emploi, ça ne veut pas dire qu’elle va être embauchée ailleurs. Il se peut qu’elle ait des lacunes à certains niveaux. Ça ne s’applique pas à tous les cas, mais ça demeure une réalité», explique M. Laliberté.

Dans certains domaines, comme celui de la santé, la formation scolaire est exigée, mais ce n’est pas le cas pour tous les métiers. Et même quand le diplôme est requis, cela ne veut pas dire pour autant que les inscriptions sont en hausse. «Par exemple, avant je pouvais avoir entre 150 et 200 demandes pour des DEP en santé. Maintenant, c’est moins de 100», soutient M. Laliberté.

D’une part, la baisse d’inscriptions est marquée à Bel-Avenir et d’autre part, la demande du marché pour des travailleurs détenant une formation explose. «On n’est pas capable de répondre à la demande du marché, affirme M. Laliberté. Par exemple, il y a présentement un gros manque de coiffeurs. Les gens s’arrachent nos finissants. Ce sont des années difficiles pour la formation professionnelle et on n’est pas les seuls. En parlant avec des collègues, on voit qu’on est tous dans le même bateau.»

Des solutions mises de l’avant

Pour contrer la décroissance, le Centre de formation professionnelle a mis sur pied plusieurs initiatives, dont la formation individualisée qui permet à un étudiant de commencer ou de finir son parcours scolaire à n’importe quel moment dans l’année.

«Il y a donc des entrées et sorties à tout moment, précise Pierre Laliberté. Les notes de cours sont surtout sur ordinateur et les élèves peuvent rouler à leur rythme. Ça permet aussi à des élèves qui avaient entamé des études de reprendre là où ils étaient rendus sans devoir attendre pour se joindre à un groupe.»

De plus, la direction de Bel-Avenir a développé des services dédiés aux élèves, notamment pour ceux qui ont un trouble du déficit d’attention (TDA). Un orthopédagogue s’est aussi joint à l’équipe. «On a beaucoup investi dans une optique de persévérance scolaire», souligne le directeur du centre de formation. L’institution scolaire fait également des offensives sur les réseaux sociaux, dont Facebook et Instagram.