École à la maison: seule avec ses trois enfants aux besoins particuliers

Meliza Lapointe a trois garçons qu’elle élève seule. Tristan, âgé de 6 ans, est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) et reste à la maison. Benjamin a 8 ans. Il est atteint du syndrome de Asperger et complète sa 3e année au Collège Marie-de-l’Incarnation. Son frère Malcolm âgé 4 ans fait sa prématernelle. Ils ont tous les trois des besoins particuliers.

« Il y a maintenant plus de quatre ans que j’ai abandonné ma carrière en gestion et nursing pour me consacrer à eux. Je suis en processus de faire l’école à la maison pour Tristan. Le tout sera officiel sous peu. »

Car Meliza Lapointe est devenue, sur le tas, une autodidacte des soins spécialisés.

« J’ai fait la gestion de risque, de crise et de changement. J’ai fait le choix de revenir à Trois-Rivières  et de devenir l’éducatrice de Tristan, au moins pour un temps», confie-t-elle.

Une pièce de son logement du quartier Saint-Sacrement est transformée en salle de classe et en bureau de travail à la fine pointe de la technologie. Écrans de grande dimension, ordinateurs, iPad, Google Home, montres Fitbit seront sous peu mis à disposition de ses enfants. « Ça demandait un espace adapté .»

Pour le plus vieux qui apprend trop vite, il y trouvera de quoi se nourrir les neurones. Pour les deux autres, de la matière adaptée et des ressources  viendront de temps à autre suppléer aux besoins.

Car le diagnostic n’est pas encore tombé pour Malcom, le plus jeune.

Meliza Lapointe embauche donc les orthophonistes,  ergothérapeutes et éducatrices spécialisées qu’il lui faut pour assurer une bonne éducation et lui donner un répit.

« Je leur apprends à fonctionner avec des moyens qui existent aujourd’hui et qui seront présents plus tard. Benjamin est Asperger. Il devrait être un bon journaliste. À son entrée à l’école, il trouvait ça ennuyant. Ça n’allait pas assez vite. »

Une séparation transforme sa vie

« C’était clair que j’allais avoir les enfants à temps plein , explique Meliza Lapointe, séparée de son conjoint depuis quatre ans. Il fallait que je fasse un choix ».

C’est alors qu’elle quitte son emploi de directrice corporative d’un groupe de maisons de retraite et ses déplacements aux quatre coins de la province. Elle arrive à joindre les deux bouts grâce à la pension alimentaire que lui verse le père et aux allocations familiales assez conséquentes provenant des deux paliers de gouvernement.

« Je ne sais pas quand je vais retourner sur le marché du travail. Si j’y retourne, il va falloir que ce soit pour plus que ce que je fais présentement ».

« Hier c’est fini, demain n’existe pas »

On la sent tout de même à bout de souffle derrière son optimisme et quand on lui demande qui l’aide, elle affirme se débrouiller seule depuis quatre ans. Comment entrevoit-elle l’avenir? Difficile à dire. «Hier c’est fini, demain n’existe pas ».

L’école Sainte-Thérèse du Centre de services scolaire du Chemin-du-Roi n’arrive pas à offrir à Tristan les services dont il a besoin, affirme-t-elle.

«Actuellement,  Tristan serait dans une classe normale avec les services d’une éducatrice spécialisée dix heures par semaine, alors qu’il devrait se retrouver dans une classe d’adaptation», insiste Meliza Lapointe.

Pour l’heure, aucune place n’est disponible, nous dit Mme Lapointe. Et si elle se libère, elle n’est pas certaine qu’elle y enverra Tristan.

« J’aimerais aller au front et défendre les intérêts de ces enfants-là, comme Charles Lafortune le fait. Ça ne viendra pas du public. Je pense à Vision de Trois-Rivières qui vient de mettre sur pied une classe d’adaptation scolaire que les élèves peuvent fréquenter 10 à 15 heures par semaine. Un de mes rêves, c’est de faire une école privée d’adaptation scolaire ».