Industrie de la canette d’aluminium: la révolution de Solucan
Il est présentement difficile pour les microbrasseries et autres petits joueurs ayant besoin de canettes d’aluminium à l’image d’un de leurs produits de s’en procurer puisque les grands fabricants obligent des quantités minimales énormes pour leurs besoins. C’est là qu’intervient Solucan qui entend révolutionner le marché.
Toute nouvelle entreprise sur le territoire trifluvien, Solucan se veut la première entreprise en Amérique du Nord à offrir une solution complète d’impression numérique à l’industrie des boissons en canettes, à la différence que les quantités peuvent être flexibles. Dans une certaine mesure, toutes les canettes d’une même ligne de production pourraient avoir une image différente.
«Les grands fabricants impriment 2200 canettes par minute. La quantité minimum requise pour une commande représente un chargement de camion, soit environ 225 000 canettes. Les canettes imprimées ne sont pas accessibles aux petits joueurs. Par exemple, un microbrasseur en région n’a possiblement pas besoin de 225 000 canettes à l’image d’une seule de ses bières», explique Sébastien Baril, président de Solucan.
«En réaction, le marché se tourne de plus en plus vers les manchons thermorétractables, ces manchons faits de plastique, sur lesquels on retrouve l’image désirée, qui sont apposés sur les canettes. Le problème, c’est que c’est manchons ne sont pas conformes à l’entente de recyclabilité avec Recyc-Québec, ajoute-t-il. Ça vient compliquer les opérations de recyclage. C’est toléré en ce moment, mais on gagne à arriver avec une nouvelle solution. La nôtre est entièrement recyclable.»
Sébastien Baril et Jean-François Gaudreault, directeur général de Solucan, ont été exposés à toutes sortes d’emballages différents durant leur carrière respective. Il y a six ou sept ans, ils ont réellement constaté le besoin d’imprimer de plus petits volumes de canettes.
Cependant, il n’y avait pas encore de technologie disponible sur le marché pour permettre une impression personnalisable à l’extrême sur des canettes en aluminium. Ils ont donc fait appel à la compagnie ToneJet pour concevoir une machine qui le permettrait.
«On travaille depuis quatre ans à lancer le tout. La machine Cyclone de ToneJet est la première au monde avec cette technologie.»
«On n’oblige aucune quantité minimum. On peut imprimer sur 25 canettes comme sur un très gros volume. On s’attaque au marché dont les grands fabricants ne veulent pas. Sans l’essor des microbrasseries, on n’aurait peut-être pas eu cette idée», souligne M. Baril.
La ligne de production est presque entièrement automatisée. Les canettes d’aluminium, déjà entreposées dans les locaux de l’entreprise, sont déposées sur un dépaletteur qui place le tour sur un convoyeur. La machine prend en photo chacune des canettes pour s’assurer qu’elle soit parfaitement ronde et que ses côtés soient droits.
Les canettes sont ensuite lavées et un apprêt est appliqué tout juste avant l’impression à partir d’un fichier numérique. Elles passent suite à l’étape du vernis et à la cuisson pour que l’encre soit bien fixée. On s’assure que l’image imprimée soit conforme au fichier original et les canettes retournent ensuite se faire replacer sur des palettes. Le trajet prend environ huit minutes, ce qui permet de traiter une canette par seconde.
Solucan prévoit faire sa première livraison de canettes avant Noël.
De Montréal à Trois-Rivières
Originalement, Sébastien Baril avait en tête d’installer Solucan du côté de Montréal. Si l’entreprise s’est finalement établie à Trois-Rivières, c’est grâce au dynamisme d’Innovation et Développement économique (IDÉ) Trois-Rivières et au financement du Fonds de diversification économique du Centre-du-Québec et de la Mauricie.
«Le Fonds de diversification a pesé lourd dans la balance, mais on a vite reçu un très bel accueil dans la région. Il y avait un beau dynamisme de la part des gens de Trois-Rivières et je dois dire que je ne m’attendais pas à parler à des banques en mode solution à ce point! On n’a pas ressenti ce même intérêt à Montréal», précise celui qui a finalement déménagé à Trois-Rivières en juin dernier.
IDÉ Trois-Rivières a aussi attribué un soutien financier de 100 000$ via le Fonds local de solidarité et le Fonds local d’investissement.
Vers une deuxième ligne de production
Bien que la production n’ait pas encore officiellement débuté au moment de l’entrevue, le président de Solucan, Sébastien Baril, se réjouissait de l’engouement suscité autour de leur entreprise.
«Quand on a eu l’idée de ce projet il y a quatre ans, on a posé la question au marché. C’était déjà positif et là, les gens savent qu’on arrive, même que certains commencent à trouver ça long! On a aussi pris part au Salon des microbrasseries du Québec et à celui du Conseil de la transformation alimentaire du Québec. On a déjà une belle réponse», souligne-t-il.
Plusieurs potentiels clients des États-Unis ont également commencé à contacter l’équipe de Solucan.
«On reçoit aussi des appels de la côte ouest canadienne. On a même parlé à des gens de la Californie qui ont montré un intérêt», précise-t-il.
Par ailleurs, ToneJet, qui a conçu la machine servant à faire l’impression, a gagné un prix pour la création de cette technologie.
Solucan débute à peine ses activités que Sébastien Baril et Jean-François Gaudreault ont des projets pour accroître, à court terme, la production de l’entreprise.
«On pourrait déjà produire environ 30 millions de canettes par année. Pour l’instant, on vise près de 18 millions de canettes annuellement pour une ligne de production. L’objectif à court terme, d’ici environ 18 mois, est d’installer une deuxième ligne de production», annonce M. Baril.
En ce moment, l’entreprise offre l’impression sur des canettes de 355 ml seulement. Solucan prévoit toutefois ajouter l’option de la canette de 473 ml vers le mois de juin. Chaque ligne de production sera ultimement consacrée à un seul format de canette. «Il y a beaucoup de demandes vers la canette en raison des efforts pour diminuer ou éliminer les bouteilles de plastique un peu partout. On voit de la demande pour des canettes d’eau gazéifiée, par exemple», indique Sébastien Baril.
Avec les deux lignes de production bien en place vers la fin 2020, l’entreprise devrait compter entre 10 et 12 employés.