«Voile de peau»: le corps dans sa grandeur et ses détails

ARTS VISUELS. L’artiste trifluvien Guy Langevin aime les dualités, que ce soit entre l’ombre et la lumière, entre l’infiniment grand et l’infiniment détaillé ou encore entre force et vulnérabilité. Il aborde de nouveau ces contrastes dans sa nouvelle exposition Voile de peau, présentée actuellement au Centre d’exposition Raymond-Lasnier.

Il propose de grandes installations photographiques imprimées sur des voiles translucides et suspendues dans l’espace. Chaque voile présente un gros plan sur une partie du corps d’une femme.

Ainsi, l’installation crée plusieurs dimensions et jette à la fois un regard sur le corps dans son entièreté, ainsi qu’à ses plus infimes détails: la peau qui a froid, les vergetures, les grains de beauté. Dans l’installation des voiles, on devine la forme d’un corps baigné d’ombre et de lumière qui se suit et s’entrecoupe

«Ça touche notre vulnérabilité et notre fragilité, mais aussi par une certaine puissance. En regardant l’ensemble de l’œuvre, on est envahi par un corps géant. Je travaille avec les corps féminins parce que mon travail a besoin d’une certaine fragilité. (…) D’un bout à l’autre, la peau change, le détail change. Même si chaque photo présente le même éclairage et la même position du corps, il y a toujours quelque chose dans l’atmosphère qui diffère», confie Guy Langevin.

La carrière de Guy Langevin est principalement orientée vers la technique de la manière noire, pour laquelle il a remporté plusieurs prix prestigieux, mais la photographie l’a toujours accompagné dans sa démarche de création.

Le concept de cette exposition lui est venu d’un ami qui l’a invité à prendre part à une exposition dont les œuvres devaient être imprimées sur un tissu. Par ailleurs, cette idée du corps décomposé lui trottait dans la tête depuis longtemps.

«J’ai saisi l’occasion de faire un essai, raconte-t-il, et ça a fonctionné. J’ai vu que ça avait beaucoup de potentiel. J’avais déjà travaillé, par le passé, sur des pellicules transparentes, mais pas sur des tissus en tant que tel. C’était intéressant de relever ce défi, mais il fallait trouver le tissu approprié. Les tissus plus diaphanes sont plus lâches, dont moins précis lors de l’impression. J’ai finalement opté pour la précision plutôt que la transparence.»

L’Encyclopé-GUY

Cela faisait plusieurs années que Guy Langevin n’avait pas présenté d’exposition solo au Centre d’exposition Raymond-Lasnier. La plus récente date de 2004, alors qu’il avait été le premier artiste à exposer dans la salle à la suite des travaux de rénovation.

«C’est une belle occasion de montrer son travail, souligne Marie-Andrée Levasseur, directrice du Centre d’exposition Raymond-Lasnier. C’est la photo mise en scène. L’exposition est conçue pour que le visiteur circule entre les voiles. De par son installation dans l’espace, l’ensemble nous donne l’impression d’être minuscule face à un format géant. Cette perspective par rapport au corps nous fait aussi réaliser que le corps est comme une œuvre d’art.»

Afin de guider les visiteurs lors de la découverte de l’exposition, l’équipe du Centre d’exposition  Raymond-Lasnier a créé L’Encyclopé-GUY, qui propose des clés de lecture aux visiteurs, tout en présentant des liens avec la démarche artistique de l’artiste. On y découvre aussi ses inspirations et ses pensées.

Le document, distribué gratuitement aux visiteurs, a été illustré de façon ludique par l’artiste Nicole E. Schlosser.

Voile de peau | Centre d’exposition Raymond-Lasnier | Jusqu’au 10 juin

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Le saviez-vous?

Un musée de la ville russe d’Ekaterinbourg prépare une grosse exposition rétrospective sur la carrière de Guy Langevin.