Une tempête noire juste avant le temps des fêtes
Le Théâtre des Gens de la place y va d’une audacieuse proposition pour marquer le deuxième volet de sa saison. Cabaret neiges noires a marqué le théâtre québécois dans les années 90 et continuera de faire du bruit à la salle Louis-Philippe-Poisson de la Maison de la culture, du 12 au 15 décembre.
Écrite par Dominic Champagne, Jean-Frédéric Messier, Pascale Rafie et Jean-François Caron, cette pièce de théâtre surprend par sa troublante poésie, à la fois dure et touchante. Le nouveau venu dans la troupe, Patrick Straehl, offre une mise en scène épurée qui met en valeur ce texte déjanté.
L’auteur Jean-François Caron sera présent lors de la représentation de 14 h du samedi 14 décembre et rencontrera le public tout de suite après le spectacle. Étienne Bergeron, directeur artistique du TGP, animera l’échange avec cet important dramaturge québécois qui a à son actif la publication de plusieurs pièces en plus d’avoir participé à l’écriture d’émissions jeunesse. Il est également enseignant à l’École nationale de théâtre.
Cabaret neiges noires, comme l’exprime si bien l’oxymore emprunté à Hubert Aquin, c’est à la fois l’ombre et la lumière, le jour et la nuit, le suicide et la rage de vivre, la désillusion et l’utopie, le pessimisme et l’espoir. Portrait critique délirant de la société québécoise, cette charge poétique et cynique choque autant qu’elle libère dans un grand souffle festif et jubilatoire. Emblématique d’une époque, les années 1990, cristallisant les préoccupations sociales et esthétiques de la génération X, cette œuvre hybride et subversive aborde des enjeux qui n’ont pourtant rien perdu de leur pertinence : changer le monde ; revendiquer la liberté, la fraternité et l’égalité ; réformer le théâtre ; embrasser tous les genres, défier les conventions, détourner les codes. Parce qu’elle saisit quelque chose de ce que l’on pourrait appeler l’âme québécoise (la souffrance et la résilience de ces francophones d’Amérique qui se révoltent tranquillement, ceux-là qui réclament leur autonomie du bout des lèvres), mais aussi parce qu’elle fait un énorme pied de nez à cette tiédeur, à cet immobilisme, la pièce a encore de quoi inspirer les nouvelles générations.
Patrick Straehl, pour sa toute première mise en scène au sein de la troupe trifluvienne, s’est entouré d’Éric Ahern aux éclairages ainsi que d’Andréanne Lehouillier à la bande sonore. Il dirige une équipe solide où des comédiens expérimentés partagent la réplique avec une relève qui fait sa marque. Se côtoieront sur scène Julie Balleux, Jeremy-Alejandro Bouchard-Flores, Andréanne Cossette, Anna Fröhlich, Danick Labbé, Alexane Lavoie, Dany Lavoie, Luc Martel, Marie-Christine Perras et Mylène Renaud.
Les représentations auront lieu les 12, 13 et 14 décembre à 19 h 30 ainsi que les 14 et 15 décembre à 14 h.
Conséquente avec son engagement communautaire, la troupe amassera les dons en argent, directement à la porte, au profit de l’organisme Point de rue. Pour faire échos aux thèmes qui seront abordés tout au long de la saison, la troupe a vu une occasion de s’associer avec un organisme qui prend sous son aile les marginaux.
Les billets sont en vente sur le site de la billetterie de Culture3R à https://culture3r.tuxedobillet.com/ ou par téléphone au 819-380-9797.
Mise en garde – Le spectacle n’est pas conçu pour un jeune public. Il est important de prendre en compte que les thèmes abordés ainsi que le langage parfois cru ne conviennent pas à tous. (SP)