Une soprano d’ici partagera la scène avec l’OSTR

L’Orchestre symphonique de Trois-Rivières (OSTR) présentera le célèbre opéra La Bohème de Puccini le samedi 15 avril à 20h à la salle J.-Antonio-Thompson, et la soprano trifluvienne Geneviève Lenoir interprétera l’un des rôles principaux.

Sous la direction du chef invité Jean-Marie Zeitouni, les musiciens transporteront le public dans ce cet opéra qui raconte l’histoire de l’artiste Rodolfo et de Mimi, ouvrière, qui tombent éperdument amoureux et se jurent fidélité. La grande misère dans laquelle ils vivent avec leurs amis Marcello, Schaunard et Colline conduit à la mort de Mimi, à laquelle Rodolfo et ses amis assistent, complètement impuissants.

Geneviève Lenoir renouera le rôle de Musetta, qu’elle avait interprété dans le cadre de ses études à l’Université du Québec à Montréal.

« Mon personnage est une femme qui peut être jugée un parce, car elle est amoureuse de Marcello, l’un des quatre comparses, mais elle décide de le quitter pour aller vivre avec un homme plus vieux et plus riche. Elle est très arrogante, mais reste amoureuse de Marcello. C’est un genre de reconquête. Au quatrième acte, on voit qu’elle est une bonne fille, qu’elle a du cœur et qu’elle aide son amie. Au niveau du jeu, c’est un personnage plus difficile à jouer. Il faut un équilibre pour ne pas la rendre seulement antipathique », explique Geneviève Lenoir.

« Je me souvenais étonnamment du rôle, même si ça fait plusieurs années. Sur le plan vocal, il y a plein de choses qui me reviennent. La musique de cet opéra est à mi-chemin entre la musique romantique et contemporaine. Musicalement, ce n’est pas si facile, surtout qu’il y a une superposition de dialogues. Il peut y avoir deux personnes qui se parlent, deux autres qui se parlent ailleurs, tout ça dans la même musique. Il faut vraiment bien se suivre tous ensemble », ajoute la soprano qui retrouvera également son ami d’enfance Jean-Marie Zeitouni à cette occasion.

Le chant dans le sang

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Geneviève Lenoir a toujours aimé. Déjà à l’âge de 2 ans, elle chantait tout le temps. Durant son parcours scolaire, elle a testé plusieurs instruments de musique sans réaliser que sa voix était un instrument à part entière.

« Le chant n’était pas enseigné individuellement à cette époque. On voyait surtout des chorales. C’est un enseignant du secondaire qui m’a aidée lorsque j’ai hésité à continuer mon parcours scolaire collégial en chant ou en théâtre. Il m’a dit que je devais continuer en chant. Quand j’ai fait mon audition, Reine Décarie a cerné rapidement que j’avais un talent. Elle m’a dit:  »Je vais prendre deux ans pour allumer la flamme du chant classique en toi ». Elle a réussi et ça ne s’est jamais éteint », raconte-t-elle.

La soprano a ensuite participé à plusieurs opéras lors de son passage à l’Université du Québec à Montréal. Au fil des années, elle a notamment interprété la Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée et Despina dans Cosí fan tutte de Mozart, mais aussi la jeune Barbarina dans Les Noces de Figaro de Mozart, ainsi que la fée dans l’opéra Cendrillon de Massenet.

« J’ai eu un parcours un peu différent comparativement à d’autres étudiants qui sortent des écoles. Après l’université, il y a l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, mais je n’ai pas fait partie des élus qui ont pu y entrer. Quand on finit nos études, on pense qu’on va faire carrière, mais c’est difficile et j’ai vécu une grande chute après. Par contre, je me suis beaucoup produit et j’ai fait d’autres projets, mais toujours en chant classique. Puis, je suis devenue artiste en résidence à l’OSTR », précise-t-elle.

Le parcours Geneviève Lenoir l’a menée vers l’enseignement du chant classique au Cégep de Trois-Rivières, un rôle qu’elle aime beaucoup. « Le chant classique, c’est un métier à part entière. Je dirais même que c’est une vocation. On ne s’en rend pas nécessairement compte lorsqu’on assiste à un opéra, mais ça représente plusieurs niveaux de travail. Par exemple, je dois comprendre les paroles que je dis ou que je chante. Pour les opéras en italien, je suis obligée de faire une traduction pour m’assurer d’interpréter correctement le sens du texte », fait-elle remarquer.

« Par exemple, dans La Bohème, il y a une mélodie très lyrique et très belle à un moment. Ça donne l’impression que les propos sont très amoureux, mais en vrai, ça dit Marcello est en colère, Marcello est vaincu. Si je ne l’avais pas su et que je m’étais laissé porter par la musique, j’aurais été portée à l’interpréter de façon très amoureuse, mais j’aurais été à côté de la place », ajoute la Trifluvienne.

Une voix qui se développe

En début de carrière, Geneviève Lenoir avait une voix plus légère, ce qui l’amenait à interpréter davantage des opéras de Mozart et de la musique française. Elle constate maintenant que sa voix commence à être prête pour s’attaquer à des opéras italiens de l’époque de La Bohème de Puccini.

« Je suis plus soprano léger, mais je vais vers le lyrique. Ça demande une voix plus riche, plus ronde, plus puissante. Quand on est quatre à chanter ensemble avec cette intensité et avec un orchestre, ça donne des frissons. C’est hallucinant! C’est puissant en décibels et en vibration. Un peu comme un bon vin corsé, image-t-elle. Il y a aussi beaucoup de raffinement. Par exemple, Mozart fait plus dans la dentelle, alors que Puccini s’ancre dans la puissance. Ceux qui aiment beaucoup les chanteurs à voix, le rock et le heavy métal ont de bonnes chances d’aimer les opéras de Puccini. »

Le concert du 15 avril mettra aussi en vedette le ténor américain Jonathan Boyd (Rodolfo), la jeune soprano québécoise Myriam Leblanc (Mimi), le baryton québécois Hugo Laporte (Marcello), de même que les chanteurs lyriques Dominique Côté (Schaunard), Stephen Hegedus (Colline), Mischael Eusebio (Parpignol), Matthew Li (sergent des douanes) et  Claude Grenier (Benoit et Alcindoro). Le Chœur de l’OSTR, dirigé par Raymond Perrin, et les Petits Chanteurs de la Maîtrise du Cap, sous la direction de Claire Bisaillon, viendront également soutenir cette œuvre.

D’ici là, Geneviève Lenoir entend profiter de chaque instant. « C’est particulier de vivre ça sur la scène. On travaille tous ensemble [cette semaine]. Ce sont des situations très uniques et je vais l’apprécier pleinement », conclut-elle.

Les billets pour assister au concert La Bohème sont en vente au www.ostr.ca ainsi qu’à la billetterie de la salle J.-Antonio-Thompson (819 380-9797).