Une enquête au cœur du 18e siècle

LITTÉRATURE. Québec, 17 février 1770. Dans la froidure de l’hiver, un cadavre est découvert, la gorge tranchée, dans la côte de la Montagne. Pierre Dubois, un Français arrivé neuf mois plus tôt dans la ville, est un des premiers à découvrir le corps. Suspecté, il décide de se lancer dans une enquête pour découvrir qui a commis le crime. Mais il s’agira plus qu’une affaire de meurtre… Entrevue avec Laurent Turcot, professeur au département d’histoire de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et auteur de «L’homme de l’ombre – tome 1».

D’où vous est venue l’idée de ce roman?

«Ça vient de cette obsession que j’ai de faire connaître l’histoire, quel que soit le médium utilisé: des essais historiques, des vidéos sur Youtube, des chroniques à la télévision… Le roman est un vecteur assez populaire. J’ai voulu l’essayer. Par ailleurs, les essais historiques touchent un public très réduit. Alors, plutôt que d’écrire un essai scientifique qui aurait porté sur la vie culturelle à Québec dans la seconde moitié du 18e siècle, j’ai voulu le développer dans un roman.»

Que pouvez-vous nous dire sur l’histoire?

«On découvre que le meurtre commis est plus qu’une affaire de meurtre. Ça remonte jusqu’à la tête de l’État. On va voir qu’un groupe veut renverser le pouvoir. Tout ça est vrai en partie. On plonge alors dans la franc-maçonnerie, qui était présente à Québec à cette époque. On en apprend plus sur Pierre Dubois qui a vécu la guerre de la Conquête. On devinera seulement à quelques pages de la fin la raison pour laquelle il est en Nouvelle-France. Le roman se termine sur un gros suspense. C’est dans le deuxième tome, qui paraîtra au printemps, qu’on en découvrira plus sur les personnages.»

À quel point le récit est-il collé sur l’histoire du Québec?

«Toute la chronologie est vraie. Le trio de personnages principaux, qui sont inventés, croisera de vrais personnages de l’époque.  J’ai inséré des éléments qui pourraient être véridiques et véritables dans les zones d’ombre. Plusieurs des œuvres de l’époque sont citées. Il y a aussi des références pour les étudiants et les historiens. Le but, ce n’est pas que ça pointe et qu’on ne voie que ça. J’essaie de rentrer des informations pour que ça fonctionne. Je ne voulais pas que ce soit un livre d’histoire avant toute chose.»

Qu’est-ce que le lecteur apprendra sur l’histoire du Québec sans nécessairement s’en rendre compte?

«On apprend l’importance de la franc-maçonnerie au Québec, le codage de lettres secrètes et on croisera quelques grands personnages de l’histoire. On en apprend aussi sur le système judiciaire de l’époque et à quoi ressemblait une exécution publique.»

Le trio de personnages principaux regroupe un Français, un Irlandais de la Royal Artillery et une prostituée. C’est quand même un trio inusité pour l’époque…

«L’image d’une femme libre n’existe pas au 18e siècle. Ce qu’il y a de plus libre, c’est une religieuse ou une prostituée. On n’a pas le choix d’assumer que c’est une prostituée, mais on finit par apprendre son histoire et la détresse psychologue qui l’assaille. Elle prend de l’importance dans le dernier tiers du livre. J’ai fini d’écrire le roman à la fin du <@Ri>#metoo<@$p>.  Il y a d’ailleurs une scène qui consiste en un <@Ri>#metoo<@$p> du 18e siècle. Aussi, en 1770, il y avait une garnison de la Royal Artillerie attachée à Québec et qui venait d’Irlande. Comme le personnage est de confession catholique, tout comme Pierre Dubois, ça les rapproche.»

Le roman a une approche bien différente de l’essai scientifique. La transition dans le style a-t-elle été difficile?

«C’est la première fois que j’écris de la fiction. Ce fut difficile dans la mesure où en histoire, il faut toujours s’accrocher à quelque chose. Mais j’ai eu la piqûre pour écrire de la fiction. J’aimerais essayer d’autres styles. Je ne veux pas creuser le même sillon toute ma vie.»

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Le roman «L’homme de l’ombre – tome 1» est disponible en librairie.