Un peu de Trois-Rivières au Fringe Montréal

Il y aura un peu de Trois-Rivières au Festival Saint-Ambroise Fringe de Montréal avec la pièce bilingue «Nous sommes les enfants du hangover de 95», présentée par Le Cabinet d’ingéniosités. D’abord parce que le récit se déroule dans un bar fictif de Trois-Rivières et parce que la Trifluvienne d’origine Emmanuelle Brousseau en signe le texte et la co-mise en scène.

Cela fait deux ans et demi qu’elle travaille sur cette pièce tirée d’une réflexion sur l’héritage qu’on laisse, comme société, à la jeunesse d’aujourd’hui depuis le référendum de 1995.

«Il y a eu une ébullition et plusieurs changements sociaux de la Révolution tranquille jusqu’au référendum. J’avais l’impression que c’était plus tranquille depuis, mais j’ai l’impression que ç’a resurgi avec la grève étudiante et avec les jeunes qui manifestent dans les rues pour l’environnement. Qui sommes-nous, les jeunes d’aujourd’hui? Où veut-on aller? C’est ce qui a guidé la création», raconte Emmanuelle Brousseau.

La pièce retrace Sue lorsqu’elle débarque au Windigo, un bar de Trois-Rivières. Les rumeurs flottent déjà dans l’air. Les vestiges ac­cumulés des différentes époques du bar n’ont plus autant la cote qu’avant. Cet endroit respire maintenant la fin d’une ère que les employés s’efforcent tant bien que mal à faire perdurer.

Comment survivre quand personne n’y croit? Avant le dernier des last-call, Sue, Julien, Jude et Maxime vont tenter une dernière fois de réanimer l’esprit du Windigo. Ensemble.

«L’assistante-gérante est là depuis longtemps. Bien qu’elle ait tenté de faire changer les choses, elle finit par se résigner avec le temps. Socialement, selon les générations, j’entends des «Ça ne sert à rien, ça ne changera pas». Il y a du cynisme, mais je pense qu’il y a de l’espoir quand je vois les jeunes se mobiliser dans les rues. Il y a moyen de se réunir malgré les générations et les différentes communautés», lance-t-elle.

Plusieurs clins d’œil en lien avec l’histoire de Trois-Rivières sont faits dans le texte de la pièce. Les noms de tous les cocktails servis au Windigo en sont notamment inspirés.

D’ailleurs, pour s’assurer que tout soit le plus exact possible, Emmanuelle Brousseau est revenue en ville pour s’imprégner de l’histoire trifluvienne.

«On a lu à peu près tous les panneaux historiques qu’on croisait. On est aussi allé aux Vieilles Forges pour en apprendre un peu plus. Dès les premières versions du texte, c’était décidé que ça se déroulerait à Trois-Rivières. J’ai eu l’occasion de sortir de ma ville natale et j’ai aimé y revenir pour un projet artistique. Ça m’a permis d’en apprendre plus et de découvrir des choses que je ne savais pas», raconte-t-elle.

En septembre 2017, elle est également venue visiter les jeunes comédiens du Cégep de Trois-Rivières pour discuter de leurs idéaux, de ce qui les anime et de ce qu’est la vie à Trois-Rivières au début de la vingtaine. L’exercice a aussi permis à l’équipe de création de voir le texte être interprété une première fois.

Durant l’écriture, elle a aussi eu le soutien de la Young Creators Unit à Montréal, une organisation qui aide les auteurs anglophones de la métropole.

«L’Unité gère aussi les créateurs de textes bilingues, ce qui est le cas de cette pièce, explique Emmanuelle Brousseau. J’ai pu être accompagnée par le conseiller dramaturgique Jesse Stong. On m’a beaucoup aidée à développer la pièce. Avec le temps, Olivier Sylvestre s’est joint à titre de conseiller dramaturgique. La pièce a beaucoup évolué depuis le début.»

«Nous sommes les enfants du hangover de 95» sera présentée à six reprises durant le Fringe Montréal, soit les 6, 9, 10, 11, 15 et 16 juin au studio multimédia du Conservatoire (avenue Henri-Julien).

«Ce festival représente un bon banc d’essai et il y a une grande liberté artistique, de sorte que ça permet de découvrir de jeunes artistes et des compagnies de Montréal, comme la nôtre. On y retrouve toutes sortes de projets. On travaille cette pièce dans le but de l’amener ailleurs dans une saison professionnelle», conclut Emmanuelle Brousseau.