Un pari grandiose

THÉÂTRE. Le mardi soir 11 avril, la salle J.-Antonio-Thomson accueillera l’unique représentation mauricienne de la pièce à grand déploiement Le tour du monde en 80 jours. Le comédien trifluvien Benoit Gouin, qui incarne Phileas Fogg, n’est pas étranger à la science qui inspirait Jules Verne, lui qui avait débuté des études en médecine avant de faire le pari du théâtre.

Dans cette production, le Théâtre Tout à Trac, en collaboration avec le Théâtre du Nouveau Monde, s’est lancé dans un travail colossal d’enchaînements de costumes, de décors et de chorégraphies.

La pièce raconte l’histoire du gentleman anglais Phileas Fogg, qui, vers 1872, gage la moitié de sa fortune qu’il parviendra à faire le tour du globe en quelques semaines. Pourchassé par un détective, Fogg et son domestique seront confrontés à différentes cultures lors d’un périple qui les mènera dans 27 lieux, dont l’Inde, où ils sauveront une princesse du bûcher.

Le metteur en scène Hugo Bélanger, qui a adapté l’œuvre de Jules Verne, a décidé, plutôt que d’en faire un tour du monde purement géographique, d’offrir un tour du monde culturel.

«Il trouvait que c’était un prétexte parfait pour voir ce qui se fait en théâtre partout dans le monde», explique Benoit Gouin, qui interprète le personnage principal. «Il y a du théâtre de marionnettes, du théâtre d’ombres, de la comédie musicale, du western», informe-t-il. «C’est très coloré.»

Sur scène, on retrouve quatre personnages principaux et quatre autres qui sont en charge de jouer les différents univers d’un pays à l’autre. Le décor se modifie à vive allure à l’aide d’un système de rails, de cordes en coulisses, de cubes de bois qui se transforment en train ou en building.  

«C’est un spectacle de mise en scène, qui en met plein la vue, plein les oreilles. On est vraiment au théâtre!», assure le comédien Benoit Gouin.

Un détour par la médecine avant le théâtre

Le Trifluvien Benoit Gouin a lu les romans de Jules Verne étant plus jeune, lui qui était attiré par les sciences. Avant de devenir comédien, le fils de médecin a étudié trois ans en médecine. C’est à l’université qu’il s’est découvert une passion.

«J’ai toujours dit que la seule fièvre que j’avais contractée en médecine, c’était celle des planches. À partir du moment où j’ai fait ça une fois, j’ai voulu recommencer. Et me voici à 56 ans», raconte-t-il. Benoit Gouin a enchainé les rôles au petit comme au grand écran. Dernièrement, on a pu le voir dans les séries télévisées L’Heure bleue à TVA et Nouvelle adresse à Radio-Canada.

«C’est un plaisir de venir jouer ici, surtout dans l’une des plus belles salles au Québec. Je ne me fais pas tordre un bras!», raconte-t-il en riant. Le comédien a grandi dans le secteur Pointe-du-Lac Trois-Rivières. Il a été footballeur pour le Vert et Or au Séminaire Saint-Joseph avant de fréquenter le Collège Laflèche. «La Mauricie, c’est chez moi», confie-t-il.

Une histoire de voyages et d’ouverture

Dans l’adaptation d’Hugo Bélanger, Phileas Fogg est appelé à revoir sa vision du monde au contact des différentes cultures. «Il ne jure que par la ponctualité. C’est le personnage le plus ennuyant qui existe, il est très compartimenté, réglé comme une horloge», raconte le comédien. «Quand il arrive en Inde, il a l’impression que le pays ne veut qu’être colonisée et profiter de l’apport anglais. C’est la princesse qui va assouplir sa vision du monde.»

La production questionne notamment l’obsession de la vitesse et le rapport à l’autre. «Il enlève des couches, des masques, il découvre sa nature pour entrer en contact avec l’autre. Ça ne peut pas être plus actuel que ça», constate Benoit Gouin.

Prendre le temps de voyager réellement, le comédien l’a fait à quelques reprises. Des voyages ont été marquants pour lui, notamment cette aventure en solo en Europe, au début de la trentaine, avec un sac à dos. Un autre aussi à Moscou, où il jouait dans Les Trois Sœurs dans le pays de Tchekhov.

La pièce Le tour du monde en 80 jours, montée en 2015, est en tournée au Québec pour la saison 2016-2017. Culture Shawinigan et la Corporation de développement culturel de Trois-Rivières présentent conjointement la production. Il reste encore des billets, au coût de 47,50$ pour l’unique représentation en Mauricie qui aura lieu le mardi 11 avril prochain, à 20h. www.enspectacle.ca.