Un livre libérateur pour Renée Claude Beaudet

LECTURE. À l’âge de 12 ans, Renée Claude Beaudet a été impliquée dans un accident de voiture qui a fait trois morts, dont son père. Un accident qui a eu beaucoup de conséquences sur sa vie et dont elle partage les grandes lignes dans L’espace d’un temps, un livre d’environ 200 pages paru l’été dernier aux éditions Jets d’encre.

«L’accident est survenu en juillet 1973. Près de 45 ans plus tard, en parler vient encore me chercher. J’ai pleuré beaucoup en écrivant. Mais j’ai réglé bien des choses. L’écriture a été très libératrice», indique l’auteure de Sainte-Geneviève-de-Batiscan.

Mme Beaudet a peu de souvenirs de l’accident lui-même. «Je ne suis réveillée à l’hôpital. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Des gens venaient me voir mais pas mon père. Finalement, on m’a annoncé qu’il était mort.»

Un choc. «Mon père a été enterré pendant que j’étais hospitalisée», ajoute-t-elle la gorge nouée.

Le deuil a été difficile. «À cette époque, il n’y avait pas les soins d’aujourd’hui, reprend l’auteure. Si l’accident était survenu aujourd’hui, j’aurais été entourée de spécialistes. J’ai quand même réussi à m’en sortir, mais ça a été long.»

Étape par étape

Durant son adolescence, Renée Claude Beaudet croyait que tout allait bien. Rendue adulte, les émotions ont refait surface. «J’ai dû cheminer. Ça m’a pris des années pour réaliser tout l’impact "post-traumatique" sur ma vie.»

L’auteure est aujourd’hui en paix avec son vécu. Le livre a été une thérapie en soi, dit-elle. «Beaucoup de gens m’ont aidée à cheminer dans mon deuil. Mes proches, mais aussi des inconnus. J’en cite plusieurs dans mon livre.»

Autobiographie romancée

À la base, rien ne la prédestinait à écrire son histoire. Mais la rédaction, avec sa sœur, d’un livre portant sur le tarot en 2008 lui a fait prendre conscience qu’elle aimait écrire. «Comme mon père me revenait toujours en tête, je me suis dit que ce serait une bonne façon d’en parler.»

Elle a notamment eu l’aide de son frère et de sa filleule pour peaufiner son récit, qu’elle décrit comme une «autobiographie romancée». «Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de mon père car il y a des choses qui s’effacent; une conséquence du traumatisme que j’ai subi. Cependant, j’en ai fait ma source d’inspiration pour sensibiliser les gens à la conduite automobile.»

Cette cause, Mme Beaudet l’a particulièrement à cœur, puisque c’est la route qui lui a arraché son père. «On fait des choses aberrantes au volant. À l’époque, c’était conduire avec les facultés affaiblies. C’est moins répandu aujourd’hui, mais d’autres fléaux ont fait leur apparition, comme texter au volant. Ça a beaucoup changé, mais en même temps, c’est pareil car c’est tout aussi dangereux.»

Son livre se veut également un guide pour ceux qui, comme elle, ont douloureusement perdu un être cher. «Si ce livre peut aider ne serait-ce qu’une personne ayant vécu une situation dramatique, alors tant mieux», conclut l’auteure, qui planche maintenant sur d’autres projets d’écriture plus légers.

L’espace d’un temps est en vente sur Amazon.ca et disponible sur commande en librairie.