«Un fleuve bleu vert et Saint-Laurent»

«J’habite un fleuve en Haute-Amérique / Presque océan, presque Atlantique / Un fleuve bleu vert et Saint-Laurent / J’habite un grand boulevard mouvant / Une mer du Nord en cristaux de sel / Agile, fragile, belle et rebelle.»

C’est ainsi que Robert Charlebois décrit le fleuve Saint-Laurent dans la chanson du même nom, tout comme les Félix Leclerc, Sylvain Lelièvre et Gilles Vigneault qui ont chanté le Québec. Plus près de chez nous, le poète Gatien Lapointe a également immortalisé le fleuve par écrit dans son Ode au Saint-Laurent.

«L’évolution de la chanson est liée aux étapes de la société québécoise. On trouve beaucoup de chansons du terroir pendant les années 1930-1940 avec notamment La Bolduc. La chanson traditionnelle de l’époque de la Nouvelle-France en était une de labeur, c’est-à-dire que les travailleurs chantaient pour aller bûcher ou faire de la drave. La chanson venait de la France», explique Patricia Powers, grande amoureuse de la chanson québécoise et chargée de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

C’est avec la venue des années 60 que les chansonniers commencent à chanter le Québec. Avec la mort de Duplessis signant la fin de la Grande Noirceur, c’est une «ère de clarté» qui s’annonce pour les Québécois, précise Mme Powers.

«Dans les premiers temps de la chanson québécoise, on ne parlait pas de l’hiver. Il était considéré comme trop dur et n’était pas valorisé. Mais dès 1960, on a vu Félix Leclerc et Gilles Vigneault chanter le pays et la nature. On s’identifiait plus au Québec qu’à la France, avec le fleuve, les arbres, etc.», raconte-t-elle.