Troquer le hockey pour la caméra
Xavier Boucher a baigné toute sa vie dans le hockey, passant par les Estacades de Trois-Rivières (Midget AAA) aux Cataractes de Shawinigan, puis dans les deux ligues de hockey senior de la région. À 21 ans, il était derrière le banc des Saguenéens de Chicoutimi à entraîner les Rafaël Harvey-Pinard, Dawson Mercer et Hendrix Lapierre. Voilà pourquoi sa décision de délaisser son sport pour le cinéma en a surpris quelques-uns.
« Après ma saison à Chicoutimi, il y a eu la pandémie, mais j’avais des week-ends libres et j’écrivais. J’ai écrit 2500 mots par jour, tous les jours. J’ai ensuite pris la décision de m’inscrire à l’école pour aller faire, entre autres, un cours en réalisation de cinéma. J’ai fait tous mes cours sans hockey et ça m’amenait à découvrir une autre sphère que le hockey, justement, sphère que j’avais connue toute ma vie. Je voulais ensuite faire mon propre film et entre temps, j’ai écrit un livre pour le fun, mais qui finalement venait m’aider avec le financement de mon futur film », confie-t-il.
« Au départ, je voulais tourner un film de deux heures, mais je me suis vite rendu compte que c’était impossible. Je vais donc commencer avec un film de 25 minutes, d’environ 25 pages d’écriture. Je suis rendu à ma 25e version du film, ajoute-t-il en riant. On a déjà 14 personnes engagées. Les lieux sont réservés et on veut tourner le film en juin. J’ai dû lancer une campagne de sociofinancement sur La Ruche parce que c’est difficile de trouver des subventions et d’être accepté lorsqu’on n’a pas d’expérience. Bref, je vais financer en grande majorité mon projet et j’ai vraiment hâte à cet été. »
Au moment d’écrire ces lignes, le Trifluvien avait déjà amassé 65% de son objectif via sa campagne de sociofinancement. Son premier court métrage sera intitulé Cœur 100 lumières et raconte une quête identitaire d’un jeune garçon nommé Nathan. Au fil de trois étés, nous suivons son parcours sur le plan de l’amitié et des relations amoureuses avec, en trame de fond, des réflexions sur la masculinité, la nostalgie et surtout les regrets. L’idée est un peu similaire à son roman Marathon dans lequel deux coureurs de deux époques différentes essaient de trouver la raison qui les pousse à faire de la course.
« Le jeune personnage veut parler à son vieux lui. C’est vraiment une lettre d’amour à soi-même. J’ai eu l’inspiration lorsque j’avais 15 ou 16 ans et j’ai aussi lu aussi la lettre de Mike Bossy qu’il avait écrite au jeune Mike de 14 ans. J’aime tout de cet aspect-là! La suite des choses, c’est de tourner le film pour ensuite le présenter dans le plus grand nombre de festivals de films possible en 2024. Au-delà de la compétition, ça permet d’aller chercher un réseau de contacts dans le monde du cinéma et tant mieux si on remporte des prix. La scénarisation me tente également, alors ce sera à voir plus tard », ajoute-t-il.
L’avant-première de son court métrage devrait avoir lieu le 3 septembre prochain au cinéma Le Tapis Rouge, à Trois-Rivières, devant parents et amis. De son propre aveu, Xavier Boucher a toujours eu cette flamme en lui depuis son jeune âge. « Le hockey a toujours été la partie centrale de ma vie et je pensais continuer de faire du hockey, soit en coachant, soit en devenant recruteur. Par contre, j’ai toujours eu la passion des livres qui m’a été transmise par ma mère et mes grands-parents. J’avais aussi la passion pour les films, tellement que je regardais un film par soir à une certaine époque. J’ai visionné de tout, même les classiques des années 1990, 1980 ou même 1970. Cette passion-là est toujours restée et s’est accentuée ces derniers mois », raconte-t-il.
« Le hockey est tout ce que je connaissais et je n’exclus pas d’y revenir si jamais mes projets ne fonctionnent pas. Je n’ai jamais fait de théâtre et je ne suis pas issu d’une famille d’artistes, alors je suis très fier du chemin que j’ai parcouru depuis deux ans. Ma décision n’était pas comprise par tout le monde au début et c’était peut-être un peu champ gauche, mais je suis heureux d’avoir fait ce choix. J’ai suivi mon cœur et j’avais besoin de changement. Le cinéma est mon nouveau plan A et si je dois revenir à mon plan A #2 un jour, je le ferai. Je crois que j’ai encore ma place dans le hockey », conclut-il.
N’allez pas croire qu’il a totalement délaissé le hockey par contre. Xavier Boucher est présentement à Kuujjuaq pour y terminer un contrat de 7 mois en tant qu’entraîneur. Pour contribuer à son projet cinématographique sur la plateforme de La Ruche: https://laruchequebec.com/fr/projet/coeur-100-lumieres-financement-de-mon-premier-court-metrage.