Trois-Rivières, capitale de la poésie et du silence

POÉSIE. «Ma plus grande fierté, c’est de voir un couple lire un poème et s’embrasser après. Quand les gens viennent à Trois-Rivières pour s’embrasser, c’est qu’on a fait un beau travail», croit Gaston Bellemare, toujours aussi fébrile à l’approche du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, 32 ans plus tard.

À quelques jours de l’événement qu’il a fondé, il se demande: «Qui est-ce qui va me faire vibrer cette fois? Où est-ce que je vais trouver ce dont j’ai besoin pour passer l’année?». Les poètes de langue étrangère trouvent d’ailleurs un écho particulier chez lui. «Il y a toujours quelque chose qu’on comprend, même si ce n’est pas notre langue. C’est ça la poésie, c’est l’émotion au-delà des mots.»

D’ailleurs, c’est ce qu’il dit à ceux qui ne se sentent pas interpellés par la poésie: il faut écouter les mots avec le cœur. «Comme pour la peinture, il faut trouver le coup de palette dans lequel on se retrouve.» Il aime bien dire que son événement est un festival de la vie intérieure, un festival du silence.

Le plus gros et le plus ancien festival de poésie en province a vu le jour en 1985. «Nous étions très peu à y croire quand on a commencé.» Depuis les débuts, on jumelle la poésie à d’autres formes d’art, comme la musique et la peinture.

Le président fait toujours équipe avec la directrice générale Maryse Baribeau, qui s’occupe davantage de la logistique, alors qu’il veille surtout à la direction artistique, dont le choix des poètes invités. En plus du festival, l’organisation se donne comme mission de faire connaître les poètes québécois à l’étranger pendant l’année.

Un festival pour le public

La poésie est affichée sur les murs de la ville où on a également dispersé des boîtes à poèmes. «C’est d’abord un festival pour le public», ne démord pas Gaston Bellemare. On a d’ailleurs toujours cherché à offrir les activités dans de petits espaces, de manière à favoriser les échanges entre les poètes et l’assistance.

Gaston Bellemare croit que Trois-Rivières est un terreau fertile. «La plupart des poètes vivent à Montréal. C’est une ville de poètes, mais ce n’est pas une ville de poésie. Ici, oui.» C’est d’ailleurs Félix Leclerc, lors de la première édition, qui a baptisé Trois-Rivières comme étant la «Capitale de la poésie».

Pas prêt de s’éteindre

Quel est le moteur d’un tel festival après toutes ces années? «Le festival n’arrête pas, de la même façon qu’on n’arrête pas d’être amoureux», soutient Gaston Bellemare en souriant. «Quand tu veux exprimer tes émotions, les mots du quotidien sont insuffisants.» Tant qu’il y aura des émotions, il y aura des poètes, et tant qu’il y aura des poètes, le festival existera.

Pour sa part, le président commence à penser à se retirer. «Il faut savoir partir», estime-t-il. Mais pas tout de suite. «J’ai encore quelques rêves et je veux trouver la bonne personne.»

Rappelons que le Festival présente annuellement 350 événements, répartis sur 10 jours, et impliquant plus de 100 poètes venus des cinq continents. Dans près de 40 lieux, le festival apportera la poésie près du public, dans les restaurants, les cafés, les bars, les galeries d’art, les musées et les parcs. Cette année, le festival se déroule du 30 septembre au 9 octobre. La programmation complète se retrouve au www.fiptr.com.