Revue d’art Le Sabord: 40 ans et des projets à la tonne!

Il y a 40 ans, Jean Laprise et Guy Marchamps avaient l’idée de créer une revue culturelle pour mettre en valeur les artistes de la région dont le talent méritait d’être davantage découvert. Depuis cette première édition en noir et blanc, la revue d’art Le Sabord a grandi et évolué pour faire sa marque dans le milieu culturel du pays et d’ailleurs. C’est d’ailleurs la seule revue canadienne à offrir cette rencontre entre la littérature et les arts visuels.

Ce sont Karine Bouchard et Ariane Gélinas qui ont pris la relève à la direction de la revue d’art il y a quelques années. « On a pu parler avec Jean Laprise au lancement. Il nous disait qu’il fallait être fou pour croire à un projet de revue comme celui-là à l’époque. Guy et lui n’avaient pas d’argent, mais ils y croyaient. Quand on reprend la revue après 40 ans, les débuts sont importants. Ça a une valeur dans la mesure où on ne laisse pas tomber ce qui a été fait, tout en se réappropriant la revue à notre image », explique Karine Bouchard, codirectrice générale et artistique de la revue d’art Le Sabord.

« Je pense que Guy, Jean, Ariane et moi avons la même sensibilité aux choses, poursuit-elle. C’est un honneur de reprendre cette revue qui a rayonné à plusieurs époques. »

« Denis Charland a aussi beaucoup mis sa personnalité dans Le Sabord pendant toutes les années où il en a été le directeur, note Ariane Gélinas, codirectrice générale et littéraire du Sabord. Il était un spécialiste des arts visuels et, quand je suis arrivée avec Karine, je voulais travailler un peu plus le côté littéraire. Je pense qu’on a atteint un équilibre qui restait à être peaufiné. Par exemple, j’accompagne les écrivains et on a des possibilités de développement avec eux. »

Passé/présent/futur

Pour souligner les 40 années d’existence de la revue, Le Sabord se déploie en trois numéros spéciaux cette année. Le premier, Rhizomes, rend hommage aux débuts de la revue. On y retrouve notamment un livret en hommage à Denis Charland, une figure marquante du Sabord pendant de nombreuses années.

L’édition Carrefours, qui vient tout juste d’être lancée, porte sur le présent et met notamment de l’avant un bon nombre d’autrices qui ont joué un rôle au Sabord, tandis que le numéro Post, prévu à l’automne, s’attardera au futur du Sabord. C’est d’ailleurs les yeux tournés vers l’avenir que Karine Bouchard et Ariane Gélinas se lancent dans trois grands chantiers post 40e anniversaire, dont la mise en place d’une toute nouvelle plateforme numérique. 

« Il fallait changer le site web. Il n’est plus au goût du jour depuis un certain temps et on profite du 40e pour le revoir entièrement. On veut que ce soit également une plateforme de création qui proposera un volet augmenté au contenu de la revue, précise Karine Bouchard, codirectrice générale et artistique de la revue Le Sabord. Par exemple, ce sera possible d’ajouter de la vidéo, de l’audio et d’autres images pour, par exemple, présenter le processus de création de l’œuvre qui se retrouve dans la revue ou encore présenter d’autres œuvres du même corpus. On pourrait aussi y documenter les résidences de création des artistes. Cette plateforme deviendrait, du même coût, un lieu d’expérimentation, un laboratoire. »

« On sent que la revue est à un point pivot pour le développement du Sabord, renchérit Ariane Gélinas, codirectrice générale et littéraire. Je suis habitée par des idées de mouvements. On veut aller à la rencontre des artistes et d’autres revues, faire plus d’échanges avec les gens. C’est de voir de quelle façon on peut incarner et susciter ce type de rencontres au quotidien. »

Le Sabord sort des pages de la revue

L’équipe de direction souhaite également faire rayonner différemment Le Sabord dans les prochaines années. Pour le premier projet, Le Sabord sort des pages de la revue et prendra vie différemment dans une exposition d’arts visuels qui sera présentée en octobre prochain à la Galerie d’art du Parc.

Karine Bouchard et Ariane Gélinas ont fait appel à deux artistes et à deux écrivains, soit Gabriel Mondor, Isabelle Gagné, Simon Boivin et Maude Pilon.

« On leur a demandé d’imaginer ce que serait Le Sabord du futur. Ils ont tous embarqué. On a mis ce projet en branle en collaboration avec l’Atelier Presse Papier qui offrira une résidence de recherche et avec l’Atelier Silex qui proposera une résidence de production. Cela permettra aux artistes et écrivains de réfléchir, dialoguer entre eux et faire des tests », indique la codirectrice générale et artistique du Sabord.

Dans l’avenir, la revue d’art souhaite également faire une plus grande place au processus de création des artistes, vu de l’intérieur. Cette volonté prendra aussi la forme d’une nouvelle collection intitulée Œuvres vives. « On veut lancer la collection à l’automne 2025. Le projet se veut une alliance entre les arts visuels et la littérature et ça viendra aussi avec une résidence et un accompagnement, ajoute Ariane Gélinas. Durant les quatre prochaines années, on veut que nos numéros s’intéressent aux étapes de processus de création, que l’on pense à l’élan création, au lieu de création, à la diffusion, aux rencontres, etc. »

« L’exposition est le point jonction de tous ces projets, renchérit Karine Bouchard. On pense qu’on sera amené à s’ouvrir davantage. »

Les archives plus accessibles

Toutes les archives de la revue sont conservées dans les bureaux du Sabord. À la demande de Jean Laprise, l’un des cofondateurs du Sabord, les archives seront numérisées, du tout premier numéro au dernier. « On est en train de tout numériser. Il était ému quand on lui a annoncé qu’on allait de l’avant. Les archives seront disponibles sur la nouvelle plateforme numérique », conclut Karine Bouchard.