Racines de l’exil: « Je voulais comprendre pourquoi ils ont décidé de rester »

Ils sont nés en Syrie, en Bosnie-Herzégovine, en Mauritanie, au Brésil, au Maroc, en France, en Colombie, à Madagascar, au Vietnam. Plusieurs ont connu la guerre, la dictature et les inégalités sociales. D’autres ont eu une enfance plus douce. Mais ces hommes et ces femmes partagent tous un point commun: ils ont fait de Trois-Rivières leur nouveau chez soi et ont décidé d’y prendre racine.

Le livre Racines de l’exil écrit par Adis Simidzija met en lumière le parcours d’une vingtaine d’immigrants qui sont exilés de leur pays d’origine dans l’espoir d’une vie meilleure. Le livre est l’occasion d’aborder l’exil de ceux qui ont choisi d’immigrer ici pour un emploi ou pour étudier, par exemple, mais également de parler de l’exil forcé des réfugiés.

On y découvre des visages, des récits, des vies, des parcours, des obstacles, mais aussi beaucoup de possibles et d’espoir.

« Ça vient d’une quête personnelle. Je me suis demandé ce que ça veut dire être un immigrant à Trois-Rivières. Je m’y suis enraciné. Ça m’a porté à me questionner sur les autres personnes immigrantes qui veulent s’établir ici de façon durable, qui veulent y vivre, y mourir. Ce qui ressort des témoignages, c’est que les gens n’en ont pas nécessairement fait le choix », raconte Adis Simidzija, directeur de l’organisme Des livres & des réfugiés et coauteur du livre avec Simon Harel.

Il est allé à la rencontre de ces dix hommes et dix femmes qui ont accepté de se raconter. « Je ne voulais pas entrer dans des considérations trop larges sur le bon migrant. Je souhaitais aller chercher la spécificité de chaque personne, montrer la diversité dans sa diversité. J’ai approché Simon Harel qui s’intéresser aussi à l’approche littéraire de l’exil. On a réalisé qu’on a une sensibilité commune au niveau littéraire », souligne-t-il.

« Durant tout ce processus, j’ai redécouvert des amis, poursuit Adis Simidzija. C’était des discussions de près de deux heures. Je me suis ensuite limité à environ 1000 mots par histoire. C’était un défi, car chaque personne aurait pu avoir un roman avec sa propre histoire. »

L’auteur ne sombre ni dans le voyeurisme ni le drame absolu. On y nomme le racisme et la xénophobie, sans pour autant porter d’accusation. Bien que certains récits soient plus dramatiques, il en ressort toujours une certaine douceur, une lumière.

« Je voulais comprendre pourquoi ils ont décidé de rester. On rentre beaucoup dans le négatif et l’intolérance, car ça existe. Mais c’est aussi de voir ce qu’il y a de beau: la résilience, la persévérance, le courage », ajoute-t-il.

« Je trouve qu’on parle beaucoup d’immigration de façon réactionnaire. Quand on s’ouvre à l’autre, on est capable de douceur. Chacun a ses propres obstacles à franchir par son origine. J’espère que ça puisse permettre de comprendre davantage les obstacles traversés, de créer un dialogue sain, de s’ouvrir à l’autre et de l’accueillir avec bienveillance. La littérature nous le permet. »

Chaque témoignage est accompagné d’une photo prise par Félix Normand, ainsi que d’une photographie représentative fournie par la personne immigrante dans l’idée qu’elle puisse laisser une trace personnelle dans le livre.

Le livre Racines de l’exil est en vente sur le site Web de Des livres & des réfugiés au www.dldr.org.