Quand la musique classique s’harmonise avec la technologie

MUSIQUE. La harpiste trifluvienne Valérie Milot s’est donné pour mission de faire de la musique classique autrement et d’oser différents concepts. Elle pousse cette idée encore plus loin son nouveau spectacle «Obis», où musique classique et technologie s’harmonisent dans une mise en scène surréaliste.

Valérie Milot s’y retrouve au cœur d’une grande sphère qui sert d’espace de projection 3D. Son corps, sa harpe et ses vêtements servent également de surfaces de projection.

«Ces projections sont issues de plusieurs perspectives sur la musique. En écoutant de la musique, on a souvent des images en tête. Ça peut être un sentiment, comme une chanson qui nous rappelle un événement triste, par exemple. Je voulais mettre ça en image. J’en ai discuté avec ma metteure en scène, Élise Rivard. On a parlé de ce que je ressens en interprétant une chanson en particulier et elle me disait, comme auditrice, ce qu’elle percevait de son côté. On a bâti l’univers visuel de cette façon», explique-t-elle.

On peut y voir défiler différentes images, tout comme des ambiances visuelles plus abstraites. Une vingtaine de musiciens seront ainsi présents virtuellement pour accompagner la harpiste sur certaines pièces. À un moment, elle joue avec elle-même en projection.

«Il y a également une ambiance sonore entre les pièces, pour ne pas laisser le spectateur à lui-même, pour qu’il ne se sente pas seul. Ce spectacle a été créé pour envelopper, pour qu’on se sente dans une grosse bulle collective. Je voulais aussi que les gens se fient à ce qu’ils ressentent. Pas besoin de connaître la musique classique! L’important, c’est de ressentir quelque chose durant le concert. C’est quelque chose que l’on recherche comme musicien», note Valérie Milot.

Jouer de la harpe en pleine noirceur

Elle a d’ailleurs dû apprivoiser cet environnement multimédia. C’est qu’elle se retrouve souvent dans le noir ou encore dans une lumière éblouissante.

«C’est une expérience totale. Comme je ne voulais pas nuire à la qualité visuelle, j’ai commencé à pratiquer dans le noir. Ça m’a permis de développer un confort différent avec mon instrument. Dans ce concert, je me mets dans un état de vulnérabilité. Je joue aussi avec des écouteurs dans les oreilles puisque lorsque je joue avec des musiciens virtuels, il y a un certain décalage entre la projection et ce qu’on entend sur scène. J’ai donc une trame avec des repères. Alors j’entends cette trame, je m’entends jouer et je dois retrouver ma liberté d’expression dans tout ça. Je me sens un peu comme un funambule qui doit danser sur son fil de fer», explique Valérie Milot.

«En même temps, c’est vraiment enveloppant. Même si je suis seule sur scène, je vois les projections et je me sens entourée. Je suis confortable dans cet environnement. Je pense que je vis un peu la même chose que le public», ajoute-t-elle.

Vers l’Europe et les États-Unis

Cet environnement multimédia qui est au centre d’«Orbis» est chose fréquente dans les concerts de musique pop, mais il est très rare, voire pratiquement inexistant, dans l’univers de la musique classique.  

«C’est très nouveau comme concept en musique classique. C’est osé, mais ça demeure très accessible puisque ça réfère à beaucoup de choses que les gens voient dans la vie de tous les jours si on change de style de musique. Vu que c’est nouveau en musique classique, ça s’exporte assez bien», souligne Valérie Milot.

D’ailleurs, après la tournée qui se poursuit au Québec en 2018 et 2019, Valérie Milot prévoit faire vivre «Orbis» en Europe et développer un marché aux États-Unis.

«Tout est à construire en Europe. Le marché de la musique classique est très compétitif en Europe, même avec la harpe. Alors il faut outrepasser son instrument et véhiculer quelque chose de nouveau. «Orbis» est en partie issu de cette volonté. C’est à l’image de ce que j’aime faire dans la vie, soit prendre des risques et oser des concepts plus éclatés», explique-t-elle.

Valérie Milot estime également que l’environnement multimédia du spectacle et son côté explosif et déjanté pourraient lui permettre de se démarquer aux États-Unis. 

Valérie Milot: Orbis | Maison de la culture | 26 octobre, 20h | Billets: enspectacle.ca ou 819 380-9797