Propager les souvenirs avant qu’ils ne disparaissent

SCULPTURE. Jusqu’au 11 novembre 2017, le Musée québécois de culture populaire présente l’exposition du sculpteur Jean-Julien Bourgault: Témoin de son temps. L’exposition rend hommage à l’œuvre du célèbre sculpteur de Saint-Jean-Port-Joli.

Nicole Bourgault, fille de Jean-Julien Bourgault, a été approchée il y a plus de deux ans afin de bâtir cette exposition. Bien qu’au départ il ne devait s’agir que d’une exposition sur son père, il était hors de question pour la dame que l’on aborde que ses œuvres. En effet, les deux frères ainés de l’artiste, Médard et André, étaient eux aussi sculpteurs.

«Les trois frères étaient indissociables. Ils se respectaient et ils s’inspiraient l’un l’autre, nous ne pouvions détruire le lien qui les unissait. C’est entre autres pour cette raison que je voulais les trois frères réunis dans l’exposition», explique Nicole Bourgault.

«Les historiens de l’art leur ont fait beaucoup de tort. Selon eux, le grand artiste, c’était Médard. Mon père était d’une époque plus contemporaine, alors il a été rejeté. Cela a nui à mon père, mais aussi à André», poursuit-elle. «Il était temps que l’on rétablisse l’histoire».

L’exposition est divisée en six sections. L’une d’entre elles a été effectivement consacrée au lien unique qui unissait les frères Bourgault, surnommés les trois bérets. Cette association avait notamment pour objectif de faire un parallèle entre les pièces des artistes et de démontrer les techniques et les interprétations différentes qu’ils avaient pour un même sujet.

André Bourgault était féru de personnages, alors que Jean-Julien produisait beaucoup de bas-reliefs. Un bas-relief est une pièce de bois sculptée qui agit un peu comme un tableau. Il existe aussi des hauts-reliefs, la différence étant la profondeur. Quant à Médard, il était spécialisé dans les pièces religieuses, telles que des croix de chemin et des crucifix. Fait intéressant, il a éventuellement changé complètement de créneau en s’orientant vers le nu.

L’une des sections se présente comme les chroniques du quotidien de Jean-Julien Bourgault. Elle présente un aperçu des différents sujets abordés, tels la religion, la politique, les métiers, l’enseignement, l’agriculture. On y retrouve les nombreuses facettes de la vie de Saint-Jean-Port-Joli.

Une autre portion de l’exposition mise sur le travail religieux de Jean-Julien Bourgault. Il a en effet conçu une quantité notable de mobilier pour les églises québécoises, mais aussi du Nouveau-Brunswick, de l’Alberta et du Maine. On parle entre autres de sièges, de tabernacles et de confessionnaux.

Par la suite, l’imaginaire fantastique de Jean-Julien s’est beaucoup traduit dans ses œuvres. Il était inspiré par les légendes québécoises et créait ses propres personnages ainsi que ses propres histoires.

Pour clore la visite, est exposé le patrimoine laissé par le passage de Jean-Julien Bourgault. On y aborde les écoles qu’il a fondées ainsi que les œuvres qui sortent des sentiers battus. On y retrouve quelques nus, un marbre représentant son frère Médard, des camés de ses deux filles ou encore des têtes de cannes qu’il a réalisées alors qu’il avait plus de difficulté à sculpter, alors que la vieillesse le rattrapait.

«Il est difficile, après des centaines et des centaines d’œuvres, de choisir celle qui nous parle le plus. Il y a des pièces qui m’ont touchée beaucoup, peut-être par le sujet ou par la façon dont il l’a exécutée. Il y a autant de belles pièces en art religieux qu’en art populaire, ou encore de bas-reliefs ou de personnages!», partage Nicole Bourgault. Au Musée québécois de culture populaire, il est possible d’y admirer environ 80 pièces.