Premier «Shift»: un parcours urbain à la mémoire de la C.I.P

PARCOURS. Grâce à un iPod et de nombreux témoignages sonores, le parcours urbain Premier «Shift» du Centre d’histoire de l’industrie papetière à Trois-Rivières, Boréalis, transportera les visiteurs 20 ans en arrière, dans le quotidien du premier quart de travail d’un employé de la Canadian International Paper (C.I.P), jadis le plus important moulin à papier au monde.

«Rien n’est plus vivant qu’un souvenir» a dit Federuci Garcia Lorca. Le Centre d’histoire de l’industrie papetière à Trois-Rivières l’a compris. Ouvert au public dès la semaine prochaine, son nouveau parcours «hors mur» ravivera l’âme de l’usine 15 ans après sa démolition. Du mois, c’est ce qu’espère la directrice de Boréalis, Valérie Bourgeois.

«Depuis la fondation de Boréalis, notre mission est de mettre en valeur le patrimoine et l’histoire de l’industrie papetière à Trois-Rivières grâce à la mémoire des hommes. La promenade va justement permettre aux visiteurs de se réapproprier le site et y découvrir le lien qui existe entre l’usine et son quartier», déclare-t-elle.

D’une durée de 50 minutes, le circuit de deux kilomètres sillonne les anciens terrains de l’usine de pâtes et papiers et le cœur du quartier Ste-Cécile.

Là où il n’y a pas si longtemps encore, des centaines d’employés s’affairaient sur les montages de bois immenses surplombant les terrains de la C.I.P, devenu Trois-Rivières sur Saint-Laurent. Jusqu’à la fermeture de l’usine en 2000, les familles du quartier Ste-Cécile vibraient au rythme des quarts de travails des hommes de la maison.

Sans aucun guide, ce nouveau produit touristique est offert de manière autonome. Seuls un casque d’écoute, un iPod et un petit livret agrémenté de photographies d’archives accompagnent le participant au rythme des souvenirs.

Cette liberté est de plus en plus recherchée par les touristes, croit Mme Bourgeois. «Le désir de sortir des murs et d’amener les expositions à l’extérieur du musée est une nouvelle tendance depuis environ cinq ans, explique-t-elle. Les gens préfèrent maintenant faire des découvertes urbaines. Ils ont également moins l’impression d’avoir passé un bel après-midi ensoleillé dans un musée».

Mentionnons que Premier «Shift» s’inspire des parcours sonores (sound walk) de Manhattan, de Paris et de celui de l’Université Concordia à Montréal.

«Collecte de mémoire»

Pour rendre possible cette activité, Boréalis a lancé un appel dans le quartier afin de récolter une dizaine de témoignages de personnes qui ont été touchées de près ou de loin par la C.I.P. Les visiteurs pourront donc se laisser guider par les anecdotes d’anciens travailleurs comme Gaétan Babineau ou encore Julienne Gauthier-Paquette, une résidente de Ste-Cécille.

Le parcours sera offert à l’année au coût de 5 $. Pour 5 $ supplémentaires, une boîte à lunch du travailleur comprenant une pomme, une galette, un fromage et un jus sera aussi disponible. Les visiteurs pourront manger cette collation à la station du parc Lemire.

Valérie Bourgeois est confiante d’attirer près de 500 personnes sur l’ancien site industriel pour cette première saison estivale.

Anecdote

Si l’on raccordait tous les billots de bois qui ont descendu la rivière Saint-Maurice durant les fonctions de la C.I.P, on pourrait faire huit fois l’aller-retour de la Terre à la Lune. Durant 100 ans, un million de «pitounes» de bois par année ont passé par cette usine.