Philippe Brach et le portrait d’une fin du monde

MUSIQUE. Philippe Brach aime créer sans censure, sans chaînes, et avec toute la liberté du monde. Il entretient ce désir de liberté extrême, voire ultime, de vouloir faire plus et différemment. C’est dans cet esprit qu’est né Le silence des troupeaux, son plus récent album, qu’il viendra présenter cette semaine à Trois-Rivières.

Sorti le 3 novembre, ce troisième album est en quelque sorte la fin du triptyque entamé avec La foire et l’ordre, puis Portraits de famine.

Pour ce nouvel opus, l’auteur-compositeur-interprète fait plonger le public dans son univers tourmenté dans une dizaine de chansons teintées de fin du monde. Si la moitié des chansons met de l’avant Brach et sa guitare, l’autre moitié est portée par des orchestrations aux accents de violons et de cuivres.

«Il y a une partie de moi qui veut faire quelque chose que je n’ai jamais fait. Dans mon cheminement, c’était la suite logique d’ajouter le plus de musiciens possible. La place était ouverte et les textes allaient bien avec des orchestrations. On savait qu’on voulait aller dans cette direction. Par exemple, je voulais que Tu voulais des enfants sonne à la Nat King Cole. C’était mon point de départ», raconte Philippe Brach.

Comme il se l’impose depuis son premier album, Le silence des troupeaux s’ouvre sur une pièce instrumentale qui donne le ton pour la suite des choses.

«C’est aussi un désir de ne pas faire les choses à moitié, voire même de les faire en double, poursuit-il. Je trouve que cette chanson instrumentale met la table, quoiqu’après trois chansons, tu en as une avec des sons d’animaux et une autre dans la lignée de la chanson québécoise. Ça fait en sorte qu’après trois ou quatre tounes, tu n’as pas le choix d’arrêter de te demander ce qui s’en vient. L’expérience de l’écoute devient alors moins cérébrale, plus émotive. Puisque j’écris de façon cérébrale, j’aime que l’écoute ne le soit pas.»

Dans la Sibérie du 17e siècle

En parallèle aux chansons, la pochette de l’album présente également les Lettres du Frère Hurlant. On y découvre les lettres de ce missionnaire parti en Sibérie à l’époque de la colonisation de la Nouvelle-France. Malade, il se fait rejeter par les communautés inuites du territoire.

«Il finit par être à la dérive. Il est convaincu qu’il va mourir et que c’est la fin du monde, mais en parallèle, c’est le début de plein de choses en Nouvelle-France. Je vois ce récit comme une clé de compréhension: sur l’album, on a une impression de fin du monde, mais peut-être que je me trompe. J’espère que je me trompe et que c’est plutôt juste la fin de certains concepts tels qu’on les connaît et que quelque chose d’encore plus grand est en train de pousser», conclut Brach.

Philippe Brach viendra présenter ses nouvelles chansons à la Maison de la culture le 1er mars à 20h.

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L’histoire derrière…

Fin du monde: «C’est comme si les deux premières tounes étaient chronologiques, un peu comme si on avait vécu l’élément déclencheur qui va entraîner la fin du monde. Fin du monde est post-apocalyptique, mais c’est comme si les êtres humains n’avaient plus besoin de nourriture pour vivre, mais qu’ils avaient plutôt un besoin essentiel d’affection et d’amour, à la manière de zombies de l’amour. Je trouve que ça ouvre bien l’album parce que ça allier les principaux thèmes qui y sont abordés: l’amour et l’apocalypse».

-La guerre (expliquée aux adultes): «C’est la pensée magique. Les enfants viennent chanter que quand l’amour mènera le monde, il n’y aura plus de problèmes, mais ils vont courir dans le champ de mines. C’est une chanson sur la pensée magique, sur la bonne conscience qu’on se donne par rapport à de petits gestes.»

Philippe Brach: Le silence des troupeaux | Maison de la culture | 1er mars, 20h | Billets: enspectacle.ca ou 819 380-9797