Paul-Yvan Bourgault donne vie à du bois

PORTRAIT.. D’un réalisme… surréel! Voilà comment on pourrait décrire les œuvres du sculpteur Paul-Yvan Bourgault, de Saint-Narcisse.

Que ce soit un vieux gant de baseball, un sac à main, un jean, un parapluie ou un manteau, par exemple, il est facile de se méprendre entre l’original et sa réplique de bois. Et lorsqu’on tombe dans le panneau, l’artiste sourit et prend le compliment!

Le drapé, les formes, la couleur et la finition sont sans reproche. Les pièces, grandeur nature, font écarquiller bien des yeux. «J’aime reproduire le mouvement et ajouter à mes œuvres des éléments réels, comme des rivets aux jeans. Ça m’amuse. Ce n’est pas rare que des gens pensent que je vends des vêtements lors d’expositions», raconte-t-il sourire aux lèvres.

Chaque œuvre se pointe le bout du nez à la suite d’un coup de cœur. «Je puise mon inspiration dans les objets du quotidien et souvent, c’est dans des ventes de garage que je les trouve. J’aime les choses qui ont du vécu.»

Tout peut devenir l’objet d’une sculpture. Parlez-en à sa femme, qui a cherché pendant deux ans la belle sacoche rouge qu’elle venait tout juste d’acheter… «J’avais le goût de la sculpter, mais j’avais d’autres projets en cours. Alors je l’ai gardée dans mon atelier jusqu’à ce que je sois prêt à la faire», se défend-il en riant.

Chaque pièce apporte son lot de satisfaction et de défis. Mais quand vient le temps de cibler laquelle est sa préférée d’entre toutes, l’artiste fronce les sourcils un instant, puis s’éclaire: «C’est toujours celle qui est en cours de confection», laisse-t-il tomber, tout simplement.

Histoire de famille

Paul-Yvan Bourgault est issu d’une famille de sculpteurs reconnus de Saint-Jean-Port-Joli. Mais jamais son illustre grand-père (Médard Bourgault, dont l’œuvre fait partie du patrimoine religieux et paysan du Québécois) ou son père, Fernand ne lui ont enseigné comment manier la gouge. «C’est inné. Je n’allais pas encore à l’école que je "gossais" du bois!», se rappelle-t-il.

Ce plaisir ne s’est jamais estompé. «J’oublie le temps quand je sculpte», avoue celui qui, entre deux œuvres, a fait carrière comme gestionnaire de services alimentaires jusqu’à sa retraite, il y a trois ans.

Aujourd’hui, il est le seul de la lignée des Bourgault à faire de la sculpture sur bois de façon régulière. Et probablement le dernier, puisque ses trois enfants n’ont jamais vraiment manifesté d’intérêt à l’égard de cet art. «Ça s’arrête ici, mais c’est la vie», philosophe-t-il, serein.

Enseignera-t-il un jour son art et sa technique? «J’aimerais bien, dit-il, mais c’est impossible car c’est tellement ancré en moi que je ne saurais pas l’expliquer!»

Ainsi, à défaut de pouvoir donner des cours de sculpture, il transmet son savoir dans un autre domaine où il excelle: la cuisine. Depuis 2015, il montre à des hommes de la région à cuisiner un repas complet dans le cadre du projet «La cuisine au masculin», qu’il a mis sur pied en collaboration avec l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) et Appui Mauricie. Une expérience gratifiante… elle aussi sculptée à sa main!

 

De morceau de bois à œuvre d’art

Pour réaliser ses œuvres, Paul-Yvan Bourgault utilise principalement du bois de tilleul. À de plus rares occasions, il emploie aussi le noyer cendré. L’artiste s’approvisionne à Saint-Narcisse, où il demeure, et à Saint-Stanislas. «C’est du bois d’érablière: il a moins de nœud car les branches poussent en hauteur», explique-t-il. Le bois est séché de façon naturelle et une fois sculpté, il est teint selon les plans de l’artiste puis vernis à l’eau.