Metaperotin: marquer la présence de la Nation Atikamekw

Depuis la mi-septembre, une grande murale réalisée par l’artiste Jacques Newashish est visible depuis la rue Champflour au centre-ville, marquant la présence ancestrale et l’histoire de la Nation Atikamekw à Trois-Rivières.

Cette murale est issue de la série Dialogues inspirants des Productions Feux sacrés, un organisme montréalais avec lequel collabore Jacques Newashish depuis quelques années, en collaboration avec Creativo Arts. »Ils aident les artistes à promouvoir leur art et l’art autochtone. C’était surtout basé à Montréal, mais là, on veut que ce soit visible partout. L’idée est que chaque nation réalise une œuvre dans son territoire. On commence ici », indique Jacques Newashish.

L’œuvre s’intitule Metaperotin, un mot Atikamekw qui signifie « Là où les vents se croisent ». Trois-Rivières est l’un des premiers postes de traite et portait le nom de Metaperotin.

« C’est notre présence ancestrale qu’on veut souligner ici, à Trois-Rivières même. Les Atikamekws étaient présents ici il y a 500 ans. C’est aussi une affirmation qu’on est encore présent ici, comme nos ancêtres. Ça permet de faire découvrir l’origine de Trois-Rivières », explique l’artiste multidisciplinaire membre de la nation atikamekw.

La murale se décline en trois temps. Il y a cet autochtone d’un autre temps qui regarde au loin et qui fait référence à des temps plus anciens avec ses canots d’écorce et le territoire qui se déploie derrière lui. À l’opposé, une jeune femme autochtone qui représente la génération d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs le visage d’une jeune femme que l’artiste a rencontrée. « On avait besoin d’un visage féminin et quand je l’ai vue, je me suis dit que c’était ce visage qu’il fallait. Je lui ai expliqué le projet et on a peint son visage ici à partir d’une photographie », raconte Jacques Newashish.

Et au cœur de l’œuvre, le vaste capteur de rêves vient faire le lien entre le passé et le présent, entre ces deux époques qui rêvent de l’avenir.

Pendant la réalisation de la murale, plusieurs curieux se sont arrêtés pour venir discuter avec l’artiste. « Plusieurs personnes lisaient Metaperotin et me demandaient ce que ça veut dire. On explique. Des voisins nous regardaient travailler sur la murale, nous disaient qu’ils l’aimaient. Il y a déjà un pas qui est fait dans le dialogue, dans la volonté de parler, et c’est ce qu’on souhaite », précise Jacques Newashish.

« Il y a une plus grande curiosité face à l’art autochtone. Pas plus de connaissances, mais c’est dans la curiosité. On se pose des questions, on veut savoir. Il y a une belle ouverture dans le fait que les gens veulent savoir », ajoute-t-il.

M. Newashish s’est allié avec Rodrigo Ardilles et Pablo West, deux muralistes de Creativo Arts Collective, pour produire la murale. Le projet en cours avec Feux sacrés se poursuivra l’an prochain, tandis que d’autres murales seront réalisées dans d’autres communautés du Québec. Un projet de murale est également dans les plans du côté de Montréal en octobre. »On espère continuer à laisser notre trace », conclut M. Newashish.