Louise Lacoursière replonge dans l’univers de La Saline

LIVRE. Il est difficile de faire des adieux à des personnages que l’on a vraiment aimés et l’écrivaine Louise Lacoursière n’était pas prête à faire le deuil des personnages qu’elle a fait vivre dans la trilogie La Saline.

Louise Lacoursière nous revient donc avec Anne Alarie dans son nouveau roman La jeune fille au piano.

On se souvient de la jeune Anne, fille du ramancheur de Saint-Léon-le-Grand et aveugle depuis l’enfance. Cette fois-ci, on la retrouve dans la métropole où elle entame des études en musique à l’Institut Nazareth.

«Elle réussit à convaincre sa famille et son père d’aller étudier à l’Institut Nazareth. À cette époque, les personnes aveugles avaient très peu de moyens. Avant, on la cachait. Quand tu étais aveugle, c’était une punition de Dieu», explique Louise Lacoursière.

Loin du cocon familial, son arrivée dans ce nouvel environnement ne se fera pas sans heurt. La vie au pensionnat, l’enseignement des religieuses, les amitiés féminines et les premiers émois amoureux baliseront ce passage vers l’âge adulte et la métamorphoseront.

«On voit la métropole à travers les perceptions d’Anne. On la suit dans certains endroits de la ville, dans les tramways et à son concert de fin d’année. J’ai réussi à trouver une coupure de journal qui disait que 1600 personnes avaient assisté au concert au Monument National. On vit tout ça avec elle. Même si elle est aveugle, ce n’est pas un monde de tristesse. C’est un monde sévère, mais de joie, où on mise sur l’activité physique pour développer l’autonomie des jeunes aveugles», raconte l’écrivaine trifluvienne.

Un sens en moins

Comment écrit-on un roman quand son personnage principal ne voit rien?

«Ce n’est pas facile, mais pour moi, l’émotion doit être au cœur du roman, donc c’est ce que j’ai priorisé. Ce sont les perceptions d’Anne. Toutefois, on suit aussi des personnages autour d’Anne qui la voient évoluer. Une de mes principales difficultés a été de trouver une façon d’enseigner le piano à une jeune fille aveugle de l’Institut Nazareth», souligne Louise Lacoursière.

Comme la vie fait parfois bien les choses, elle est entrée en contact avec une femme qui possède un baccalauréat en piano de l’Institut Nazareth.

«Elle m’a fait rencontrer une personne aveugle qui a un doctorat en pédagogie portant sur l’enseignement de la musique et l’enseignement du braille.»

L’auteure s’est aussi inspirée de sa propre mère qui est devenue aveugle au fil des années. «Elle ne voulait pas que ça paraisse. Elle était joyeuse et débrouillarde. Elle avait ses petites manies et ses trucs. Je les ai reproduits pour Anne. Je me souviens, entre autres, qu’on avait établi des codes quand je lui tenais la main», explique Louise Lacoursière qui a aussi rencontré de jeunes élèves malvoyants de l’école Jacques-Ouellet, en Montérégie, pour en apprendre davantage sur leur quotidien et sur leurs trucs pour être plus autonomes.

Comme pour ses autres romans, elle a procédé à une recherche minutieuse pour que tout soit conforme à l’histoire de l’époque. Elle s’est même assuré que les pièces que jouent Anne soient accessibles à une pianiste du niveau de sa protagoniste.

Il n’est pas nécessaire d’avoir lu la trilogie de La Saline pour bien saisir l’histoire de ce nouveau roman. Le lancement officiel de «La jeune fille au piano» se fera le 7 octobre à la librairie Poirier.

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Judy, Marie-Louise et compagnie

D’autres personnages tirés de l’univers de La Saline auront droit à leur propre roman. Ce sera le cas pour Judy, Marie-Ange, du petit frère de Benjamin et de Marie-Louise.

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En braille

«La jeune fille au piano» existera son peu dans une version en braille, mais aussi en livre vocal (les livres Vue et voix) et dans une version en gros caractères. La publication du roman en format de poche est aussi prévue.

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Suivez Marie-Eve Alarie sur Twitter: @meve_alarie