Les limites de la légitime défense

LITTÉRATURE. Un homme s’introduit en pleine nuit dans le domicile d’Élaine Proulx et de Vincent Brassard. Pour se défendre, ce dernier frappe l’intrus avec un bibelot, le tuant sur le coup. Il s’avère que la victime est un certain Yves Quessy, un homme qui harcelait sa femme.

À première vue, tout porte à croire que Vincent Brassard a agi en légitime défense. Toutefois, des détails qui seront dévoilés lors de l’autopsie laissent penser que l’enquête sera plus complexe que prévu.

Dans cette quatrième enquête de l’enquêteur Jean-Sébastien Héroux intitulée «Deux coups de pied de trop», l’auteur trifluvien Guillaume Morrissette brouille les pistes à plus d’une reprise. Longtemps durant la lecture, le lecteur se pose la question: était-ce réellement de la légitime défense?

«Je joue avec le discrétionnaire. Dans le code criminel, on a le droit de se défendre en tuant s’il y a un danger de mort. Toute la notion du doute raisonnable embarque aussi dans l’équation. Quelqu’un entre chez vous durant la nuit, il ne s’annonce pas. Est-ce que le tuer relève de la légitime défense de facto? Faudrait-il l’interpeler d’abord? Je joue beaucoup avec cette mince ligne entre la légitime défense et ce qui ne l’est pas», explique Guillaume Morrissette.

En parallèle, un nouveau capitaine arrive au poste de police. L’enquêteur Héroux doit jongler avec les priorités de son capitaine, en plus de poursuivre l’enquête sur la mort d’Yves Quessy. C’est que le nouveau capitaine semble plus intéressé par la réouverture de cas non résolus dans le but de surcharger le laboratoire médicolégal de Montréal en envoyant de nombreuses demandes d’analyses.

«Dans le livre, le maire aimerait avoir un laboratoire de sciences médicolégales à Trois-Rivières, entre autres avec le programme de criminalistique à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il veut donc déterrer un paquet de cold cases pour surcharger le laboratoire de Montréal et montrer qu’il y a un besoin pour un autre laboratoire», souligne l’auteur.

Un nouveau défi d’écriture

Par ailleurs, dans ce roman, c’est la première fois que Guillaume Morrissette nous fait exclusivement suivre l’équipe d’enquêteurs, ce qui amène le lecteur à connaître davantage les policiers. Dans ses précédents livres policiers, il avait pris l’habitude d’alterner les points de vue du criminel et des enquêteurs.

«Je voulais que ce soit linéaire et l’histoire s’y prêtait bien. Ça ne servait à rien de donner le point de vue du criminel parce qu’on sait dès le début qui est mort. Pour moi, c’est un nouvel exercice littéraire. Je pense que c’est le fun aussi pour le lecteur de découvrir les indices en même temps que les enquêteurs», explique Guillaume Morrissette.

Le défi aura été de ne pas transporter le lecteur trop rapidement vers la solution. «Je voulais que le lecteur se fasse une bonne idée, mais ça prend des punchs. Il ne fallait toutefois pas les dévoiler trop vite. Je devais être patient pour amener le lecteur là où je le voulais», conclut-il.

L’auteur trifluvien renouera bientôt avec le thriller psychologique. Son prochain roman «L’Oracle et le revolver» devrait être publié pour la rentrée automnale.

Deux coups de pied de trop | Roman policier | Guy Saint-Jean Éditeur | En librairie

 

Le saviez-vous?

La première enquête de l’inspecteur Héroux, «L’Affaire Mélodie Cormier», est maintenant disponible en France.