L’histoire du tueur à gages Donald Lavoie portée à l’écran

Le film Crépuscule pour un tueur, qui a pris l’affiche au cinéma le 10 mars, met de l’avant le talent de Benoît Gouin et de Rose-Marie Perreault, tous deux originaires de Trois-Rivières.

Dans Crépuscule pour un tueur, Éric Bruneau interprète le tueur à gages Donald Lavoie qui travaillait sous les ordres de Claude Dubois, le boss de la pègre du Sud-Ouest de Montréal, au tournant des années 80.  Lorsqu’un double-meurtre ne se déroule pas comme prévu, Lavoie se retrouve pris en étau entre le clan Dubois et la police qui le pourchasse.

« J’avais cette idée dans mon tiroir depuis longtemps. C’est quelque chose que je connaissais à l’adolescence. J’ai entendu parler des frères Dubois pour la première fois à cette époque et j’ai commencé à lire là-dessus, raconte Raymond St-Jean, réalisateur et coscénariste du long-métrage avec Martin Girard. Quand Donald Lavoie est apparu en scène, dans la période que l’on raconte dans le film, il était à peine connu. C’est lorsqu’il qu’a décidé de devenir témoin que son nom est sorti sur la scène publique. Il s’est mis à raconter des choses et il y avait beaucoup d’articles à ce sujet publiés dans les journaux. »

C’est Benoît Gouin qui campe le rôle de Claude Dubois. « C’est un univers fascinant. Je me souviens, quand j’étais jeune adolescent, des titres du Journal de Montréal et d’Allô Police de cette époque, raconte l’acteur qui a grandi dans le secteur de Pointe-du-Lac. C’était sanguinaire. J’avais quelques souvenirs aussi des frères Dubois et voilà que 40 ans plus tard, je me fais offrir le rôle de Claude Dubois. C’est un rôle qui est aussi très bien écrit. »

Pour incarner le boss de la pègre, Benoît Gouin s’est remémoré comment étaient présentées ces histoires à l’époque. « Il fallait que le personnage ait de l’ascendance pour que la violence ne vole pas la vedette. La violence est très frontale dans le film et il n’y a pas de complaisance dans la façon de la présenter. Pour Dubois, il y a un enjeu de loyauté et un esprit de famille très fort. Les frères Dubois, c’était une fratrie et ils ont embauché des gens qui devaient avoir une loyauté absolue envers eux », souligne-t-il.

« Dubois est un gars de famille qui protège son territoire. De son côté, Donald Lavoie est en perte de repères. Il n’a pas de famille et cherche de la validation. On les retrouve au moment où Dubois perd confiance en lui. Il en découle un enjeu shakespearien », ajoute l’acteur qui a exploré des zones plus sombres chez lui pour interpréter ce rôle.

Si de nombreux éléments du film sont de l’ordre de la fiction, l’histoire se base sur des faits historiques retracés dans les journaux et les documents publics de l’époque. D’ailleurs, c’est avec Donald Lavoie qu’est né le programme de protection des témoins.

La famille en filigrane

C’est un personnage tout en nuances qu’offre Rose-Marie Perreault dans son interprétation de Francine, la femme de Donald Lavoie

« Il n’était pas le gars le plus tendre au monde. La violence n’était pas que dans sa job. C’était auprès de sa femme aussi, souligne-t-elle en faisant notamment référence à une scène où Donald Lavoie gifle violemment sa femme. C’est un couple qui s’aime, mais il s’enlise dans la violence. Francine est une femme malheureuse et qui a un instinct de survie, qui se demande comment le garder proche d’elle. Elle essaie de le réformer et croit qu’il la choisira, elle et leur fille. Ce n’est pas ce qui arrive. Elle va prendre les moyens de sa propre vie. »

C’est aussi le seul personnage féminin du film. « C’est un rôle secondaire, mais qui est central aussi, car ça vient montrer ce pan de la vie de Donald Lavoie quand il n’est pas avec les bandits. Elle est une victime collatérale et a souffert. On voit peu Francine parce que Donald voit peu sa famille également », fait remarquer la jeune actrice de Trois-Rivières.

« La famille traverse le film, renchérit Éric Bruneau. Sa vraie famille, il va la tasser jusqu’à ce qu’il perde tout et qu’il demande si elle est encore là. Ben non. Ça devient un vrai enjeu. Il essaie d’être avec elle, mais ça a une vraie conséquence sur sa vie. Il est allé trop loin. »

Ce dernier a rapidement été intéressé par le projet, tout d’abord pour la complexité du personnage, mais aussi par l’ampleur de l’histoire qui est portée à l’écran. « Tout m’a tenté dans ce projet et le fait que le gars soit encore vivant et qu’il vit sous une nouvelle identité, je trouvais ça immense, souligne-t-il. Avec Rose-Marie, on ne jouait pas de façon aimable. J’ai l’impression qu’on ne se protégeait pas. On a plongé et on est allé dans le côté sombre. On n’a pas essayé de sauver notre peau d’acteur pour que les gens nous aiment. Ça s’est fait ensemble. Il y avait cette place-là entre nous et Rose-Marie a plongé aussi là-dedans. »

Crépuscule pour un tueur est à l’affiche au Cinéma Le Tapis Rouge à Trois-Rivières et au Cinéma Biermans à Shawinigan.