Les papillons-organes d’Audrey Charron

Pour débuter l’année 2020, le Centre de diffusion Presse Papier accueille la première exposition solo d’Audrey Charron.

Les œuvres de l’exposition «Les planches anthropomorphiques» représentent des papillons, mais lorsqu’on les observe de plus près, on distingue un bassin, un cœur, un estomac et d’autres organes. Les sept organes intégrés aux papillons sont associés à un point d’énergie, un chakra.

À la base, l’esthétisme et les couleurs des papillons fascinent Audrey Charron: «J’avais souvent utilisé le papillon comme élément graphique. C’est sûr qu’il a une symbolique immense en soi comme la transformation, l’évolution, la fragilité, l’éphémère… Ce sont des thèmes qui m’interpellaient déjà».

Quand elle a commencé à s’intéresser davantage au papillon, elle a découvert un insecte «vraiment spécial». Les organes s’y sont greffés par la suite, à un moment inattendu.

«J’ai vécu la mort de mon père. Après quelque temps, j’ai voulu le représenter d’une façon. J’ai alors commencé à faire un portrait de lui, mais je n’ai jamais été intéressée par les portraits, de sorte que je l’ai mis de côté. Ce n’est pas mon type d’art. Son décès m’a inspiré le dessin d’un cœur humain puisqu’il est décédé d’un infarctus. C’est là que s’est fait le déclic de mes papillons-organes. J’ai vu du potentiel dans cette idée et je me suis mise à en inventer plein. Mais le papillon-cœur est le premier que j’ai réalisé», confie Audrey Charron.

Volontairement, le papillon-cœur trône d’ailleurs au centre de l’exposition, bien visible.

L’artiste a dessiné tous les papillons à la main avant d’appliquer l’aquarelle et de faire la sérigraphie. La reproduction des organes suffisamment précise pour qu’on les reconnaisse a également représenté un défi de patience pour Audrey Charron.

«J’ai toujours été intéressée à montrer l’évolution dans mon art et un aspect de merveilleux. C’est petit, détaillé. On voit les papillons au premier abord, mais probablement que les visiteurs ne remarqueront pas tout de suite la présence d’un organe dans l’œuvre. Je suis contente de ça. J’aime réaliser des œuvres ayant différents niveaux comme ça», note-t-elle.

Détentrice d’un baccalauréat en arts plastiques de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Audrey Charron a déjà participé à quelques expositions collectives avec d’autres membres de l’Atelier Presse Papier, mais cette exposition solo la rend particulièrement fière et aura été toute une expérience.

«Je vois comment mon art a évolué depuis mon projet de fin de baccalauréat. D’habitude, j’ai une œuvre dans une exposition et non un ensemble d’œuvres. Je suis passée à travers plusieurs choses et étapes de la vie. Je constate que j’ai trouvé un autre moyen d’exprimer ce que je disais déjà», souligne Audrey Charron.

Elle aimerait bien faire voyager ses œuvres, mais elle n’a pas d’autres projets d’exposition pour l’instant.

«Ce n’est que le début. En créant les œuvres pour l’exposition, ça m’a donné encore plusieurs idées. Je veux ajouter beaucoup de choses dans ce projet, faire des variations et de nouveaux papillons. Le processus m’a aussi amenée à m’interroger sur mon propre corps. J’ai voulu représenter les chakras pour cette première étape, mais je pourrais en faire un sur la peau, par exemple. J’ai la tête remplie d’idées», conclut-elle.

Le vernissage de l’exposition «Les planches anthropomorphiques» aura lieu aujourd’hui (9 janvier) à 17h au Centre de diffusion Presse Papier (75, rue Saint-Antoine). L’exposition se poursuit jusqu’au 9 février.