Les multiples personnalités artistiques d’Élise Rivard

Enfant déjà, Élise Rivard aimait écrire, bien qu’elle croyait, à cette époque, qu’elle se dirigerait vers les sciences. Son goût pour la littérature s’est poursuivi au cégep et à l’université, mais après son baccalauréat, c’est plutôt le jeu théâtral qui l’a happée. Puis, la mise en scène. C’est finalement une curieuse idée de patate poilue qui l’a inspirée pour pondre son premier roman intitulé «L’arrivée inopinée de la patate poilue» en 2018.

Le titre fait sourire. C’est d’ailleurs ce qui lui est venu en premier, avant même l’histoire.

«On me demande souvent l’inspiration derrière le titre, mais je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce moment où j’ai eu un déclic. La patate fait partie d’un vieux gag. Enfant, quand on mangeait, il y avait toujours des patates. On mangeait du spaghetti et il y avait des patates en accompagnement, raconte Élise Rivard. Mon chat s’appelle patate poilue et quand j’ai à faire des tests de son, je dis «patate poilue». J’imagine que c’est une combinaison de tout ça.»

«Ce sont des flashs qui me viennent dans des moments écrans de veille, quand mon esprit navigue entre le conscient et l’inconscient», poursuit-elle.

Imaginaire éclaté!

Une fois le titre en tête, l’histoire a déboulé très rapidement. La littérature jeunesse s’est imposée par elle-même.

«Écrire un gros drame ne m’aurait pas ressemblé. Les gens qui me connaissent disent qu’ils reconnaissent mon humour dans le livre. J’aime pouvoir m’éclater dans l’imaginaire», dit celle qui se faisait bercer par les contes, particulièrement ceux d’Andersen et de Walt Disney, dans son enfance.

Pourtant, en dépit des idées qui s’agglutinaient, elle a laissé le projet dormir pendant trois ans. «Je suis bonne pour commencer des projets, mais j’ai de la difficulté à les finir», confie Élise Rivard.

Et puis, il y a aussi ce sentiment de l’imposteur qui la talonne. Et le doute. Car elle doute beaucoup, se remet souvent en question. C’est l’une de ses amies, enseignante, qui l’a aidée à faire un calendrier pour produire les 12 chapitres, à raison d’un par semaine.

Le saviez-vous?

Élise Rivard a remporté le Prix de littérature Gérald-Godin aux derniers Grands Prix culturels de Trois-Rivières pour son livre «L’arrivée inopinée de la patate poilue». Elle a également été finaliste à la soirée Arts Excellence de Culture Mauricie.

«Si je ne lui remettais pas mon chapitre à temps, je recevais une conséquence. Heureusement, je lui ai apporté mes chapitres à temps. Je pense que le fait s’avoir l’impression que quelqu’un attendait a fait en sorte que je me suis disciplinée, analyse-t-elle. J’aime commencer plein en choses en même temps (NDLR : elle a quatre livres en tête ces jours-ci) et il y a beaucoup de distractions partout. C’est tellement important de se structurer et de ne pas attendre l’inspiration. En suivant une formation, j’ai appris des trucs et des techniques de créativité. Ça devient comme de faire un jogging.»

Élise Rivard souligne qu’elle a peut-être abordé la création de ce premier roman avec une certaine naïveté. «Surtout dans l’humour, précise-t-elle, mais pour mon premier livre, j’avais envie de faire rire les jeunes. Peut-être parce que j’ai tant aimé lire étant jeune. Cependant, c’est très difficile d’écrire une bonne blague. Ma  directrice littéraire m’a aidée à adapter l’humour dans le texte pour l’ajuster au public. Le défi était là. J’ai aussi beaucoup réfléchi aux personnages. Je les ai vraiment travaillés. Tous les détails comptent.»

Le besoin de créer

Cela faisait déjà plusieurs années qu’elle travaillait comme comédienne à l’École nationale de police du Québec, à Nicolet, quand une chose l’a frappée: elle avait besoin de plus de création dans sa vie.

«J’ai arrêté d’écrire pendant un temps. J’avais des doutes sur mon talent d’artiste. La création a refait surface. La mise en scène m’a rattrapée avec Valérie Milot. On a connecté au niveau professionnel et on a créé le spectacle Orbis. On n’est pas tous des Xavier Dolan à connaître la gloire à 20 ans. Moi, c’est la quarantaine qui marque un tournant dans ma création artistique. Je veux encore créer à 90 ans.»

Élise Rivard admire, d’une certaine façon, les artistes qui s’ancrent dans une spécialité, mais elle sait que ce n’est pas pour elle. Elle est une artiste multidisciplinaire et a besoin de toucher à tout en matière d’art.

«Un aspect en nourrit un autre. souligne-t-elle.

Et des projets en tout genre, elle n’en manque pas! L’autrice collabore au recueil de nouvelles «Nouveaux mystères à l’école», pour lequel elle a été approchée, dont la sortie est prévue pour la rentrée littéraire de l’automne. Elle a également beaucoup d’idées pour un roman destiné aux adolescents. Élise Rivard aura d’ailleurs l’occasion de côtoyer des élèves du secondaire pour prendre le pouls des préoccupations des adolescents en 2020.

Elle sent aussi l’appel d’écrire pour les adultes, ainsi que du théâtre.

La metteure en scène continue également de travailler avec la harpiste trifluvienne Valérie Milot, entre autres sur un prochain spectacle qui combinera de nouveau les arts numériques à la musique classique.

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Chaque mois de l’année 2020, L’Hebdo Journal souhaite vous faire découvrir un artiste de la relève des arts de la scène, de la littérature (comme Élise Rivard), des arts visuels et du cinéma de la région. Cet entretien avec Élise Rivard est le premier de cette série.