Les hommes forts entrent au musée

EXPOSITION. Le Musée québécois de culture populaire retrace l’histoire et les grands moments des hommes forts du Québec à travers sa toute nouvelle exposition «En chair et en muscles: le phénomène des hommes forts québécois».

Cette nouvelle exposition accessible dès aujourd’hui répond à plusieurs questions: qui sont ces hommes forts québécois? D’où vient ce phénomène? Comment ont-ils marqué l’histoire et la culture populaire au Québec?

«Ça fait plusieurs années qu’on planche sur cette idée d’exposition. Nous sommes partis de l’idée qu’il y avait des hommes forts dans pratiquement toutes les régions du Québec, voire même tous les villages. Je pense que l’engouement envers les hommes forts est lié à l’identité. C’est dans les pays nordiques que l’on retrouve la plus grande concentration d’hommes forts, probablement de par le rapport à la nature également», souligne Yvon Noël, directeur du Musée québécois de culture populaire.

«Pour faire une carrière d’homme fort, ça prend des gens persistants, acharnés et déterminés. Ils ne sont pas que forts physiquement. Ils sont aussi intérieurement très forts», précise-t-il.

La force et les performances physiques hors de l’ordinaire ont été valorisées par le peuple dès la colonisation française. L’exposition fait d’ailleurs une belle place aux hommes forts du quotidien, ceux-là qui travaillaient la terre, les bûcherons et autres travailleurs du bois.

Cyr, Montferrand, Baillargeon et compagnie

Difficile, évidemment, de passer à côté des exploits de Jos Montferrand, de Jean-Baptiste Grenon dit «L’Hercule du Nord», des Baillargeon, du Grand Antonio et de l’incontournable Louis Cyr. On retrouve d’ailleurs le moule qui a servi au moulage de la sculpture de Louis Cyr qui se trouve à Montréal dans le quartier Saint-Henri. L’immense pièce siège en plein cœur de l’exposition en véritable pièce maîtresse.

L’exposition retrace également l’histoire de Modeste Mailhot, un mastodonte de 7 pieds et pesant 600 livres, un cultivateur et charpentier de Deschaillons, sur la Rive-Sud.

En chair et en muscles: le phénomène des hommes forts québécois fait aussi une place aux femmes fortes qui ont marqué l’histoire du Québec, dont Marie-Louise Sirois, qui a hérité du titre de femme la plus forte au monde, ainsi que la triste histoire d’Emilia Cyr, fille de Louis Cyr.

D’hier à aujourd’hui

Le phénomène des hommes forts a atteint son apogée à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Leurs exploits se manifestent lors de spectacles de variétés. Pour se démarquer, certains hommes forts proposent un lever particulier, soit d’utiliser différentes parties du corps pour lever des charges. Les visiteurs auront notamment l’occasion de voir un crochet buccal ayant servi à lever des charges très lourdes avec la bouche.

Encore aujourd’hui, le phénomène nourrit l’imaginaire collectif. L’homme fort québécois Hugo Girard assistait au lancement de l’exposition.

«À 12 ans, j’ai dit à ma mère que je voulais être le plus fort au monde, raconte Hugo Girard. Le défi a été de convaincre les gens que ma quête était honorable. C’est de changer la culture populaire de l’idée qu’avaient les gens de l’homme fort. La réputation des hommes forts a été malmenée. Je voulais être un professionnel au même titre qu’un athlète de hockey. Je suis très heureux d’avoir participé à cette exposition. C’est important de comprendre d’où tu viens, c’est-à-dire l’historique du phénomène des hommes forts. Il était temps qu’on ait une exposition là-dessus. J’espère que ça permettra que les hommes forts soient vus comme des athlètes et non comme des bêtes de foire.»

L’exposition En chair et en muscles: le phénomène des hommes forts québécois est présentée au Musée québécois de culture populaire jusqu’au 11 septembre 2016.