Le peintre du bonheur

ARTS VISUELS. C’est à l’âge de 17 ans que Normand Boisvert a décidé qu’il serait un artiste-peintre, envers et contre tous.  C’était en 1967. Il avait réalisé une œuvre sur le fond de carton d’une caisse de raisin, un peu à la manière de Van Gogh: des coups de pinceau francs, du relief, beaucoup de texture.

On retrouve cette œuvre et de nombreuses autres exposées au Musée Pierre-Boucher qui consacre toutes ses salles à la présentation d’une rétrospective des 50 années de création du peintre trifluvien.

Une œuvre réalisée à l’âge de 17 ans par Normand Boisvert.

«C’est ce tableau qui m’a révélé ce que j’étais. Je mettais déjà beaucoup de couleurs. Je suis fier de mon parcours. J’ai pu élever mes enfants avec mes tableaux. À 17 ans, je n’aurais pas imaginé que ça se rende si loin», confie le créateur dont on retrouve des mentions dans plusieurs livres et revues en Amérique du Nord et en Europe.

Seul garçon d’une famille de neuf enfants, Normand Boisvert a commencé à dessiner des portraits et des bandes dessinées dès son plus jeune âge. Il a beaucoup expérimenté avec de finalement trouver son style vers 1985 dans l’art figuratif, en mettant de l’avant des couleurs vives, des contrastes forts et un trait large et généreux.

D’ailleurs, l’exposition retrace bien l’évolution dans le style de l’artiste, de ses dessins plus anciens à sa phase pastel-gris, puis à son style actuel. L’éventail d’œuvres est varié dans cet amalgame de toiles anciennes et récentes: autoportraits, fleurs, natures mortes, paysages et dessins.

«Ce sont des styles que j’ai peu présentés par le passé. Je me compare à Picasso au niveau de l’énergie et de la couleur. Pour en arriver à ce style, j’ai notamment touché au cubisme et à l’art moderne. À 20 ans, j’ai tout essayé. Je remarque que l’art figuratif traverse bien le temps. Je suis beaucoup inspiré par le Groupe des sept, un regroupement d’artistes canadiens anglais. J’ai beaucoup appris en les regardant», raconte l’homme aux 10 000 œuvres.

De l’amour et du bonheur

Au-delà des paysages, c’est dans la vie, la couleur et la sérénité que Normand Boisvert tire son inspiration première, contrairement à de nombreux artistes qui se laissent porter par le spleen. Il y a de l’amour et du bonheur dans ses tableaux.

«Quand je peins, c’est positif. Je ne me vois pas peindre dans un environnement négatif. C’est arrivé avec le travail et la passion. Je suis encore le même gars qu’à 17 ans. Quand je me lève le matin, j’ai hâte de peindre. C’est juste du bonheur. Je veux peindre jusqu’à 100 ans», souligne-t-il.

Et il se tient en forme, car son énergie créatrice passe également par son énergie corporelle.

«Je fais beaucoup de grands tableaux maintenant. C’est de l’ouvrage physiquement. Il faut se tenir en forme. Je peins debout. Ça aide beaucoup. Je fais également du tai-chi. Je ne me sens pas limité par mon corps. Mais le jour où la création ne sera plus là, j’arrêterai. Encore aujourd’hui, j’ai le feu plus que jamais.»

Au cours de ses 50 ans de carrière, Normand Boisvert a eu d’importantes expositions à travers le Canada patronnées par la Maison de la Francophonie. Il a exposé dans plusieurs galeries au Canada, aux États-Unis et en Europe.

Retour aux sources

Avec le temps, Normand Boisvert assume davantage son coup de pinceau, au fur et à mesure qu’il a pris confiance en son talent. Il voit que son art continue d’évoluer, même après 50 ans de carrière.

«Je remarque que je deviens de plus en plus cubiste. J’ai fait de grandes toiles cubistes à la Picasso quand j’avais 20 ans. Plus ça va aller, plus mes tableaux seront épurés, mais avec de gros coups de pinceaux. C’est un retour aux sources, en quelque sorte. Le paysage va peut-être changer un peu. Les contrastes seront plus forts. Plus je vieillis, plus je suis sûr de moi. Je n’ai plus rien à prouver, ni même à moi. Je veux continuer de faire carrière et vivre de mon art, c’est certain, mais c’est aussi de peindre tout simplement parce que j’aime ça», conclut-il.

Rétrospective: 50 ans de création | Musée Pierre-Boucher | Jusqu’au 11 novembre

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Le saviez-vous?

Coïncidence ou pas: Normand Boisvert partage la même date de naissance que le célèbre peintre Auguste Renoir.