Le livre qui a réuni deux amies d’enfance

Un projet d’écriture de livres pour enfants a permis à deux auteures de la région de se retrouver. Grandes amies lorsqu’elles étaient petites, elles s’étaient perdues de vue… jusqu’à ce que la littérature les réunisse. 

Louise Lacoursière et Louise St-Onge se sont connues à Shawinigan vers l’âge de 8 ans alors qu’elles étaient des amies d’école. En 2011, un projet commun d’écriture leur a permis de retrouver cette belle complicité d’autrefois avant que le cancer emporte Louise St-Onge, le 31 janvier.

«Toute cette histoire a commencé en 2004, raconte Louise Lacoursière. Ma petite-fille Cassandra avait 12 ans à l’époque. Elle m’avait dit que, si un jour j’écrivais un livre pour enfants, elle voudrait l’illustrer. Ce n’était vraiment pas dans mes projets dans ce temps-là, mais je n’ai jamais oublié ce qu’elle m’avait dit. Puis, elle est partie vivre en Ontario.»

Sept ans plus tard, en 2011, Mme Lacoursière se lance dans l’écriture d’un livre destiné aux enfants. Elle recontacte alors sa petite-fille pour lui demander si elle est toujours intéressée à mettre des images sur ses mots. Cette dernière lui répond que oui.    

«J’écris donc une histoire mettant en vedette une petite Cassie, pour lui rendre hommage. Je fais lire le livre à ma sœur, qui connaît Louise St-Onge et qui me dit qu’elle serait sûrement intéressée à lire mon histoire. Louise, c’était ma grande amie quand j’étais enfant. Je l’ai perdue de vue quand j’avais environ 13 ans, mais elle a été ma première vraie amie. C’est elle qui m’a montré le sens de l’amitié et l’importance de l’amitié», confie Mme Lacoursière.

De belles retrouvailles

Le livre de cette dernière se retrouve donc entre les mains de son amie d’enfance. Puis, des retrouvailles ont lieu. «Quand on se rencontre, Louise me dit que je suis en train de réaliser son rêve d’écrire des livres pour enfants, se souvient Mme Lacoursière. C’était en 2011. Louise me fait remarquer que j’exploite plusieurs valeurs dans mon livre, dont celle de l’amitié et de l’entraide. Elle m’expliquait que les enfants n’ont plus de cours à l’école où on leur enseigne les valeurs. Étant elle-même enseignante, elle me donnait tous ses trucs pour enseigner les valeurs aux enfants.»

Et c’est à ce moment que l’étincelle survient. Mme Lacoursière propose à son amie d’être coauteure de ce livre et d’écrire avec elle les autres tomes d’une série de douze. «On a mis Cassandra à contribution pour les dessins, précise Mme Lacoursière. Il y a un personnage magique qui revient dans toutes les histoires et c’est Bilouca, dessiné par Cassandra. C’est le lien qui unit toute la série.»

Pressées par le temps

Quelque temps plus tard, Louise St-Onge reçoit un diagnostic de cancer au moment où l’écriture du deuxième livre venait d’être terminée. «On n’avait pas encore approché d’éditeur à l’époque parce qu’on voulait attendre de peaufiner notre affaire, explique Mme Lacoursière. Le projet a été mis sur la glace jusqu’en 2016 parce que Louise combattait un cancer et qu’on s’était fait opérer toutes les deux aux hanches. Mais, un moment donné, je me suis dit qu’il fallait qu’on s’y remette, qu’il fallait qu’il se passe quelque chose avec ce projet-là.»

Mais voilà qu’à l’automne 2016, Louise St-Onge apprend qu’elle a un autre cancer. Le sentiment d’urgence de voir aboutir le projet est plus présent que jamais. Le 9 décembre, lors d’un souper avec des auteurs, Mme Lacoursière rencontre Nancy Godbout des éditions Le Point Bleu.

«Elle me dit qu’elle écrit et qu’elle édite des livres pour enfants, raconte Mme Lacoursière. Je lui parle de mon projet avec Louise. Je lui envoie le manuscrit. Elle est enchantée. Le 9 janvier, on est prêtes à signer le contrat d’édition. Je parle avec Cassandra et je lui demande si ça lui ferait beaucoup de peine si on prenait un illustrateur professionnel, mais je lui dis qu’on conserverait son Bilouca dans tous les livres et qu’on indiquerait qu’elle a été la bougie d’allumage de ce projet-là.»

Avec l’accord de sa petite-fille, le mandat pour les illustrations est confié à Nadia Berghella. «Louise était très malade au moment de la signature du contrat, se rappelle Mme Lacoursière. J’ai eu de la misère à la reconnaître tellement elle était amaigrie. Mais elle était encore tellement allumée par le projet. Ça l’a maintenue dans une joie jusqu’à la fin sachant que ça allait être publié.»

Une aventure qui se poursuivra

Louise St-Onge est décédée quelques jours plus tard, soit le 31 janvier. Sur son signet funéraire, on y voit Bilouca tel que Cassandra l’avait dessiné pour la première fois, plusieurs années auparavant.

Quant à la série de livres, le premier d’entre eux sortira en septembre. Il s’adresse aux enfants de 5-6 ans et s’intitule «Bilouca aux pays des castors, une aventure de Cassandra et Mathis». Pour la suite des choses, Mme Lacoursière poursuivra l’écriture des autres tomes. «Louise m’a légué un cartable de notes pour les prochaines histoires. Je viens tout juste de revenir de voyage, alors je vais en prendre connaissance dans les prochains jours. Je me servirai de ses notes et ce sera comme si elle écrira avec moi», conclut Mme Lacoursière.